Identification
Sommaire du chapitre : Identification
Certaines techniques ont été développées qui, de nos jours, sont très souvent appliquées pour identifier des diamants d’une grande valeur. Nous nous limiterons ici à commenter la photographie topographique aux rayons X et le procédé Okuda.
La photographie topographique aux rayons X
En dirigeant un faisceau de rayons X sur le diamant, on fixe le patron de diffraction sur une plaque photographique.
Le patron de diffraction est caractéristique et il est, en plus, défini par la présence de structures défectueuses, de sorte que chaque diamant possède un patron de diffraction particulier. Contrairement à la photo Laue, le faisceau Collimer de rayons X est un faisceau linéaire de 10 à 100 microns.
Le faisceau de rayons X peut également être remplacé par un rayon laser à énergie basse, dirigé sur la table d’un diamant taillé, le patron des réflexions et de la réfraction étant alors fixé sur plaque photographique. (Ce procédé n’est pas infaillible).
Le procédé Okuda
En appliquant ce procédé, on peut apporter une inscription sur la table d’un diamant taillé, seulement visible sur un agrandissement adapté et microscopique. Après avoir été dégraissé au méthanol, le diamant est recouvert d’un matériau photographique liquide. Le matériau photographique superflu est ensuite écarté par rotation centrifuge. À l’aide d’un microfilm, comportant une inscription et par un agrandissement de l’ordre de 10, le film photorésistant est exposé durant environ 12 secondes sur la table du diamant.
L’éclairage du film photorésistant est illustré de manière schématique ci-jointe.
Après l’exposition, le film est développé à l’aide d’un révélateur AZ-Shipley et puis séché à 60 °C. Ensuite, le diamant est déposé dans une chambre sous vide qui, après évacuation jusqu’à +10 (– 7) Torr, est remplie de gaz Ar.
Entre le diamant (cathode) et la plaque de molybdène (anode), une différence de potentiel suffisante (± 200 kV) est créée. Par cette différence de potentiel créée, les électrons accélèrent et ils se dirigent donc du diamant vers l’anode. En route, ils ionisent les atomes AR en atomes AR positifs, qui à leur tour, sous l’influence de la différence de potentiel régnante, bombardent la surface du diamant. Une représentation schématique du bombardement ionique est donnée par la figure ci-dessous.
Suite au bombardement ionique de la partie libre du diamant et après développement du film photorésistant, on obtient une gravure.
La profondeur de la gravure dépend de la durée du bombardement ionique. En général, la durée de la gravure est d’environ 2 minutes.
On retire le film photorésistant en le faisant bouillir dans un bain de H2S04. Il va de soi que ces opérations prennent beaucoup de temps, il est dès lors nécessaire de soumettre simultanément plusieurs diamants à un bombardement ionique. Quant à la valeur marchande des diamants gravés, les avis sont très partagés.
LE CERTIFICAT DOIT-IL ÊTRE ACTUALISÉ ?
Le négoce du diamant a pris une ampleur extraordinaire les deux dernières décennies.
De nouveaux marchés ont vu le jour et sont en pleine expansion (Extrême-Orient et Moyen-Orient) d’autres sont en veilleuse (l’Europe). Les États-Unis restent les plus grands consommateurs. Que l’on soit pour ou contre, le certificat est une question qui ne se pose plus, un fait certain est que cette expansion du marché du diamant a été réalisée grâce à la parution des certificats à la fin des années soixante-dix. En cette période de spéculation, les bureaux de certificats apparurent comme des champignons. La plupart ont d’ailleurs disparu, laissant trois grandes tendances ou systèmes :
Le système G.I.A. (Gemmological Institute of America) des Américains, le plus répandu (depuis les années cinquante), suivi par le système I.D.C. (International Diamond Council) élaboré par les diamantaires et le système CIBJO (Confédération internationale des bijoutiers). Deux nouveaux venus se sont ajoutés, l’A.G.L. et l’A.G.S émanant d’une puissante association de bijoutiers américains. Chacun a son mérite et ses adhérents. Les États-Unis, pionniers en la matière, sont les « adeptes » du
G.I.A. L’Europe apprécie plutôt le système CIBJO ou I.D.C. (H.R.D.). Actuellement l’H.R.D. détrône le système CIBJO en Europe. L’ExtrêmeOrient et le Moyen-Orient sont encore influencés par les Américains. On ne peut pas oublier l’énorme promotion commencée 50 ans plus tôt avec le G.I.A. par le biais des cours de gemmologie. En cette période d’avant-guerre, le G.I.A. avait un quasi-monopole des cours de gemmologie qui étaient encore à leurs balbutiements en Europe et inexistants en Extrême en Moyen-Orient.
Bien que les systèmes soient fondamentalement similaires, il existe une légère différence dans les normes.
Le système américain de graduation de la couleur est historiquement conçu de D à X.
Avant la première guerre mondiale, les Américains avaient 3 graduations, les blancs, les légèrement teintés et les jaunâtres. La graduation était fort simple A, B, C. Lorsque les gemmologues du G.I.A. décidèrent de créer une échelle de graduation des couleurs plus détaillée, ils furent obligés de commencer avec la lettre D pour éviter des confusions avec l’ancien système. CIBJO emploie un système plus souple de blanc exceptionnel, blanc extra, blanc,… Les pays Scandinaves emploient les termes dont l’origine date de la fin du xixe siècle lors des premières découvertes des mines Sud Africaines : River, Top Wesselton, Wesselton, Cape, (couleur typique des mines)… I.D.C. a opté pour excellent white + ou 0 +, exc. white 0… Les Chinois d’Hong Kong ont un système de pourcentage qui va de 100 % pour la meilleure couleur à 80 % pour les jaunes. (Voir tableau).
Nous avions au début une classification française et anglaise qui correspond au G.I.A., où la couleur est parfois mélangée à la pureté. Les noms font souvent référence à des mines découvertes au début du XXe siècle.
Classification française | Classification Anglaise | Classification américaine |
Beau blanc-bleu | Jager feinstes | D |
Blanc-bleu | Jagers | E |
Blanc-bleu « blue white » | River | F |
Beau blanc | Top Wesselton | G |
Blanc très pur, blanc pur très légèrement bleuté | Wesselton | H |
Blanc commercial | Kimberley | I |
Bon blanc, bien que petits et tachés | Bultfontein | |
Très très légèrement jaune | Top crystal | |
Très légèrement jaune | Crystal | J |
Teinte jaunâtre | Dutoitspan | K/L/M |
Teinte jaunâtre ou brunâtre | De Beers | O/P |
Souvent de grandes pierres paraissant blanc-bleu à la lumière solaire et jaunâtre à la lumière artificielle (fluorescente) | Premier | |
Très légèrement brun | Very light brown | |
Légèrement jaune | Top Cape | L |
Jaunâtre | Cape | M/N/O |
Jaune clair | Light yellow | P/Q |
Brun clair | Light brown | |
Jaune | Yellow | de R à X |
Tardy et Dina Level nous rappellent que d’autres termes furent aussi employés pour la classification :
- Incolore limpide blanc-bleu à reflets adamantins (le terme blanc-bleu ne s’applique qu’à des pierres présentant un reflet bleuté, à l’exclusion de toute autre couleur; ces pierres sont très rares) ;
- Incolore limpide blanc de neige (grande 1re eau) ;
- Incolore limpide blanc (1re eau) ;
- Incolore limpide blanc commercial.
Les nuances dans la gamme des blancs et couleurs fantaisie :
- Coloré limpide blanc nuancé de jaune, de rose ou de bleu (1re et 2e eau) ;
- Coloré limpide blanc teinté jaune ouvert (2e eau) ;
- Coloré limpide blanc grisâtre, jaunâtre ou verdâtre (3e eau) ;
- Coloré limpide jaune orangé ou serin (fantaisie) (le beau jaune d’or très apprécié est appelé jonquille) ;
- Coloré translucide jaune de topaze du Brésil (fantaisie)
- Coloré translucide vert foncé ou jaune épais ;
- Coloré translucide rouge brique mat ;
- Coloré translucide rouge ponceau ;
- Coloré presque opaque bleu ;
- Coloré presque opaque vert foncé ;
- Coloré presque opaque brun ou noirâtre ;
- Coloré opaque noir de jais.
Actuellement il reste, en ce qui concerne les couleurs, principalement : Les normes G.I.A. (Gemmological Institute of America), I.G.I. (International Gemmological Institute) et I.D.C. (International Diamond Council) qui sont suivis par l’H.R.D. (Hoge Raad voor Diamant ou Conseil Supérieur du Diamant).
D | excellent white + |
E | excellent white |
F | rare white |
G | rare white |
H | white |
I | slightly |
J | tinted white |
K | tinted white + |
L | tinted white |
M | tinted colour |
N | one |
O | tinted colour |
P | two |
Q | tinted colour |
R | three |
S-X |
Les Japonais voudraient ajouter un D + ou une couleur C pour les « plus blanc que blanc ». Les couleurs bien qu’ayant des termes différents sont identiques et le professionnel sait qu’un G veut dire Top Wesselton, Rare White, Extra Blanc et 97 %. Le problème se pose lorsque la couleur est située à la limite entre deux couleurs. Un laboratoire sera un peu plus sévère que l’autre. La fluorescence influence aussi certains laboratoires dans la détermination de la couleur.
Le poids en carats est identique et, grâce aux nouvelles balances électroniques de haute précision, il n’y a plus de discussion à ce sujet. La période où les carats étaient différents d’un pays à l’autre est définitivement révolue depuis le début du xxe siècle.
La pureté est un autre facteur important pour lequel les laboratoires donnent des résultats similaires.
On trouvera ici aussi une légère différence dans les cas limites, par exemple entre VVS1 et 2, où un laboratoire sera plus sévère que l’autre.
Le certificat EGL aux États-Unis et la liste colette ont bien voulu introduire le SI3, ce qui n’a pas été suivi par les grands laboratoires.
Lors de la conférence organisée à l’occasion du 20e anniversaire de l’Institut de gemmologie de l’H.R.D., le 11 novembre dernier, l’éminent gemmologue John Koivula présenta des diapositives d’inclusions spectaculaires. Une inclusion de grenat éclogitique de couleur orangée, une inclusion bleu de cristal de disthène, un unique cristal de diopside chromifère d’une couleur vert émeraude intense, une inclusion d’un grenat pyrope rouge rubis, des nuages d’inclusions en forme d’étoiles ou un cristal de diamant dans un diamant, des inclusions spectaculaires uniques bien plus rares qu’un diamant pur! Ces merveilles de la nature, messages des profondeurs de notre planète qui font l’émerveillement des gemmologues, des scientifiques et des amateurs de pierres précieuses sont classées selon les normes du marché piqué 2 ou 3.
Cette injustice devrait être rectifiée. Dans le cas où les inclusions sortent du cadre des simples taches de carbone ou des fissures dépréciant la vivacité de la pierre, elles pourraient par exemple être classées selon des nouvelles normes :
- Rare (nuages d’inclusions de formes typiques, par exemple une étoile),
- Très rare (inclusions de cristaux de diamants),
- Exceptionnellement rare (inclusions d’autres pierres précieuses),
- Unique (inclusions spéciales jamais encore rencontrées).
L’inclusion pourrait être photographiée, agrandie et ajoutée au certificat avec une explication. Une plus-value devrait être octroyée à cette pierre pouvant dépasser sa valeur normale dans la classification (grandeur, couleur, taille).
Pourquoi un diamant bleu ou rouge vaut-il plus qu’un diamant blanc ? car il est rare.
Les diamants « cognac », « champagne » étaient il y a une vingtaine d’années utilisés pour l’industrie : je les ai moi-même, comme apprenti scieur, concassés pour en faire de la poudre pour enduire les scies et les plateaux de taille.
Grâce à la firme Argyl, les diamants bruns ont aussi reçu leurs lettres de noblesse. Pourquoi doit-on déprécier les diamants contenant des inclusions qui nous racontent l’histoire de notre planète ? Comme dit John Koivula, le diamant est un musée du manteau terrestre. Lors de son voyage au travers du manteau, le diamant se cristallise, emportant avec lui des éléments, des traces de l’environnement géologique. L’homme commence à peine à se rendre compte de cette merveille, il faudra maintenant qu’il l’apprécie à sa juste valeur. La photo du diamant brut où j’ai légèrement poli une face montrant un octaèdre parfait dans son cœur vaut pour moi plus qu’un D-pur.
En ce qui concerne les proportions ou la symétrie, les laboratoires emploient des paramètres différents et des termes différents. L’H.R.D. parlait de very good, le G.I.A. d’excellent, AGS de 0. Ce qui pour le consommateur devient abstrait est le fait qu’il n’y a pas de comparaison ou plutôt de similitude entre les différents systèmes (voir tableaux p. 939).
Si actuellement une tendance vers une unification des systèmes se fait sentir, la véritable uniformité des systèmes est presque utopique, chacun étant convaincu que « son système » est le meilleur. D’autres voudraient approfondir le système actuel par de nouveaux paramètres comme la brillance, l’éclat, la vivacité,…
Déjà des appareils et des logiciels sophistiqués sont apparus sur le marché. Différentes normes ont vu jour parmi lesquelles les excellent, hearts and arrows (effets de petits cœurs et fléchettes seulement visibles avec un appareil spécifique), des Ideal Cut.
Cette taille demande une maîtrise absolue de la part du tailleur, en d’autres mots une opportunité pour notre industrie anversoise.
L’apparence de brillance ou de vie vue du haut de la pierre diffère selon les différents paramètres de la taille, c’est donc la réflexion de la lumière qui est dans ce cas mesurée électroniquement.
Non seulement les rayons lumineux plongeant dans la pierre bien proportionnée, se reflètent contre les angles de la pierre pour ressortir par la table mais en surplus ils se divisent en différents rayons colorés suite aux jeux de prisme et de réflexions à l’intérieur de la pierre. Ceci est valable pour la taille brillante. Dans d’autres formes, principalement les tailles fantaisie (ovale, poire…) les rayons sont « retenus » plus longtemps, ce qui prononcera la couleur, facteur important lorsqu’il s’agit de couleur fantaisie. Un autre élément important s’ajoute : la finition et la symétrie. Un rondiste trop épais ou trop mince, des facettes mal placées ou inégales, une table ou une culasse désaxée auront des effets néfastes pour la luminosité.
Tous ces paramètres sont décrits dans les certificats classiques.
Si, d’une part, le certificat est une garantie de qualité pour le consommateur, il doit d’autre part lui laisser la liberté de prendre une décision finale. Un Européen choisira par exemple une table plus étalée qu’un Américain ou un Asiatique. Les normes actuelles proposent les excellent, very good, good, medium et poor ou unsual en d’autres mots les trois critères de classifications des proportions qui ont comme nous l’avons vu une importance incontestable dans la « vie » de la pierre. La finition a les mêmes normes pour un ensemble de paramètres de symétrie, d’épaisseur du rondiste, colette en pointe…
Faut-il ajouter d’autres normes ? Faut-il disséquer de manière scientifique le voyage des rayons lumineux dans la pierre ?
Un certificat ou un rapport d’expertise n’est pas un article de mode qui doit changer selon les nouvelles tendances ou créations. Le consommateur ne doit pas être confronté avec de « vieux » et « nouveaux » certificats, doit-il refaire sceller son diamant, sa pierre ayant un « vieux » certificat est-elle dépréciée, où reste sa confiance dans l’institution qui a émis le certificat ?
L’argument de vouloir ajouter des normes pour donner plus de détails au consommateur le rendra plus méfiant car il ne s’y retrouvera plus dans ce jargon semi-professionnel.
On rentre dans un jeu dangereux de « surproduction » de certificats et de systèmes d’évaluation. Le consommateur est perdu entre G.I.A., H.R.D., C.I.B.J.O., A.G.S., I.G.I., sans parler d’autres laboratoires plus ou moins douteux. Quel diamant doit-il acheter? avec quel certificat? il est à la merci du vendeur car il lui est impossible de différencier des normes qui deviennent déjà un casse-tête pour le détaillant ou même le grossiste.
Il est un fait que deux pierres d’une même couleur, pureté, proportion, finition et fluorescence donc identiques sur le document seront tout de même différentes. C’est juste cette différence qui donne le charme au diamant, cette émotion que (heureusement) l’on ne peut expliquer jusqu’à présent de manière scientifique. La fameuse « cote d’amour », le mystère, la passion.
Le diamant possède une beauté presque sensuelle qui provoque une émotion ou une passion qui retrouve son écho dans les instincts les plus pro fonds de l’être humain, a écrit Jacques Nutkewitz dans la préface de ma première édition ; n’oublions pas de préserver cette dimension.
DIFFÉRENCE ENTRE LES NORMES
LA VALEUR
© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager