Le Botswana

Sommaire du chapitre : Le Botswana

L’ancien protectorat britannique Bechuanaland est fondé en 1885. Il devient autonome en 1961, et cinq ans après, il obtient son indépendance. Une vaste savane constitue l’essentiel du territoire et devient le désert du Kalahari au nord. La compagnie De Beers a systématiquement prospecté le désert, et y a découvert la mine Orapa. En 1990, le Botswana obtient une production de 17,4 millions de carats, contre 15,3 millions l’année précédente. Le Botswana produit ainsi plus d’un quart de la valeur de la production mondiale, bien que la qualité des pierres semble diminuer. La firme Debsawana, contrôlée par la compagnie De Beers et par le gouvernement du Botswana, est productrice et la firme Botswana Diamond Valving Company se charge du triage et de l’évaluation de la production. La mine principale du Botswana est la mine de Jwaneng, avec une production de 9 millions de carats en 1990, c’est-à-dire une augmentation de 600000 carats en comparaison avec l’année précédente. Dans cette même mine, en avril 1993, un diamant de 446 carats a été découvert.

Jigs dans la mine de Jwaneng de De Beers au Botswana
Jigs dans la mine de Jwaneng de De Beers au Botswana
Production du Botswana (from mine to mistress)
Production du Botswana (from mine to mistress)

La mine de Jwaneng, à la limite du désert de Kalahari, fut découverte grâce aux termites. En effet, les insectes creusant très profondément pour aménager leur termitière, c’est lors de l’analyse de la terre expulsée hors des termitières que l’on a pu déceler la présence de kimberlite. La mine est devenue la plus riche au monde. La De Beers et le gouvernement de Gaborone décidaient fin 1970 de développer une mine et de créer une ville qui compte actuellement plus de 65000 habitants. La mine compte trois cratères, produisant 80 % de diamants de joaillerie et régulièrement des pierres de plus 20 carats. La mine à ciel ouvert pourra descendre jusqu’à 600 mètres de profondeur avant de devoir creuser des galeries.

Le Botswana est un exemple de bonne gestion. Le pays doit son évolution spectaculaire grâce à ses richesses diamantifères, mais le pays prépare déjà « l’après-diamant » avec des programmes de développement touristiques, agricoles et financiers. Un respect strict de l’environnement est imposé aux exploitants par le gouvernement.

En 2006, le Botswana est le premier producteur avec 34159000 ct pour 3450 millions de dollars et 28 % du marché.

Les autres mines importantes sont:

  • Letlhakane, qui appartient à Debswana et produit 1 million de ct par an. Elle est située au centre avec 460 employés ; ses réserves sont évaluées à 16,5 millions de carats.
  • Orapa, qui appartient à Debswana et est en production depuis 1971; elle livre plus de 14 millions de ct par an. Orapa est une mine kimberlitique située au centre-nord du Botswana et employant 2 200 personnes. Les réserves sont estimées à 320 millions de carats.
  • Damtshaa est une mine moins importante ; ses réserves sont évaluées à 5 millions de carats.

Ici encore, un respect strict de l’environnement est imposé aux exploitants par le gouvernement.

L’Afrique et l’exemple du Botswana

L’Afrique est un continent en perpétuelle ébullition. D’une part les distorsions ethniques et d’autre part des richesses minières convoitées par les pays étrangers.

Le diamant, étant une des richesses de ce continent, peut tout aussi bien contribuer à sa richesse et à son évolution sociale qu’à sa perte suite à des guerres civiles.

Le Botswana est un exemple d’une réussite économique grâce au diamant. Des millions de dollars ont été investis grâce aux productions diamantaires, dans des écoles, des hôpitaux, des logements sociaux, des barrages etc.

Au Botswana, 30 % du PNB et 80 % des devises étrangères proviennent des exportations du diamant. Parmi les pays les plus pauvres de la planète, le Botswana s’est haussé parmi les 3 pays africains les plus riches avec 9 % d’expansion économique par an, ce qui le place au premier rang mondial. Ce pays était il y a quelques années encore traversé par des pistes, aujourd’hui il a un réseau routier de plus de 7000 km.

Mines et Champs de kimberlite au Botswana

Les écoles garantissent à toute la population un enseignement digne de ce nom et les services sanitaires peuvent servir d’exemple, tout cela grâce au diamant sortant des mines hypermodernes. La firme productrice contrôlant les quatre mines diamantaires Debswana appartient à 50 % aux autorités du Botswana et 50 % à la firme sud-africaine De Beers. La première mine, Orapa, découverte en 1967, un an après l’indépendance du pays, fut aussi un point de départ d’une formidable aventure pour ce pays, l’un des plus pauvre de l’Afrique.

La mine d’Orapa, bien qu’étant la plus grande mine au monde n’a, selon les géologues, plus qu’un quart de siècle à vivre en tant que mine à ciel ouvert. La suite sera moins rentable, car on devra continuer l’exploitation à l’aide de galeries souterraines ; on prévoit aussi une quantité moindre pour les cinquante années suivantes. Le Botswana espère découvrir entre-temps d’autres mines en dehors des 4 actuelles, la dernière étant Damtshaa qui semble prometteuse. Plusieurs sociétés productrices autres que la De Beers ont reçu des licences de prospection. Toutes cherchent dans cette nature aride la pipe kimberlitique (ancienne cheminée volcanique) contenant du diamant et en assez grande quantité pour être rentable. Le désert du Kalahari est une région fort inhospitalière, comme d’ailleurs toutes les régions où l’on exploite le diamant, que ce soient les étendues glaciales de Russie ou du Canada, les jungles sauvages de l’Afrique Centrale ou du Brésil ou d’autres régions désertiques d’Afrique ou de l’Australie.

Partout le diamant demande des efforts considérables tant financièrement qu’humainement.

La mine de Orapa et sa ville en arrière plan (Debswana 2011)
La mine de Orapa et sa ville en arrière plan (Debswana 2011)

Le gouvernement du Botswana ne participe pas à l’exploitation, car « il faut beaucoup d’expérience et de capitaux, en plus c’est un parfois un jeu de hasard et le gouvernement n’est pas un spéculateur » selon Nchindo. Le gouvernement offre un cadre juridique clair et net ainsi que des facilités fiscales. Dans la firme Debswana c’est le partenaire De Beers qui est le prospecteur et l’exploitant. La De Beers n’est pas la seule firme au Botswana ; déjà une quinzaine de firmes étrangères ont reçu une licence de prospection. Bien que le gouvernement ne joue pas directement un rôle dans la prospection et l’exploitation, il a toujours la possibilité de prendre sa part des ressources dans une nouvelle mine. La loi précise de toute façon que toutes les ressources minérales du sous-sol du Botswana appartiennent au gouvernement. Les autorités participent seulement lorsque la mine est rentable.

Actuellement le Botswana reçoit 75 % du bénéfice de Debswana tandis que De Beers ne reçoit que 25 %. La production est triée au Botswana par la firme Botswana Diamond Valuing Company (BDVC) en 14000 différentes catégories. Ensuite, selon l’accord avec la De Beers, les marchandises sont expédiées à Londres au siège de la De Beers pour un nouveau triage et retournent en suite au Botswana pour la vente aux tailleries ou aux acheteurs locaux, soit à la De Beers à Londres pour être vendues dans les « vues ».

Avec l’aide de firmes diamantaires telles qu’Eurostar, le Botswana se lance maintenant dans la taille du diamant. Bien qu’Eurostar ne soit pas la première taillerie, elle sera tout de même un pas important dans l’évolution sociale et politique du pays.

La première pierre de la taillerie a été déposée par le Premier ministre déjà en septembre 2004, elle donnera du travail à un millier de Botswanais. La firme garantit de son côté le transfert de technologie et l’installation d’infrastructures de tailleries modernes. La main-d’œuvre étant bon marché et le diamant brut à disposition, ce sont des atouts non négligeables pour une réussite. La firme Eurostar emploie environ 17000 personnes dans des tailleries en Inde et en Chine. Les belles pierres de grandes valeurs restent malgré tout pour les tailleries anversoises où la technologie et le savoir sont plus importants que le coût salarial.

La production de diamant taillé du Botswana sera principalement des petites pierres ; la « petite pierre » fut un des fleurons de la Campine anversoise lors des « golden sixties » où le secteur comptait plus de 25000 tailleurs dans cette spécialité.

Champs de Kimberlite au Botswana
Champs de Kimberlite au Botswana
Jwaneng, mine à ciel ouvert au Botswana, découverte en 1973 1973 et exploitée à partir de 1982 par Debswana Diamond Co

Le gouvernement du Botswana pose en surplus une politique fiscale attirante dans la balance (15 % sur le bénéfice). Étant le plus grand producteur mondial de diamant, le Botswana espère attirer d’autres investisseurs car il garantit comme atout principal l’approvisionnement de diamant brut de première main.

C’est surtout la stabilité politique du pays qui a permis cette heureuse évolution. Il s’agit d’un gouvernement dans lequel la corruption est presque inexistante et qui devrait servir d’exemple aux pays voisins. Malgré tout, le pays fait face à des difficultés économiques, car le secteur diamantaire n’emploie que 6500 personnes.

Étant donné la dépendance du pays au diamant, le gouvernement a voulu se diversifier entre autre dans le secteur de la métallurgie, car à lui seul le diamant représente 65 à 70 % du commerce extérieur et 60 % des recettes gouvernementales. Les mines principales sont Orapa, Jwaneg et Letlhakane à 40 km au sud d’Orapa (mise en production fin 70). Par contre Jwaneg est la plus riche du point de vue production, qualité et valeur des diamants et sa production débuta en 1982. La mine est constituée de 3 pipes diamantifères, reliées sous le désert à une distance de plus ou moins 45 mètres de profondeur. Le pays a une économie exemplaire comme nous allons le voir plus loin (voir les diamants du sang), malheureusement il est confronté au fléau du sida comme la plupart des pays de la région.

  • Dans la mine d’Orapa, on continue à creuser à 100 m de profondeur. Dans la mine Aki, malgré les problèmes d’approvisionnement on a extrait 562 millions de mètres cubes en 1992, ce qui est une augmentation de 610000 m3.
  • Dans la mine de Letlhakane, on creuse à plus de 120 mètres dans la pipe D-K1 avec une exploitation de 8490000 tonnes.
  • À Jwaneng on a traité plus de 13,6 millions de roches kimberlitiques, et on prévoyait la pleine production pour 1995.

Le gouvernement ne compte pas survivre de sa production diamantaire et veut investir dans d’autres secteurs comme le tourisme. Un autre projet est de vouloir créer un centre financier attirant pour les investisseurs, banques, assurances, multinationales grâce à une politique fiscale « douce ».

© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager