La Guinée

Sommaire du chapitre : La Guinée

La Guinée est entourée d’une part par l’océan, au nord par le Sénégal, le Mali, à l’est par la Côte d’Ivoire et au sud par le Libéria et la Sierra Leone. Les champs diamantifères sont situés en Haute Guinée et en Guinée forestière. Les premières découvertes datent de 1932 lorsque l’irlandais Ronald Dermody remonta le fleuve Makona jusqu’au gisement de Baradou. La production même date de 1934, lorsque la société franco-anglaise Soguinex (Société guinéenne d’exploitation minière) fut créée. Un an plus tard la production minière s’éleva à 60000 pierres de belle qualité.

Lors de l’indépendance du pays en 1958, le président Sekoutouré révoqua toutes les licences pour créer une société d’état, l’Eged mais suite à l’absence d’expérience et de technique minière, il dut faire appel à des experts russes, jusqu’à la détérioration des relations avec Moscou en 1973.

La kimberlite alluvionnaire est concentrée dans la région de Kérouane, Kissidougou et Macenta dans le sud, près de la frontière du Libéria et de la Sierra Leone, où la constitution de la kimberlite est la même. Dans la région de Banankoro, on trouve les pierres les plus importantes et de belle qualité. Les rivières Bimboko et Baoulé entraînent ensuite des diamants vers Gbenko. Plus au nord, la région de Kindia est aussi diamantifère. Les sites alluvionnaires sont dans les rivières actuelles ou dans des anciennes terrasses. Les flats ont une superficie de 2,5 km avec une largeur de 300 à 1000 m. Suite à l’érosion, l’épaisseur peut varier de 4 à 6 m.

Premier triage du minerai diamantifère sur le site en Guinée
Premier triage du minerai diamantifère sur le site en Guinée
Prospection artisanale le long des rivières en Guinée
Prospection artisanale le long des rivières en Guinée

Dans la région de Gbenko la dimension moyenne des pierres est de plus de 2 mm pour environ 0,80 ct, contenant des qualités gemmes. La mine d’Arédor produit, début des années quatre-vingt-dix, une moyenne de 0,80 ct avec une valeur moyenne de 305 $ le carat avec 25 à 30 % d’octaèdres et 27 à 28 % de dodécaèdres, 93,5 % de gemmes, 5 % de near gems et 15 % de diamant industriel et boart. La couleur varie de blanc à jaunâtre.

C’est au sud et au nord de la rivière Pataro, dans la vallée de Puruni et de Mazaruni, que se situent les gisements diamantifères de la Guinée. Les champs s’étalent sur une superficie d’environ 1 200 km. Au début du siècle, l’exploitation rapporte plus de 800000 carats de diamants. Les cristaux sont très différents et ils présentent des bords, des arêtes et des coins arrondis. 

Les cristaux qui proviennent de lits secondaires sont plus purs et plus lisses que ceux trouvés dans les primaires. Les octaèdres sont principalement blancs, alors que les dodécaèdres ont la couleur bleu-verte ou vert-bleu. Les mines principales se situent à Mazaruni, à Puruni et à Curyuni. La Guinée a toujours eu à combattre l’exploitation clandestine. Au début des années soixante, le pays ne comptait pas moins de 30000 mines. Le problème persiste après la nationalisation par le gouvernement et il a fallu faire appel aux entreprises européennes. C’est ainsi que l’Industrial Diamond Company fonde l’Aredor (Association pour la recherche et l’exploitation du diamant et de l’or) en 1981. Cette association découvre, au début de l’année 1993, une pierre de 284,96 carats. Elle atteint, lors de sa vente à Genève, le montant de 8,1 millions de dollars. C’est la région de Banankoro qui produit les plus belles pierres, et en 1995 une pierre de 226 ct est vendue à Anvers, en provenance de Kérouane.

Triage des diamants en Guinée, ce système ingénieux permet d’éviter que des diamants soient subtilisés
Triage des diamants en Guinée, ce système ingénieux permet d’éviter que des diamants soient subtilisés

En mars 1994, dans la région de Kérouane, on découvrit une pierre de 263 carats d’origine alluvionnaire. Les mineurs indépendants qui la découvrirent la confièrent à un négociant qui la vendit pour 1 500000 $. Mais rapidement la rumeur confirma que la pierre avait une valeur bien plus grande, à tel point que des bagarres éclatèrent entre les mineurs et le négociant. Le Ministère de la Justice de Conakry fit une saisie sur la pierre juste avant son départ pour Anvers. La pierre fut confiée à la Banque Centrale de Guinée pour une mise en vente aux enchères. Le 2 septembre 1995 de la même année j’ai reçu la pierre de la Banque Centrale, et lors de la mise en vente aux enchères à Anvers, 20 candidats étaient présents. Il y eut finalement 10 offres et la pierre fut vendue à 3,2 millions de dollars.

La plus grosse pierre jamais trouvée pesait environ 800 ct.

© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager