Le petit outillage du diamantaire

Sommaire du chapitre : Le petit outillage du diamantaire

En dehors du matériel spécifique utilisé à chaque étape de la taille du diamant, un certain nombre de petits outils auxiliaires s’avèrent nécessaires pour suivre et contrôler le travail.

La loupe est l’instrument primordial par excellence. Son usage s’impose pour le tri, l’étude des pierres, le sciage, le débrutage, le polissage, etc.

Pour le tri, comme pour l’examen d’une pierre brute ou taillée, on emploie généralement une loupe de grossissement 6X dont il existe toute une gamme sur le marché. Elle doit être achromatique et aplanétique. Si on doit étudier les défauts d’une pierre, il est préférable de choisir une loupe de grossissement x 10.

La monture est habituellement métallique, chromée ou non, et repliable. Les loupes de ce type, les plus récentes, comme la loupe hexagonale Rubin, ont une très grande luminosité. Il est important de bien savoir tenir une loupe quand on examine un diamant. Les coudes et les avant-bras doivent être bien appuyés sur la table ou reposer sur son rebord. La loupe est placée le plus près possible de l’œil et il est essentiel de garder les deux yeux ouverts pour éviter toute fatigue visuelle. Tenue entre le pouce et l’index, elle permet au petit doigt de rester libre et de prendre appui contre la main qui tient les brucelles. Cette position permet de faire tourner lentement la pierre pour en examiner le rondiste ou toute autre partie. L’observation doit se faire de préférence sur fond blanc, l’éclairage étant placé le plus près possible de l’objet à examiner.

Loupe binoculaire frontale pour le triage du brut 3X ou plus
Loupe binoculaire frontale pour le triage du brut 3X ou plus
Loupe de diamantaire classique, 10X
Loupe de diamantaire classique, 10X
Comment observer à la loupe une pierre taillée
Comment observer à la loupe une pierre taillée

La loupe de table, de grossissement x 6 à x 10, est d’une très grande utilité pour le tri des petites pierres 8⁄8 et des petits brillants. En laissant les deux mains libres, elle permet d’améliorer de beaucoup le marquage des pierres, ce qui est appréciable pour les petites marchandises qui doivent être travaillées en grandes quantités.

Duo Gem Tester

Manière de tenir une loupe : le coude (1) prend appui sur la table, le petit doigt (2) s’appuie sur la main gauche ou contre la pince (4), la loupe (3) est le plus près possible de l’œil, les deux yeux restant ouverts

Manière de tenir une loupe : le coude (1) prend appui sur la table, le petit doigt (2) s’appuie sur la main gauche ou contre la pince (4), la loupe (3) est le plus près possible de l’œil, les deux yeux restant ouverts
La pelle essentielle et le plateau de triage
La pelle essentielle et le plateau de triage

La loupe frontale binoculaire, grossissant de deux, trois à cinq fois, est excellente pour le tri préliminaire car elle permet de l’effectuer plus rapidement comme, par exemple, quand il faut évaluer un lot de brut. Elle est également fort appréciée pour le sertissage des pierres à scier, pour compter les petites pierres et on l’emploie beaucoup dans le tri des pierres taillées et pour la classification des couleurs.

Pinces aux extrémités en caoutchouc
Pinces aux extrémités en caoutchouc
Binoculaire G.I.A.
Binoculaire G.I.A.
IGIscope
IGIscope
La loupe du scieur et son emploi
La loupe du scieur et son emploi

La loupe du scieur est maintenue par un collier métallique qui met la lentille à l’abri d’un contact possible avec la scie en mouvement. On la tient, la main prenant appui sur la machine. De cette manière, les rayons lumineux qui peuvent gêner la vue sont partiellement éliminés. Pour le sciage, une loupe de grossissement x3 est suffisante, bien qu’il existe des loupes de plus fort grossissement pouvant aller jusqu’à x8.

La loupe du tailleur de diamant est un peu différente. Sa monture, en cuivre ou en métal chromé, est pliable. Sa conception permet de la poser sur la table de polissage, sans aucun risque pour la lentille. Elle a généralement un grossissement de x6 à x10.

Le microscope stéréoscopique est de plus en plus employé pour l’étude des pierres, bien que son principal domaine d’utilisation soit l’expertise, il est actuellement présent dans tous les ateliers de sciage et de taille. Il existe plusieurs microscopes :

  • Du GIA (Gemmological Institute of America), de l’HRD avec une petite pompe qui suce la pierre dans un support sous le microscope et qui permet une rotation dans tous les sens. Les nouveaux modèles ont une illumination led qui donne une luminosité spectaculaire.
  • Des microscopes allemands (Leitz ou Eickhorst), des microscopes japonais comme Olympus ou celui du laboratoire IGI.

L’important est la luminosité et le champ mais il est donc à conseiller à celui qui veut faire l’acquisition d’un microscope de faire des essais avec les différents modèles. La pince qui retient la pierre diffère aussi d’un microscope à l’autre. Par contre, on peut également employer un « Potter master », outil très stable qui permet la rotation de la pierre aussi dans tous les sens.

Microscope Strobocope de Nossigem pour le triage des petites pierres qui glissent sous le microscope dans une petite goutière
Microscope Strobocope de Nossigem pour le triage des petites pierres qui glissent sous le microscope dans une petite goutière
Le tamis en action. Outil indispensable lors du tri des pierres
Le tamis en action. Outil indispensable lors du tri des pierres

On peut aussi monter des filtres de polarisation sur certains microscopes (Olympus), ce qui est fort important pour étudier la tension dans les pierres.

Les pincettes brucelles

Les pierres sont tenues à l’aide de brucelles qui doivent être choisies aussi fines que possible, ce qui permet de tenir même les très petites pierres. Il en existe de très nombreux modèles : droites, obliques, croisées, avec ou sans système de blocage. On peut les choisir pas trop courtes et de préférence chromées, ce qui en rend l’emploi plus facile, ou bien noires afin de ne pas altérer la couleur des pierres à examiner. Les brucelles dorées sont à éliminer en raison des reflets colorés qu’elles provoquent. Habituellement, les brucelles à pointes très fines servent pour les 8⁄8 et les très petits cristaux, celles à pointes fines pour les mêlées et celles dont les pointes sont moyennes, pour les pierres brutes et les grosseurs (pierres de plus d’un carat).

L’emploi du tamis se justifie à tout moment, depuis le sciage jusqu’au polissage et même pour la vente. Il est indispensable pour le sciage car il faut calibrer les pierres. Les bijoutiers et les fabricants de bijoux en ont également besoin pour calibrer les pierres nécessaires à l’exécution de leurs travaux. Le tamis est un cylindre de métal chromé dans lequel on place des disques percés de trous ; chaque disque a des trous de même diamètre correspondant à une grosseur de pierre bien déterminée. En frappant légèrement le tamis dans lequel ont été introduites des pierres de grandeur variée, on trie très rapidement celles qui répondent à la grosseur désirée. Il y a toujours une échelle de grandeur auprès d’un set de tamis. Les pierres trop petites tombent au travers du tamis, les plus grosses restent. Il est ainsi possible de monter plusieurs tamis à la fois et obtenir différents classements.

En présence de grandes quantités de pierres à trier, l’emploi d’un vibrateur électrique permet un gain de temps appréciable. Bien que peu employé dans les ateliers, il existe un tamis spécial pour la poudre de diamant, tamis qui devrait être indispensable parce qu’à l’occasion du concassage, il permet de trier une poudre de bon calibre, ni trop fine, donc sans mordant, ni mélangée d’éclats trop gros qui seront perdus, par exemple, lors de leur emploi sur le plateau de polissage.

Utilisation du tamis, vue du dessus
Utilisation du tamis, vue du dessus
Le mortier ouvert
Le mortier ouvert

Ce concassage se fait à l’aide d’un broyeur à main, ou mortier. Il est constitué d’un cylindre métallique à l’intérieur duquel on verse les déchets et morceaux de diamant et dans lequel on introduit un bloc métallique cylindrique muni d’une tige. En frappant régulièrement et à bonne cadence sur la tige, on réduit déchets et morceaux en poudre de diamant. Un tamis très fin permet de retenir les morceaux qu’il faut encore concasser. Certains broyeurs sont équipés d’un moteur électrique qui, par un système de came, rend le concassage automatique. Dans beaucoup d’ateliers, cette corvée est encore manuelle et, la plupart du temps, réservée aux apprentis.

Les calibres

Les calibres existent en différents modèles. Ils sont indispensables pour mesurer le diamètre des pierres brutes afin de déterminer quelle sera la plus grande table à prendre, la profondeur de la colette, etc. Ils sont utiles à tous les stades de la taille. Ils rendent également service dans l’estimation de la grosseur des pierres taillées et montées. Dans ce cas, ils sont souvent accompagnés d’un tableau d’estimation (Voir tableau en annexe).

Gauge manuelle, pour les diamants polis
Gauge manuelle, pour les diamants polis
Gauge électronique
Gauge électronique
Contrôle des angles à l'aide du calibre
Contrôle des angles à l’aide du calibre

Il y a des calibres fixes pour comparer les angles de 40 et 41° ou de 39 à 42°. D’autres ont un index mobile pour la lecture des angles allant de 20 à 90°. Ils servent à mesurer les angles des facettes en cours d’exécution ou ceux des pierres taillées. La comparaison des angles d’une facette ou d’un diamant taillé se fait en vérifiant s’il y a coïncidence parfaite entre ces angles et ceux du calibre. Certains calibres sont magnétiques afin de pouvoir les fixer sur la tête des pinces. Le micromètre est indispensable pour contrôler l’épaisseur des lames de scie et pour mesurer avec précision les dimensions d’une pierre. Non moins indispensable est la balance à carats, utile dans tous les ateliers pour suivre les opérations de taille et pour le négociant.

La plus classique, mais aussi la plus ancienne, est assurément le petit trébuchet à main. Il est très valable en voyage, à condition de ne pas avoir à effectuer de multiples pesées qui risquent de provoquer des crampes au bras. La même balance, un peu plus grande, tenue par un support incorporé dans le boîtier est bien plus pratique. Sa précision est de l’ordre de 1⁄100e de carat.

Il en existe de très robustes qui ne craignent ni les variations de chaleur ou d’humidité, ni les vibrations. Il suffit de les dépoussiérer de temps à autre. À côté de ces balances portatives, on trouve une grande variété de balances électriques, fixes, robustes, maniables, pratiquement inusables et pouvant peser des lots jusqu’à 5 000 carats, mais celles-ci vont disparaître. La nouvelle génération est électronique. Leur mise au point, avant pesée, est très rapide et leur précision atteint le 1⁄1000e de carat, soit 1⁄10e de point. Placer les balances fixes sur un socle en marbre, est préférable à toute autre solution, car ce matériau absorbe les petites vibrations.

On colle quatre plaques de marbre de ± 0,30 x 1,50 m afin d’obtenir un socle sur une dalle que l’on remplit de gravier ou de sable avant d’y fixer un plateau aussi en marbre qui servira pour placer la balance.

Les balances électroniques deviennent de plus en plus petites. Certaines ont la grandeur d’un paquet de cigarettes tout en restant fiables.

Balance électronique Sartorius
Balance électronique Sartorius
Balance électronique portative jusqu’à 100 carats avec une précision de 1 point ou jusqu’à 50 carats avec une précision de 1/1000e
Balance électronique portative jusqu’à 100 carats avec une précision de 1 point ou jusqu’à 50 carats avec une précision de 1/1000e

L’usage du polariscope s’impose dans la taille des pierres de plus d’un carat dont il permet de détecter les tensions internes. Il est d’un emploi facile ; il suffit d’examiner la pierre, placée au-dessus d’une source lumineuse entre deux filtres polarisants. Les tensions internes se présentent alors en forme d’arc-en-ciel. L’emploi d’une loupe de sciage sur le polariscope rend plus précise l’étude des tensions et de leur localisation.

Le compteur de pierres automatique peut compter de très grandes quantités de pierres brutes, sciées ou taillées, à un rythme très rapide et avec une grande précision, à condition de prendre quelques précautions: ne compter que des pierres propres, vérifier qu’elles ne sont pas humides car elles se collent et deux ou trois pierres sont comptées pour une seule, s’assurer que le lot ne contient que des pierres à compter et donc ni éclats, ni poussière, ni sel de salpêtre, etc. Sa précision est bonne; il peut se tromper de 2 ou 3 pierres sur un lot de 5 000 ou 10000 pierres, ce qui est négligeable. Un tel appareil compte environ 18 000 pierres à l’heure, ce qui nécessiterait plus d’une demi-journée de travail pour une personne qui, de surcroît, peut se tromper de 100 pierres et plus sur un lot de 10 000.

Les diamants sont déplacés par vibrations devant un œil électronique détecteur, ce qui permet de les compter pièce par pièce.

Le système de comptage consiste en un fin rayon infrarouge qui est réfléchi entre deux miroirs parallèles et dont le réglage est tel que l’énergie lumineuse suffit tout juste à faire réagir une photodiode. Lorsqu’un diamant traverse le faisceau lumineux affaibli, le signal lumineux sur la photodiode est interrompu, ce qui permet un comptage.

Le compteur de pierres a aussi évolué car actuellement les pierres sont aussi calibrées automatiquement.

Le Paper Handler, simple et pratique, garde le pli ouvert et empêche que les pierres sautent hors du pli lorsque l’on contrôle les pierres du lot.
Le Paper Handler, simple et pratique, garde le pli ouvert et empêche que les pierres sautent hors du pli lorsque l’on contrôle les pierres du lot.
Compter les diamants, bruts ou taillés, par groupes de 3, ensuite 10x3 étant 90 on ajoute 10 pour faire 100. Ainsi on aura des petits tas de 100 facile à compter
Compter les diamants, bruts ou taillés, par groupes de 3, ensuite 10×3 étant 90 on ajoute 10 pour faire 100. Ainsi on aura des petits tas de 100 facile à compter

Le comptage manuel

Le petit tas de diamants qu’il faut compter sera disposé en une traînée ou queue aussi longue que possible.

À l’aide de la pince de tri, on fera de petites piles de 3 pierres, les unes derrière les autres, et ce 10 fois. On les rassemblera pour obtenir des piles de 30 pièces. On procédera 3 fois de la sorte, soit 90 pierres. Il suffit d’y rajouter 10 pièces pour en arriver à 100, que l’on rassemble.

On peut également travailler par piles de 5. Une autre méthode consiste à travailler avec une feuille quadrillée: on dépose alors 5 pièces dans chaque carreau pour obtenir ainsi un certain nombre.

Colorimètre de Yehuda chez Cutting Edge
Colorimètre de Yehuda chez Cutting Edge
D-Screen du HRD, pour la détection des manipulations
HPHT dans les couleurs blanches
D-Screen du HRD, pour la détection des manipulations
HPHT dans les couleurs blanches
La lampe classique Dazor reproduit la lumière du jour
La lampe classique Dazor reproduit la lumière du jour

© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager