Mode Opératoire

Sommaire du chapitre : Mode Opératoire

Tri préalable

Ce tri préalable est extrêmement important. Il ne faut pas le sous-estimer et il doit être fait très consciencieusement, aussi bien d’ailleurs avant le débrutage qu’avant la taille.

Les pierres venant du débrutage doivent, en effet, être triées selon les catégories suivantes : dodécaèdres de forme bien ronde – octaèdres – pierres ayant des défauts internes – pierres ayant des défauts externes – pierres plates – pierres épaisses. Certains ateliers font même un tri plus poussé.

Différentes gauge du tailleur pour le contrôle des angles
Différentes gauge du tailleur pour le contrôle des angles
Trinoculaire de Matrix pour l’étude des inclusions
Trinoculaire de Matrix pour l’étude des inclusions

Les pierres présentant des fêlures internes importantes sont à éliminer car elles peuvent se briser pendant la taille.

Etude de la structure
Etude de la structure
Plusieurs étapes de la taille d’un brillant
Plusieurs étapes de la taille d’un brillant

Positions de la pince

Comme nous l’avons déjà vu, le dop fixé à la tête de la pince peut prendre différentes positions qu’on peut comparer à celles d’une rose des vents. Tout l’art du spécialiste consiste à les utiliser à bon escient selon la forme du diamant et les facettes qu’il désire lui donner.

Ces positions s’énoncent la pince tenue verticalement, le dop en haut et faisant face à l’observateur. En les lisant dans le sens des aiguilles d’une montre, les différentes positions de la pince sont les suivantes :

Mise au point de la pince

Le meilleur moyen pour mettre au point la pince sur le plateau est de le faire avec un octaèdre scié.

Tout d’abord, il faut mettre de niveau, les uns par rapport aux autres, la pince, la glissière et le disque si on veut obtenir un travail précis, faute de quoi, en allant de la zone de taille du disque vers la zone de polissage, une deuxième facette indésirable pourrait se former sur la facette en cours d’exécution.

Pour tailler en croix, on mettra la pince en position en dedans et le réglage se fera sous un angle de 42°, ce qui permet une rectification ultérieure. Quand les trois-quarts de la facette sont taillés, on mesure si l’inclinaison donnée est bonne. Puis, en tournant la pince en position en dehors, on continue à tailler la même facette : neuf fois sur dix, on constatera la présence d’une petite facette supplémentaire soit à droite, soit à gauche de la facette taillée. Cela signifie que le réglage de la pince n’est pas bon et qu’il faut monter la patte de gauche de la pince ou descendre la patte droite si la facette supplémentaire est à gauche et vice-versa.

On recommence l’opération en revenant en position en dedans et cela peut être renouvelé autant de fois que nécessaire jusqu’au moment où le résultat est parfait, c’est-à-dire qu’il ne se forme plus de facette supplémentaire. Si la facette s’est formée un peu trop vers le rondiste, on doit descendre les deux pattes simultanément. Si, par contre, on taille trop vers la colette, on remonte les deux pattes ou on les descend suivant la position de la tête. Tout cela demande un peu d’expérience bien que ce ne soit pas très difficile. Ces manœuvres s’apprennent d’ailleurs rapidement.

Désignation des positions de taille que peut prendre la pince
Désignation des positions de taille que peut prendre la pince
Préparation à la taille de la première facette
Préparation à la taille de la première facette
Mise au point de la pince sur la meule : A : si une facette supplémentaire s’est formée à gauche il faut descendre le pied droit et/ ou monter le pied gauche, B: si une facette supplémentaire s’est formée à droite il faut descendre le pied gauche, C: si une facette supplémentaire s’est formée en haut, monter les deux pieds, D: si une facette supplémentaire s’est formée en bas, il faut descendre les deux pieds, E: si une facette supplémentaire s’est formée en travers il faut monter ou descendre un des pieds puis les deux ensemble
Mise au point de la pince sur la meule : A : si une facette supplémentaire s’est formée à gauche il faut descendre le pied droit et/ ou monter le pied gauche, B: si une facette supplémentaire s’est formée à droite il faut descendre le pied gauche, C: si une facette supplémentaire s’est formée en haut, monter les deux pieds, D: si une facette supplémentaire s’est formée en bas, il faut descendre les deux pieds, E: si une facette supplémentaire s’est formée en travers il faut monter ou descendre un des pieds puis les deux ensemble

Une fois la pince réglée, il n’y a plus rien à changer à moins d’avoir à travailler des pierres fort différentes comme cela pourrait arriver en passant, par exemple, de la catégorie des 20 pierres par carat à celle des 4 pierres par carat. Dans ce dernier cas, on monte simultanément les deux pattes de la pince, mais avant de le faire, il est bon de repérer le précédent réglage pour ne pas avoir à le refaire.

Conseils pratiques

  • Pour faciliter l’alignement des facettes de couronne et de culasse par rapport au rondiste, tracer une ligne sur la bande débrutée à l’aide d’un marqueur pour rondiste (il laisse une trace cuivrée), parallèle à la table et à la hauteur du plus long pavillon naturel. Faire bouillir ensuite la pierre dans un mélange de borax et d’eau afin de protéger le rondiste et empêcher la pierre de « brûler ».
  • Veiller à ce que tous les coins de couronne et de culasse soient parfaitement alignés par rapport au rondiste et bien l’un au-dessous de l’autre.
  • En présence de pierres trop plates, toujours laisser du « naturel » (brut non taillé) à la colette.
  • Ne jamais mettre une pierre ayant une bande débrutée convexe dans un pot : elle risque de s’en échapper ou bien la table peut être écaillée.
  • Prendre soin, en plaçant une pierre dans un pot de dop, que la table repose bien à plat dans le fond du pot sinon les coins taillés n’auront pas tous la même inclinaison par rapport à la table. On ne doit voir aucun jour entre la table et le fond du pot. Il faut être attentif à ce que la tige de cuivre mou du dop n’ait pas été courbée par inadvertance.
Marqueur classique du rondiste par Rubin
Marqueur classique du rondiste par Rubin
Marqueur de rondiste au laser par Lexus
Marqueur de rondiste au laser par Lexus
Variation de la grandeur d’une colette
Variation de la grandeur d’une colette
Différentes proportions dans la taille brillant, A – bonnes proportions, B – trop étendue, C – trop épaisse
Différentes proportions dans la taille brillant, A – bonnes proportions, B – trop étendue, C – trop épaisse

La réflexion lumineuse dépend des proportions de la taille : A – bonnes proportions, réflexion maximale. B – pierre trop plate (table étendue), mauvaise réflexion, la table produit un effet d’œil de poisson. C – pierre trop épaisse (petite table) un effet métallisé donne une impression de « pierre morte » sans éclat.

La réflexion lumineuse dépend des proportions de la taille : A – bonnes proportions, réflexion maximale. B – pierre trop plate (table étendue), mauvaise réflexion, la table produit un effet d’œil de poisson. C – pierre trop épaisse (petite table) un effet métallisé donne une impression de « pierre morte » sans éclat.
Sarin DiaExpert pour l’étude du brut et des proportions du taillé selon les diférents laboratoires
Sarin DiaExpert pour l’étude du brut et des proportions du taillé selon les diférents laboratoires
Scanner permettant l’étude du brut tout en tenant compte des creux et des déchirures externes, par Ogi
Scanner permettant l’étude du brut tout en tenant compte des creux et des déchirures externes, par Ogi

Nettoyage et tri

Après la taille, les lots de pierres terminées sont mis à bouillir dans de l’acide sulfurique afin de les nettoyer parfaitement. Les pierres sont ensuite triées suivant leur grandeur, leur couleur, leur pureté et la qualité de la taille.

Du fait que chaque pierre subit un travail presque entièrement manuel, il est normal que chaque ouvrier ait une qualité de finition différente que l’on juge selon certains critères. Le plus important est que chaque facette soit polie comme un miroir et si l’une d’elles présente encore une fine ligne de taille, il faut l’éliminer, sinon la pierre aura une moindre valeur. Ce défaut est fréquent avec les marchandises très bon marché venant de l’Inde.

Il est non moins important que toutes les facettes aient de bonnes proportions, qu’elles soient à leur place précise et que leurs angles soient respectés. Les facettes de couronne doivent correspondre avec celles de la culasse et, dans le brillant en particulier, elles doivent se toucher et non pas s’entrecroiser. Le rondiste doit être régulier et bien proportionné, ni trop fin, ni trop gros et surtout, ce qui est encore plus grave, ne pas être « coupé » ce qui lui donne l’aspect d’un parapluie.

Toute pierre qui ne respecte pas ces normes doit être réparée ou retaillée.

© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager