Inde

Sommaire du chapitre : Inde

Ce pays a détenu, depuis l’Antiquité jusqu’au XVIIIe siècle, le quasi-monopole de la production du diamant, vous pourrez entre autre découvrir son histoire dans cette page du Grand-Guide, sur les Histoires et légendes du diamant

Il y était considéré comme un cadeau des dieux et il n’est donc pas surprenant que les plus anciennes statues en soient parées. Le centre du négoce était Golconde. Les endroits où on trouve du diamant sont très nombreux et peuvent être divisés en trois grands groupes :

  • Le groupe nord, dans la province de Bundelkhand, avec Panna comme centre ;
  • Le groupe est, délimité au sud par Sampur et la rivière Mahanadi ;
  • Le groupe sud, délimité au sud par la rivière Penner et au nord par la rivière Go-dawery jusqu’à l’est de Tellanadu.

Dans toutes ces régions, les cristaux de diamant extraits se présentent dans des conglomérats de pierres et de sable où ils sont encore enfermés. Beaucoup sont découverts dans les dépôts silico-calcaires des rivières. Dans les régions du nord, plusieurs sites furent exploités au début de ce siècle dans les environs de Naudial, Banagampilli et Kamul. La couche des conglomérats varie ici de 10 à 60 centimètres d’épaisseur.

Dans chaque mètre cube de terre, on trouve environ un tiers de carat en diamant. Les cristaux sont de bonne qualité, libres de toute inclusion et leur forme est souvent délicate et jolie.

Golconde, ruines et vestiges d’un centre des pierres précieuses
Golconde, ruines et vestiges d’un centre des pierres précieuses
Triage du gravier dans la région de Panna
Triage du gravier dans la région de Panna

Le célèbre diamant « Koh-i-Noor » fut découvert au XVIe siècle dans les mines de Kollur et le fameux « Régent » dans les environs de la mine Partial. Au nord du fleuve Kistnak, non loin des villages de Gondapilli et de Golapilli, se trouvent les carrières de Panna d’où l’on a extrait des diamants de couleur bleu intense. Les formes des cris-

taux sont très variées : cube, octaèdre, pyramide aux arêtes et faces très arrondies en raison de leur séjour en rivière.

La production totale des diférents champs diamantifères exploités s’élevait à environ 10 millions de carats, mais il ne s’agit que d’une probabilité car ces chifres sont basés sur les données des concessions et des sociétés exploitantes.

Principales mines : Bundelkhand, Kollur, Cange, Mahanadi, Panna.

Actuellement, de nouvelles prospections sont en cours. La mine de Madya-Pradesh Panna produit 14 carats de diamant pour 100 tonnes de minerai diamantifère. La région de Baganapalle Raheria dans l’Andhra Pradesh ne produit, quant à elle, que 2 carats pour 100 tonnes.

Première source historique du diamant, l’Inde revient dans l’actualité. La région de Madhya Pradesh ofre en dehors des rubis, des chrysobéryls, des grenats pyrope et almandin, des aigues-marines, de l’améthyste, de la tourmaline, du diamant.

La couleur des diamants varie d’incolore à jaune et brun, des pierres de 100 par carat à plus de 9 carats et 50 % des diamants est de qualité joaillerie.

Les sites kimberlitiques sont à Panna et dans la région de Tokapal. Les diamants sont vendus régulièrement aux enchères par la National Development Corporation. Mais on a trouvé aussi du diamant dans l’Andhra Pradesh.

Golconde, un centre de production ou le cofre-fort des Maharajahs? On parle d’un rubis birman de la vallée de Mogok ou de l’émeraude de Muzo ou le saphir du Cachemire. Lorsqu’on aborde le sujet du diamant, un nom historique revient à la mémoire: Golconde, entouré de romantisme, avec les trésors des princes d’orient, les contes des milles et une nuits etc. Il est le symbole de la perfection de la pierre « lumineuse et d’une transparence exceptionnelle ». Avant la découverte de l’Amérique du Sud et principalement des champs diamantifères du Brésil, l’Inde a été la seule source de diamants bruts, d’où venaient les diamants historiques et fabuleux tels que le Koh-I-Noor, le grand Mogol etc. évoqués dans les récits de Jean Baptiste Tavernier.

Lors de ces six voyages entre 1630 et 1668, le joaillier Tavernier rapporta plusieurs pierres historiques et a pu en admirer bien d’autres. Mais Golconde fut surtout une forteresse où les diamants et pierres précieuses trouvés dans la région furent mis en sûreté.

Premier producteur historique, les mines de Golconde font encore rêver. Jean Baptiste Tavernier, le grand voyageur, nous donne pour la première fois une description des principales mines des Indes en cette époque où l’Inde était la seule productrice importante de diamants.

Tavernier nous raconte :

La première des mines où je fus est sur les terres du roi de Visapour, dans la province de Garnatica, et le lieu s’appelle Raolconda, à cinq journées de Golconde, et à huit ou neuf de Visapour. Comme ces deux rois de Golconde et de Visapour ont été autrefois sujets du Mogol, et gouverneurs des mêmes provinces qu’ils se sont appropriées par leur révolte, c’est ce qui a fait dire encore à quelques gens, que les diamants viennent des terres du Grand-Mogol. Il n’y a que deux cents ans environ que cette mine de Raolconda est découverte, selon que je l’ai pu apprendre de ceux du pays.

Tout autour du lieu où se trouvent les diamants la terre est sablonneuse, et pleine de roches et de taillis, à peu près comme aux environs de Fontainebleau (en 1650). Il y a dans ces roches plusieurs veines, tantôt d’un demi-doigt de large, et tantôt d’un doigt entier, et les mineurs ont des petits fers crochus par le bout, lesquels ils fourrent dans ces veines pour en tirer le sable ou la terre qu’ils mettent dans des vaisseaux, et c’est ensuite parmi cette terre qu’on trouve les diamants. Mais parce que ces veines ne vont pas toujours droit, et que tantôt elles montent tantôt elles baissent, ils sont contraints de casser ces roches, en suivant néanmoins toujours la trace des veines. Après qu’ils les ont toutes ouvertes, et qu’ils ont ramassé la terre et le sable qui y pouvait être, alors ils se mettent à les laver par deux ou trois fois, et cherchent parmi cette terre ce qu’il peut y avoir de diamants. C’est à cette mine où se trouvent les pierres les plus nettes, et les plus blanches d’eau; mais le mal est que pour tirer plus aisément le sable de ces roches, ils donnent de si grands coups d’un gros levier de fer que cela étonne le diamant et y met des glaces. C’est ce qui fait qu’on trouve à cette mine quantité de pierres faibles ; car dès que les mineurs voient une pierre où la glace est un peu grande, ils se mettent à la cliver, c’està-dire à la fendre, à quoi ils sont beaucoup plus stylés que nous. Ce sont les pierres que nous appelons faibles, et qui sont de grande montre. Si la pierre est nette, ils ne font que la passer dessus et dessous sur la roue, et ne s’amusent point à lui donner de forme de peur de lui ôter de son poids. Que s’il y a quelque petit sable noir ou rouge, ils couvrent toute la pierre de facettes, afin qu’on ne voie point les défauts qu’elle a ; et s’il y a quelque glace fort petite, ils couvrent cela de l’arête de l’une des facettes. Mais il faut remarquer que le marchand aimant mieux un point noir dans une pierre, qu’un point rouge, quand il y a un point rouge, on brûle la pierre et il devient noir.

Il y a à cette mine quantité de diamantaires, et chacun n’a qu’une roue qui est d’acier et à peu près de la grandeur ordinaire de nos assiettes. Ils ne mettent qu’une pierre sur chaque roue (ce qu’ils ne font plus actuellement)

et arrosent incessamment la roue avec l’eau jusqu’à ce qu’ils aient trouvé le chemin de la pierre 2. Le chemin étant trouvé, ils prennent de l’huile et n’épargnent pas la poudre de diamant (comme étant à grand marché) pour faire courir la pierre plus vite, et ils la chargent aussi bien plus que nous ne faisons.

À sept journées de Golconde, tirant droit au levant, il y a une autre mine de diamants appelée Gani dans la langue du pays et Coulour en langue persane. Elle est proche d’un gros bourg où passe la même rivière que je traversai en venant de l’autre mine, et a une lieue et demie du bourg, il y a de hautes montagnes qui font une forme décroissant. Cet espace qui est entre le bourg et la montagne est une plaine où l’on mine et où l’on trouve le diamant. Plus on cherche en tirant vers la montagne, plus on trouve de grandes pierres, mais quand on monte trop haut, on ne trouve plus rien.

Je viens à la troisième mine, qui est la plus ancienne de toutes, et dans le royaume de Bengale. On lui peut donner le nom de Soumelpour, qui est un gros bourg proche duquel on trouve des diamants, ou plutôt le nom de Gouel, qui est la rivière dans le sable de laquelle on les découvre. Les terres par lesquelles cette rivière a son cours appartiennent à un rajah qui d’ancienneté a été tributaire du Grand-Mogol, s’étant retiré de son obéissance pendant les guerres qu’il y avait entre Schah-Gehan et Gehan-Guir son père.

Soumelpour est un gros bourg, dont les maisons ne sont faites que de terre et ne sont couvertes que de branches de cocos. Le rajah demeure à mi-côte du bourg, et son logement est sous des tentes, dressées sur une belle éminence. Le Gouel passe au pied, et c’est dans cette rivière qu’on trouve des diamants. Elle vient des hautes montagnes qui sont du côté du midi, et va perdre son nom dans le Gange.

En 1994, la De Beers demande une autorisation de prospection et commence l’exploration en 2001 avec des bureaux de représentation à Mumbai, New Delhi et Bengalore. La prospection a commencé dans l’Andra Pradesh, Karnataka, Chhattisgarth, Orissa, Madhya Pradesh et Uttar Pradesh. Actuellement 32 nouveaux sites kimberlitiques ont été découverts. La firme Hindustan (joint-venture entre le Gouvernement Hindou et la De Beers) possède des intérêts dans la De Beers India Ltd, ce qui démontre l’intérêt du gouvernement dans l’exploitation minière du pays.

© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager