Introduction au diamant

La genèse du diamant

En des temps très reculés, là où la terre, notre planète n’était que feu, glace et mer en ébullition, là où tout n’était que des amas se craquant, se disloquant laissant dans d’immenses vallées couler le flot de laves incandescentes et ruisselantes de fusion tumultueuse, nos matières précieuses allaient naître. Le tout commença il y a environ 4,5 milliards d’années.

Selon la théorie du Big Bang du savant belge Georges Lemaître1, notre Cosmos a été créé, il y a entre 14 et 15 milliards d’années. Période où ni l’espace ni le temps n’existaient. Le tout comprimé dans un noyau primitif. Lors du Big Bang des températures hallucinantes de 1027 degrés (10 suivi de 26 zéros) C se dégagent. À une température 1027 à 106 degrés, la nucléosynthèse joue le créateur. Ce n’est que 300 000 ans plus tard que la lumière, retenue par cette intense chaleur, paraît hors de ce brouillard surchauffé. Un milliard d’années plus tard suite à la gravitation se forme des nuages de gaz d’hydrogène et d’hélium qui formeront des galaxies, les premières étoiles, notre système solaire et notre planète est ainsi créée.

Une illustration du Big Bang
Une illustration du Big Bang.

Notre planète qui contenait déjà tous les éléments chimiques que nous connaissons actuellement, la cristallographie se forme. C’est dans un univers riche en carbone que va se cristalliser le diamant, à une profondeur d’environ 200 km ou règne une ambiance apocalyptique, des pressions2 de plus de 70 000 kg au cm2 et des températures de plus de 1100° C.

Quelques milliards d’années ont été nécessaires pour transformer ce bouleversement physique et chimique.

Puis doucement en remontant le temps, les roches se sont solidifiées, stratifiées laissant la nature se transformer en créateur de formes et de couleurs.

Les entrailles de la terre s’entrouvrent par les fortes poussées et pressions telluriques du centre vers la surface de la croûte terrestre. Il y a 200 millions d’années, d’après le professeur de géophysique Alfred Wegener, l’unique continent de Pangée se déchire pour créer Laurasie et Gondwana 8 qui lui aussi se déchire pour créer les 4 continents dans des jaillissements de magma. Cette théorie est confirmée par les gisements diamantifères.

De telles transformations ont donné par des explosions, des éruptions de magma du centre de la terre, un carbone cristallisé : le diamant. Pourtant seulement quelques éruptions contiendront des cristaux de diamants. Ces roches magmatiques formées par d’intenses forces intérieures, températures extrêmes et pressions effroyables sont le siège de certains fonctionnements, de courants de convections, la dynamique du noyau et celle du manteau dont le fonctionnement nous est encore toujours inconnu.

Une foreuse industrielle permet de creuser à des profondeurs inattendue.
Une foreuse industrielle permet de creuser à des profondeurs inattendue.

L’intérieur de la Terre encore méconnu

Bien que nous ayons marché sur la Lune et que nos fusées aient quitté notre système solaire, et d’autres se sont déposées sur Mars et bientôt sur Pluton la plus grande profondeur atteinte sur notre planète n’est « que » d’une dizaine de kilomètres (12 km et 192 m dans la presqu’île de Kola en Russie).

Des carbohydrates comme les diamants se forment grâce au « flux de carbone » parcourant le manteau terrestre ou lithosphère et remontent dans les cheminées kimberlitiques suite à des pressions et des vitesses énormes qui pourraient atteindre Mach 2.

Le diamant se trouve dans cette roche exceptionnelle, provenant du Précambrien, à partir du paléoprotérozoïque au néo-protérozoïque. C’est une roche ultrabasique, une péridotite micacée, serpentinisée, carbonatisée, contenant de l’olivine, de la biotite, phlogopite, de l’ilménite, du pyroxène, du grenat, un vrai délice pour les géologues qui dans leur jargon le nomment, « kimberlite » nom de la région en Afrique du Sud où on la découvrit pour la première fois. On la surnomme « blue ground » (terre bleue) par son aspect gris bleuâtre et « yellow ground » (terre jaune) lorsqu’elle est oxydée et devenue friable. Cette roche est un véritable ascenseur magmatique des anciens continents, il y a environs 2,5 milliards d’années3 .

Une puissance terrifiante

L’éminent vulcanologue Haroun Tazieff nous raconte que lors des éruptions volcaniques, la lave et des fragments de basalte sont éjectés à 500 ou 600 mètres d’altitude, avec une vitesse initiale estimée à 80 ou 100 mètres par seconde. La température avoisine les 1000 à 1 500 °C. L’éruption développant des forces de 10.20 ergs ou plus, soit plus d’un milliard de chevaux-vapeur ou la puissance de 29 millions de voitures en une seconde, pouvant même atteindre 40 000 milliards de kilowatts. La lave s’échappant le long des parois parfois à plus de 100 km/h (Nyiragong en RDC) entrant en contact avec l’oxygène de l’atmosphère s’échauffe à plus de 2000 C°, et le cristal de diamant, bien qu’étant l’élément le plus résistant dans la nature, ne supporte plus cette chaleur et se sublime (à notre grand regret).

Les cristaux restés piégés dans la kimberlite ou la lamproïte (variante) survivront à l’holocauste infernal. Une lente érosion des volcans éteints, après des millions d’années, libérera les cristaux de diamants qui rouleront dans les rivières (Brésil, Sierra Leone…), vers les plages le long de l’océan (Namibie et Australie) et ainsi au fond des mers. Quelle épopée fantastique a parcouru le diamant avant de venir à nous, une histoire qu’aucun écrivain, même le plus imaginatif, n’aurait pu penser.

Les éruptions volcaniques permettent de faire remonter des minéraux enfouit dans la croûte terrestre
Les éruptions volcaniques permettent de faire remonter des minéraux enfouit dans la croûte terrestre

→ Découvrez notre guide sur la géologie des diamants

Le diamant naturel possède une beauté presque sensuelle qui provoque une émotion et une passion qui retrouvent son écho dans les instincts les plus profonds de l’être humain 4 . La raison en est peut-être que le carbone est le constituant essentiel des molécules du vivant 5.

Jamais un produit synthétique ne pourra le remplacer. Retournons plus d’un siècle auparavant, au courant des années 1880 paraît le fameux « Rubis de Genève », les journaux d’époque annoncent la fin de cette pierre précieuse. 

Qu’avons-nous vu depuis, des dizaines de synthèses sont apparues sur le marché, les unes plus sophistiquées que les autres, imitant de mieux en mieux les pierres naturelles. Et pourtant sur le marché des rubis naturels les prix sont plus forts que jamais.

Le 6 novembre 2005 Sotheby’s Genève vend un rubis de 9,24 carats à plus de 147 000,00 $ le carat et le 5 avril de cette même année, Christie’s à New York vend un rubis de 8,01 carats à près de 248 000,00 $ le carat.

→ Comment est estimé le prix d’un diamant ?

Les rubis synthétiques se retrouvent actuellement dans la bijouterie fantaisie ou bien comme casse-tête pour les étudiants dans les collections des instituts de gemmologie.

Quelle leçon devons-nous en tirer? Que le diamant synthétique restera toujours une imitation, utilisable dans la bijouterie fantaisie ou la bijouterie des grandes surfaces et sera plutôt un concurrent du CZ et de la moissanite, car le prix du diamant synthétique et traité baisse continuellement. Il faut pourtant rester vigilant, la détection des synthèses et manipulations est primordiale fin que le consommateur ne perde pas confiance dans la plus précieuse des pierres précieuses.

La maîtrise

Ce qui était pour les anciens une pierre précieuse mystérieuse et surtout indomptable (d’où son nom), ne fut maîtrisé qu’il y a un peu plus de cinq siècles. Ce ne fut au début que des ébauches de facettage, mais qui s’améliorèrent au courant des siècles suivants. Ce n’est que la dernière décennie que la taille du diamant a atteint la perfection absolue. Ceci grâce à la fulgurante évolution technologique de la fin du xxe siècle.

L’ordinateur devenant de plus en plus puissant et les programmes de plus en plus performants, on permit une optimisation de la taille créant des prismes étincelants de proportions et de finitions jamais atteints jusqu’à présent, tout en calculant le minimum de perte lors de la taille.

Le rayon laser, qui fit timidement son apparition au courant des années 70 pour le forage des piqués, s’est introduit dans les ateliers de clivage, de sciage, de débrutage et finalement dans les ateliers de taille où il prépare la taille en croix. Le tailleur du XXIe siècle est devenu un ingénieur technicien de haut niveau en « blouse blanche ».

Ce guide n’a aucune prétention scientifique, littéraire ou esthétique. Nous voulons qu’il soit principalement un guide de travail pour le jeune diamantaire, pour le bijoutier et pour le négociant en pierres précieuses en leur permettant d’avoir un aperçu sur les problèmes souvent mal connus que posent la taille, le négoce et l’expertise du diamant et, accessoirement, pour qu’ils retrouvent dans ce grand guide des notions parfois oubliées.

1. Référence : Les génies de la science, n° 30, avril 2007. 

2. Ou 700 atmosphères (métrique) ou 0,0686463 gigapascal ou 686 462,9506139 hectopascals ou 686,4629506 bars.

3.

Ère tertiaire ou cénozoïque65 000 000 d’annéesLes diamants les plus jeunes. (Exemple : la mine de Williamson)
Ère secondaire ou mésozoïqueCrétacé 141 000 000
Jurassique 195 000 000
Trias 235 000 000
Ère primaire ou paléozoïquePermienCarbonifère 280 000 000
Dévonien 345 000 000
Silurien 435 000 000
Ordovicien
Cambrien 570 000 000
PrécambrienNéo-méso
paléoprotérozoïque 
Protérozoïque 2,5 milliards d’années
Archéen 4,6 milliards d’années
Les diamants les plus anciens. (Exemple : mines d’Afrique du Sud)

Australie : micro-diamants dans des zircons, 4,25 milliards d’années

4. Citation du président de la Bourse Diamantaire et de l’HRD, J. Nutkewitz, dans la préface de la première édition de Dureté 10 en 1983.

5. Le composant essentiel des êtres vivants, le carbone, joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de la biosphère. Ce carbone appartient au monde minéral lorsqu’il est natif sous forme de graphite, de diamant, ou sous forme oxydée comme le monoxyde de carbone, dioxyde de carbone ainsi que sous autres forme de carbonates ou d’hydrogénocarbonates. Dans le monde du vivant, le carbone forme l’ossature des molécules organiques; il s’y trouve sous forme réduite, associé à l’hydrogène dans Le Cycle du Carbone, Les Conquérants fragiles, Prof. Henri Jupin, Université de Perpignan.

© Eddy Vleeschdrager – Dureté 10