Imitations et substituts du diamant

Sommaire : Imitations et substituts du diamant

Il était normal qu’en raison de sa très grande valeur, le diamant excite l’imagination des chercheurs, mais aussi des fraudeurs pour lui trouver des répliques parfois remarquables, mais toujours trompeuses. Aucune autre pierre précieuse n’a autant été imitée.

Déjà, au XVIIIe siècle, l’allemand Von Strass découvrit que le fait d’enduire de mercure un verre taillé lui donnait un éclat presque comparable à celui du diamant et son invention eut, à cette époque, un succès certain. L’imitation est facile à déceler mais, de nos jours encore, le « strass », ou verre au plomb, reste très employé en bijouterie fantaisie.

Beaucoup de pierres naturelles ont usurpé l’appellation de diamant dans le but probable d’induire en erreur; de telles appellations sont d’ailleurs formellement interdites. Ces pierres ont plus l’apparence du verre que celle du diamant.

→ C’est pourquoi vous devez tout savoir sur les diamants synthétiques

Une réplique synthétique du Cullinan I
Une réplique synthétique du Cullinan I

En voici quelques-unes, suivies du nom du minéral probable qui leur correspond :

  • diamant d’Alaska : quartz
  • diamant noir d’Alaska : hématite
  • diamant d’Alençon: quartz
  • diamant allemand: quartz
  • diamant alpin: pyrite
  • diamant d’alumine : corindon synthétique
  • diamant d’Arkansas: quartz
  • diamant de Bohème : quartz
  • diamant de Briançon: quartz
  • diamant de Brighton: quartz
  • diamant de Buxton: quartz
  • diamant de Ceylan: zircon blanc
  • diamant du Colorado: quartz légèrement fumé
  • diamant d’Hawaï: quartz
  • diamant irlandais: quartz
  • diamant Marmarosch: variété de quartz dragomite
  • diamant de Matura : zircon décoloré
  • diamant mexicain: quartz
  • diamant du Nevada : variété d’obsidienne non colorée
  • diamant du Nevada de couleur noire: obsidienne hématite ou carbonado
  • diamant noir: hématite (mais le diamant noir naturel existe)
  • diamant de Pennsylvanie : pyrite de fer
  • diamant occidental: quartz
  • diamant du Rhin: quartz
  • diamant de Saxe : topaze blanche
  • diamant de Tasmanie : topaze blanche
  • diamant de Wight: quartz

On utilise, bien que cela soit interdit, l’appellation diamant pour le quartz, le plus souvent dans des sites touristiques :

  • Diamant de Germanie: se retrouve dans plusieurs publications comme cristal de roche.
  • Diamant Harrogate : employé au courant du xvie siècle dans la bijouterie du Yorkshire.
  • Diamant d’Herkimer: morceaux de cristal de roche très lumineux dans la région de Herkimer aux États-Unis. Parfois appelé Herk par les mineurs amateurs.
  • Diamant d’Herscheimer: version allemande de Herkimer.
  • Diamant d’Hickory Hill: quartz de la région de Hickory, à 8 km de Fonda, Montgomery, New York.
  • Diamant d’Horatio: quartz de l’Arkansas.
  • Hot Springs diamond: petit quartz à double terminaison de la Pike Country en Arkansas.
  • Diamant de Hongrie ou Ungarischer diamant: quartz de Marmarosch, Hongrie.
  • Diamant Indien: quartz de la Pecos River Valley de New Mexico.
  • Diamant du Kansas: morceaux de quartz, souvent quartz fumé, du Kansas.
  • Diamant du Kentucky : cristaux de quartz provenant de géodes du Kentucky
  • Diamant de Lake Country : quartz provenant du sud de Lake Country, à environ 200 km de San Francisco, de forme arrondie.
  • Diamant de Lake George : est semblable au Herkimer diamond.
  • Diamant du Lancaster: cristal de quartz que l’on trouve dans les mines d’argent dans le Lancaster en Pennsylvanie.
  • Diamant latin: cristal d’améthyste de Mexico.
  • Diamant Lippische : cristal de quartz de Saxe en Allemagne.
  • Diamant Maramures: cristal de quartz de Herja en Roumanie.
  • Marmarozen diamant: cristal de quartz d’Autriche.
  • Maui diamond: cristal de quartz d’Hawaï.
  • Diamant Mexicain: cristal de quartz du Mexique.
  • Diamant de Mirabeau: cristal de quartz de Ramuzat en France avec un beau lustre.
  • Diamant du Montana : cristal de quartz que l’on trouve dans les montagnes Judith, dans le Montana central ; les cristaux sont souvent sans éclat.
  • Mora diamond: cristal de quartz à double pointe de la région de San Miguel, Mora, près de Las Vegas.
  • Mutzschen diamant: cristal de roche de la région de Mutzchen en Saxe, Allemagne.
  • Nevada diamond ou Nevada black diamond: c’est de l’obsidienne, aussi nommé larme d’Apache, on le trouve dans le désert du Nevada.
  • Oaxacan diamond: cristal de quartz du Mexique.
  • Paphos ou pahian diamond: cristal de quartz de l’île de Chypre.
  • Qaysumah diamond: cristal de quartz du nord de l’Arabie Saoudite.
  • Diamant du Quebec : cristal de quartz du Canada.
  • Radium diamant: cristal de quartz fumé.
  • Railway diamond: cristal de quartz trouvé lors du forage du tunnel dans les montagnes de Poona près de Bombay.
  • Rhine diamant: très vieux terme pour des morceaux de quartz trouvés dans le lit du Rhin en Allemagne.
  • Saint Maime diamant: petit cristal de quartz très limpide que l’on trouve dans les Basses-Alpes.
  • Schaumburg diamant: petit cristal de quartz que l’on trouve dans la région de Schaumburg, dans le nord de l’Allemagne.
  • Schweizer diamant: cristal de roche de Suisse.
  • Sonoma diamond: cristal de quartz de Sonoma en Californie.
  • Stolberg diamant: cristal de quartz des montagnes Harz, près de Steolberg en Allemagne.
  • Swine Creek diamond: cristaux de quartz de Swine Creek, Ashtabula, Ohio.
  • Tasmania diamond: cristaux de quartz et de topaze incolore de Tasmanie.
  • Tolfa diamond: cristaux de quartz du Monte della Tolfa près de Civitavecchia, au nord de Rome.
  • Tyrone diamond: cristal de roche de Tyrone, en Irlande.
  • Welsh diamond: cristal de quartz de la région de Wales, en Angleterre.
  • Zabeltitzer diamond: cristal de roche de Zabkowice, en Pologne.

Les « doublets » sont apparus sur le marché pendant les années qui ont précédé et suivi de près la Seconde Guerre mondiale. Ils consistent en une couronne en diamant collée sur une culasse autre qu’en diamant, par exemple en quartz, en fabulite ou en spinelle, à l’aide d’un adhésif à indice de réfraction élevé.

Ces diamants « doublets », qui consistent donc en un diamant assemblé sur un faux diamant, ont été fabriqués vers les années trente. On peut facilement déceler la supercherie si le rondiste est dégagé, soit à la loupe, soit au microscope, la réflexion de la couronne se voyant sur le plan du rondiste.

Par contre, cela est plus difficile si la pierre est montée sur une bague jonc ou en serticlos qui enserre le rondiste ou si la culasse a été taillée dans les mêmes proportions que la couronne dans un substitut donnant un maximum de réfraction. Quand il est possible de toucher la colette à l’aide d’un appareil servant à mesurer la conductibilité thermique, la fraude est immédiatement décelée.

À défaut de cet instrument, on doit étudier attentivement la taille des facettes de la culasse qui présente généralement des facettes inégales, des pavillons en losange, des facettes supplémentaires, etc. Les doublets sont rares, si pas introuvables actuellement.

MatérielCompositionIndice réfractionDispersionDuretéPoids spécifiqueCommentaire
DiamantC2,420,044103,52
SpinelleMgAl2O41,730,0283,64Comme du verre
SaphirAl2O31,770,01894Comme du verre
RutileTi O22,80,3364,26Jaunâtre
StrontiumTitSr Ti O32,410,195,55,13 Trop de couleurs (dispersions)
YAGY3 Al5 O121,830,0288,24,55 Moins brillant
GGGGd3 Ga5 O121,970,04577,02Plus lourd
CZZr1 Y O22,160,068,26
MoissaniteSi C2,65 – 2,7093,2double réfraction
Des diamants à la couleur altérée par un revêtement

Coating ou enduit

Les diamants de couleur D à H devenant de plus en plus rares, alors que ceux de couleur I à M existent en plus grande quantité, on a toujours cherché à améliorer la couleur de ces derniers. Certains faussaires, en colorant le rondiste poreux avec un liquide bleuâtre, améliorèrent sensiblement la couleur de ces pierres, mais l’effet disparaît quand on les nettoie dans l’acide ou aux ultrasons. D’autres allèrent plus loin en recouvrant toute la pierre, ou seulement la culasse, d’un film bleuté plastifié qui s’en va, d’ailleurs, après un certain temps et ne résiste pas à un nettoyage sérieux. D’autres enrobèrent uniformément la pierre d’une mince couche d’oxyde de zirconium ou de titane, ce qu’on peut détecter en plongeant la pierre dans l’azote liquide, ce qui a pour effet de craqueler la couche extérieure.

Le principe d’enduire un diamant taillé d’une couche colorée est aussi ancien que la taille, on a trouvé des pierres enduites qui datent du xvie siècle. Benvenuto Cellini (1500-1571), né dans une famille d’orfèvres et étant lui-même sculpteur et orfèvre, parle d’un enduit utilisé pour améliorer la couleur.

Au fil des siècles, différents produits sont employés, de l’encre bleue aux vernis colorés, même du vernis à ongles.

Actuellement deux techniques sont sur le marché : Soit à base de Ca F2 (Fluoride de Calcium) et Si O2 (Oxyde de Silicium).

Les pierres traitées sont de qualité jaunâtre, généralement VS ou SI. Ce n’est que le pavillon qui est enduit, jamais la couronne, cette dernière étant trop exposée à des chocs. Le produit, bien que résistant à une usure normale, est éliminable à l’aide d’un stylet au boron ou une pointe en diamant, de poudre de corindon ou dans l’acide sulfurique (H2 SO4). Un polissage des facettes au « rouge » ou « tripoli » va aussi détruire le traitement. Par contre, les pierres traitées supportent l’acétone, les détergents et l’ultrason.

Les couleurs obtenues sont toutes les couleurs fantaisies, du rose au jaune intense, au bleu, gris et vert. Le traitement se ferait par induction d’ions des différents produits, et dure environ 4 jours (transport compris).

Des pierres synthétiques
Des pierres synthétiques
Dessin idéalisé montrant la couche de couleur enduite sous la pierre
Dessin idéalisé montrant la couche de couleur enduite sous la pierre

Inspection de la culasse ou pavillon

Au microscope nous voyons que les arêtes des facettes ne sont pas recouvertes de couleur, elles restent blanches comparées au reste de la pierre. Un agrandissement maximum permet de voir des endroits moins colorés, donc des taches incolores fines et larges. Nous observons aussi une réflexion métallique, comme un film.

La couche est d’une épaisseur de moins d’un micron, mais on a observé des traitements à plusieurs couches. En fluorescence, le coating orange peut donner une fluorescence orange.

Cette technique est assez facile à détecter, mais cela sera plus difficile avec la technologie du C.V.D.

Selon le G.I.A., certaines pierres sont enduites d’une couche de fluoride de calcium (CaF2) et d’or pour créer une couleur rose ; le plus souvent ce n’est que la culasse qui est traitée. Mais d’autres couleurs peuvent ainsi être créées à partir d’une pierre incolore, par exemple le jaune, le bleu, l’orange ou le pourpre.

Lors d’un symposium du G.I.A., le Dr Emmanuel Fritsch présenta 2 diamants bleu intense qu’il créa à partir de 2 diamants jaunâtres, à l’aide d’un film de 2 microns utilisant le système C.V.D. contenant du bore. Le meilleur moyen d’identification selon lui est d’observer les jonctions des facettes qui ne sont pas recouvertes du film. Un autre produit utilisé est l’oxyde de silicium (SiO2) et un liant métallique : sous un fort agrandissement, en lumière diffuse, on peut observer une irisation de la couche ainsi que des taches et des fines lignes. On peut aussi voir des taches ou une couleur inégalement répartie, parfois même de petites bulles d’air ainsi qu’une concentration le long du rondiste. L’observation doit être faite sur toutes les facettes et l’on doit retourner la pierre plusieurs fois.

La couche varie entre 20 et 50 nm, ce qui est extrêmement fin. Le procédé supporte une température de maximum 800 °C, mais pas un passage dans l’acide sulfurique bouillant.

Facettes mal jointes, arètes ébréchées typiques pour un CZ ou une moissanite
Facettes mal jointes, arètes ébréchées typiques pour un CZ ou une moissanite

Les imitations

Les imitations récentes résultent de la recherche spatiale et sont plus difficiles à détecter, par exemple le rubis synthétique, qui a été élaboré pour le laser. Notons d’abord le YAG (ytrium-aluminium gamet) découvert il y a une trentaine d’années en Amérique à l’occasion de recherches sur le laser. Il est transparent comme le verre et se charge facilement d’électricité électrostatique, ce qui a pour résultat de le rendre terne. Il a été commercialisé en Europe sous différentes appellations comme « diamonair » par exemple. Sa commercialisation sous de tels noms est formellement interdite en France.

La « fabulite » est du titane de strontium aux éclats de couleur trop vifs, légèrement laiteux, dispersant fortement les couleurs de l’arc-en-ciel. On la retrouve souvent comme composante des doublets. En raison de sa faible dureté, à peine 6,5, on la double généralement avec du quartz.

Le spinelle et le corindon synthétiques sont largement employés parce qu’ils sont moins onéreux que les autres pierres synthétiques. On les trouve dans le commerce dans toutes les couleurs, mais c’est la couleur blanche qui est utilisée pour imiter le diamant. On les reconnaît facilement en raison de leur ressemblance avec le verre.

L’oxyde de zirconium cubique, mieux connu sous le nom CZ, est assurément le plus convaincant des substituts imitant le diamant. Ses noms commerciaux les plus usités sont: diamonite, dia-mondite, diamon-Z, diamonique III, fianite, djeva-lite, cerene, dioxide, diamond QU, disconia, diamonair II, diamonesque, diemlite. On devrait normalement l’appeler zirkelite synthétique car il a été trouvé à l’état naturel en 1937 par deux minéralogistes allemands, grâce aux rayons X, mais en si petits cristaux que le fait passa inaperçu. Le nom scientifique est zirkelite.

Sa synthèse a été faite en Russie qui en déposa le brevet en 1972, puis vint le tour des États-Unis qui en prirent également le brevet. Sa production a atteint 60000000 de carats en 1980 et on peut raisonnablement penser qu’elle a continué fortement à augmenter. Actuellement, la Suisse et l’Allemagne en sont aussi producteurs. Les centres de taille sont éparpillés à travers le monde: USA, Corée, Sri Lanka, Taïwan, Hong Kong, Bangkok et la Chine. Dans les centres européens, comme à Idar Oberstein en Allemagne, ou encore en Autriche et en France, sa taille est complètement automatisée.

On aperçoit facilement une ligne à travers, de gauche à droite, le YAG, le spinel, le quartz, plus difficilement le CZ et plus du tout sous le diamant
On aperçoit facilement une ligne à travers, de gauche à droite, le YAG, le spinel, le quartz, plus difficilement le CZ et plus du tout sous le diamant

Lorsque l’oxyde de zirconium cubique est bien taillé, selon de bonnes proportions, on peut considérer qu’il est la meilleure imitation actuelle du diamant (personnellement je le trouve mieux que la moissanite). Il est cependant plus dense, ce qui veut dire qu’à poids égal, il donne une pierre plus petite que le diamant. On peut l’identifier rapidement par sa dureté qui, à l’échelle de Mohs, se classe entre 8 et 8,5 et par son indice de réfraction qui est de 2,18. En raison de sa moindre dureté, on constate qu’un bijou déjà porté présente des arêtes de séparation abîmées entre les facettes. Sa température de fusion est très élevée, 2 750 °C, mais on peut l’abaisser par l’emploi de certains additifs. À l’occasion de sa synthèse, on obtient des morceaux de cristaux difformes et allongés, ressemblant à des pointes de couleur blanche. Il est possible de lui donner une coloration en ajoutant des éléments chromogènes. Les colorants faibles sont surtout employés pour imiter le diamant et on ajoute alors du titanium et du fer ou du cuivre et dans certains cas du césium.

En raison de sa grande ressemblance avec le diamant, certains bijoutiers et/ou d’experts utilisent l’oxyde de zirconium cubique comme étalon de comparaison pour les couleurs D, E, F, G, H. Il ne représente pas, en effet, un investissement très élevé, comparé aux étalons en diamant, mais on ne peut l’employer que d’une façon discontinue et jamais plus d’une heure en raison de son changement de couleur sous l’action de la lumière des lampes de triage. Au bout de ce laps de temps, il faut placer dans l’obscurité les pierres-étalon en oxyde de zirconium cubique avant de les réutiliser.

En présence d’une si grande variété d’imitations et de substituts, le gemmologue, le bijoutier et l’expert ne sont pas dépourvus de ressources pour déceler le vrai diamant du faux.

Un des moyens les plus simples consiste à tracer une ligne noire sur une feuille de papier blanc et de faire reposer la table de la pierre à examiner sur la feuille. À part l’oxyde de zirconium cubique, le rutile synthétique, la fabulite, certains doublets et les imitations à venir, la transparence des imitations permet de voir la ligne noire au travers de la pierre, ce qui n’est pas le cas avec le diamant, sauf s’il est très mal taillé ou si la taille est anormalement étalée.

Un autre procédé fort simple consiste à embuer de son haleine une pierre synthétique ou supposée telle, et un diamant, tous deux tenus la colette en haut. La buée disparaîtra plus vite de la surface du diamant que de celle de la pierre synthétique par suite de la plus grande conductibilité thermique du diamant. On peut aussi lever l’incertitude en ayant recours à un instrument de mesure de la conductibilité thermique (attention, pour la moissanite, il faut utiliser les nouveaux appareils).

Quand une pierre est sertie, on peut aussi remarquer que :

  • Le rondiste du diamant est mat, gris, rugueux ou taillé en petites facettes alors que celui des imitations est brillant, semi-poli;
  • Les imitations sont rayées par le corindon alors que le diamant ne l’est pas;
  • Une imitation sertie ressemble rapidement à un morceau de verre à cause de son électricité statique ; par ailleurs, elle se ternit quand on passe le doigt dessus.

Le gemmologue dispose, quant à lui, d’autres méthodes pour distinguer les vrais diamants des faux. Le premier examen est effectué à l’aide d’un réfractomètre. Celui-ci permet de faire un premier tri, par exemple pour le spinelle ou corindon synthétique, car le corindon a, dans certains cas, un si petit volume que le test de conductibilité n’est pas toujours fiable.

La méthode principale pour détecter les faux diamants est l’examen au microscope binoculaire. Quelques facteurs déterminants sont :

  • Les arêtes du diamant sont aiguës, or pour les faux diamants, elles sont arrondies lors du polissage. Les imitations présentent souvent des bords endommagés, ce qui est très rare pour un vrai diamant; le rondiste du diamant est donc granuleux ou encore taillé en de très petites facettes. Une imitation a le rondiste légèrement luisant, et présente des lignes ou des entailles suite à la taille au disque de diamant. La « barbe » est un trait typique du diamant naturel. Elle consiste en de petits traits au rondiste vers le centre. Lorsque l’on détecte un brut (les parties non taillées du diamant) dans le rondiste ainsi que des triangles ou trigons, il s’agit sans aucun doute d’un diamant naturel; la brillance d’un diamant naturel est plus puissante que celle d’une imitation, qui a plutôt un aspect vitreux. Les lignes de taille sur la table et les facettes sont caractéristiques pour les produits indiens bon marché, et vont dans toutes les directions, selon les facettes, ce qui ne se reproduit pas pour les imitations. Les lignes externes de structure contribuent également à l’identification des vrais diamants; les inclusions de graphite, de grenat et d’autres cristaux étrangers montrent, tout comme les lignes internes de structure, qu’il s’agit bien de diamants véritables. Les imitations, par contre, contiennent régulièrement des bulles d’air ou de gaz. L’oxyde de zirconium cubique, par exemple, présente de petites cavités remplies de poudre non-cristallisée 
  • La densité : son poids spécifique de 3,52, l’oxyde de zirconium cubique, ou « cubic Zirconia » 5,65, permet de l’identifier aisément. La topaze incolore a un poids approximatif (mais les topazes présentent une double réfraction et sont beaucoup plus tendres).
Tableau comparatif du diamant et de quelques-uns de ses substituts
l'astérisque signifie une imitation synthétique
Tableau comparatif du diamant et de quelques-uns de ses substituts
* imitation synthétique

Un appareil était infaillible

Celui qui voulait déceler les fraudes avait à sa disposition un petit appareil électronique, se basant sur la conductibilité thermique (de la chaleur – le diamant étant un des meilleurs conducteurs). En prenant un morceau de verre ou de métal, l’on éprouvera une sensation de froid, par contre toute matière isolante comme la ouate et le polyéthylène procurera une sensation de chaleur.

L’appareil a donc été conçu d’après ces normes. La chaleur propulsée par celui-ci dans l’élément à expertiser possède une vitesse propre à cet élément et est mesurée en quelques secondes. Le résultat apparaît alors immédiatement: diamant naturel ou matière synthétique, et cela sans erreurs possibles.

Malheureusement une nouvelle imitation est apparue sur le marché, la moissanite.

Une moissanite de 4,10 carats
Une moissanite de 4,10 carats

La moissanite

Au courant de l’année 1998, une information secoua le secteur du diamant et de la bijouterie car la nouvelle imitation de diamant réagit comme un diamant naturel sur le détecteur thermique bien connu des bijoutiers.

De quoi s’agit-il

Le minéral naturel (silicon carbide) était déjà connu depuis 1893, on le trouve, rarement, à l’état naturel en petits cristaux dans des sites géologiques exceptionnels tels que Canyon Diablo, le site d’une chute de météorite en Arizona. Le nom de moissanite fut donné en l’honneur du savant Henri Moissan en 1905. C’est un minéral rare que l’on emploie comme semi-conducteur pour haute performance. En 1987, commença la production du produit synthétique à des fins industrielles.

La moissanite synthétique est un carbide de silicium mieux connu sous le nom de carborundum. Ce produit est déjà employé depuis plusieurs décennies comme abrasif mélangé avec différents produits pour des poudres ou meules.

La dureté est de 9,5 sur l’échelle de Mohs, donc bien plus dure que le CZ (8,5).

Comme d’habitude, c’est lors de recherche en laboratoire pour des applications en électronique que le laboratoire de North Carolina a découvert ce produit qui par la suite, en 1995, s’avéra être aussi une bonne imitation du diamant.

Vu que le produit va être bon marché dans le futur, une société coréenne a décidé de le tailler en Chine populaire. 

Actuellement le prix est bien trop élevé. Par contre il faudra faire attention car l’ancien Gem Presidium Tester (conductibilité thermique) ne marche plus: il va prendre la moissanite pour du « diamant naturel ». La moissanite est bien plus proche du diamant. Heureusement la biréfringeance est très forte et donne déjà le signal d’alarme. On reçoit un dédoublement des facettes très visible sur l’axe optique, donc attention : il faut lentement tourner la pierre et observer l’intérieur à partir des étoiles et haléfis (facettes entourant la table).

Le fameux « Diamond Sure » développé par la De Beers pour découvrir les diamants synthétiques est aussi un système fiable.

Naturellement la société qui a lancé le produit, Ceres, vend aussi son propre détecteur.

Inclusions en forme d’aiguilles dans une moissanite
Inclusions en forme d’aiguilles dans une moissanite
Double réfraction dans une moissanite vue sur la table
Double réfraction dans une moissanite vue sur la table
Double réfraction dans une moissanite
Double réfraction dans une moissanite
Double réfraction dans une moissanite
Double réfraction dans une moissanite
Différence de densité entre le diamant et la moissanite dans l’iodure de méthylène
Différence de densité entre le diamant et la moissanite dans l’iodure de méthylène
Rondiste taillé, poli d’une moissanite
Rondiste taillé, poli d’une moissanite
Spectre infrarouge d’une moissanite
Spectre infrarouge d’une moissanite

En ce qui concerne les pierres non serties, donc en lot, il suffit de les plonger dans de l’iodure de méthylène – densité 3,30 – les moissanites ayant 3,22 flotteront, tandis que le diamant, avec 3,52, coulera au fond. Comme ce liquide est toxique, il faut nettoyer les pierres et surtout les mains après l’emploi. Par conséquent, la moissanite taillée aura un diamètre de ± 3 % de plus qu’un diamant.

L’indice de réfraction est 2,42 pour le diamant tandis que pour la moissanite (biréfringent) il sera de 2,65 à 2,70. Le spectrophotomètre électronique dans le visible montre une augmentation forte de l’absorption à 420 nm ainsi qu’une absence du cape à 415 nm – ce qui pourrait être une indication, bien que les diamants du type II n’ont pas cette ligne non plus. Dans l’infrarouge le spectre est nettement différent.

Le rondiste de la pierre montre un double polissage à stries qui le différencie du diamant qui est mat et rugueux ou taillé en facettes. Parfois le rondiste est poli en deux fois. On a découvert malgré tout quelques moissanites auxquelles on avait facetté le rondiste.

La jonction des facettes est moins précise que la finition d’un diamant. La raison en est que les pierres sont taillées à la main dans des pays à bas salaires où la production est plus importante que la finition. Après avoir porté quelques mois le « diamant » dans un bijou, les arêtes s’usent et l’on constate un ébrèchement à la jonction des facettes.

La pierre ressemble plus à du cristal, genre Swarovski ou Val St Lambert, qu’à du diamant.

Spectre UV-VIS d’une moissanite incolore
Spectre UV-VIS d’une moissanite incolore
Testeurs de moissanite de C3 et de Présidium
Testeurs de moissanite de C3 et de Présidium

Les arêtes des facettes sont légèrement arrondies suite au polissage, comparées à celles du diamant qui sont droites et tranchantes, le polissage étant fait sur des disques souples enduit de poudres diamantées.

La table montre souvent des fines lignes de polissage à la meule. On peut noter aussi des fines inclusions en forme d’aiguilles blanches. 

Un test fort utile est celui de Hodgkinson de la DTC, il pose les pierres sur une plaque chauffante de cuisine. Les moissanites deviennent jaunes et redeviennent blanches lors du refroidissement, les diamants restent blancs ; le test peut aussi être fait avec un briquet.

Le dernier test lors d’un doute est celui de dureté, à l’aide d’un diamant. La différence des 2 duretés selon Mohs (de 9,5 à 10) est bien moins importante que celle constatée suivant l’échelle de Knoop (cf l’explication des différentes duretés).

Le test final mais destructif à l’aide d’une pointe en diamant ou borazon
Le test final mais destructif à l’aide d’une pointe en diamant ou borazon

Tableau comparatif

CaractéristiqueDiamantMoissanite synthétique
CompositionC (carbone)SiC (carbide de silicium)
Système cristallinCubiqueTrigonal
Indice de réfraction2,422,64 – 2,70
CouleurIncolore, jaune, brun, rose, vert,
orange, bleu et noir.
Presque incolore, verdâtre,
jaune, vert, gris, bleuâtre.
LustreAdamantinMétallique, verre de plomb
Densité3,523,20 à 3,25
Dureté (Mohs)109,25 à 9,50
Dispersion0,0440,043
Dureté (Knoop)80002000

Le remplissage des déchirures (glets) ou crackfilling

La différence en valeur entre une pierre piquée ou une pierre ayant subi une amélioration n’est pas énorme ; par contre cette amélioration aide dans la plupart des cas à vendre des pierres invendables.

Le remplissage de déchirures dans des pierres précieuses et plus spécifiquement l’émeraude est aussi ancien que l’humanité. Le produit employé était de l’huile, malheureusement l’huile se dessèche et devient brunâtre ou disparaît.

Dans les laboratoires israéliens, on a mis au point un système de rembourrage des fissures et canaux de forage, par un produit vitreux à haut index de réfraction, plus résistant que la résine, mais qui malgré tout ne supporte pas l’affinage au vitriol.

Le système est naturellement gardé secret. Le produit de rembourrage serait une pâte de plomb, bismuth et oxygène qui se solidifie selon Koss et qui emploie un produit dérivé des fibres optiques.

En ce qui concerne la graduation, on doit tenir compte que l’amélioration n’est que temporaire et que la valeur en est à peine meilleure que celle d’une pierre piquée.

Effet du remplissage de fêlures
Effet du remplissage de fêlures
Un brillant de 3 ct P3 transformé en un SI suite au remplissage des glets
Un brillant de 3 ct P3 transformé en un SI suite au remplissage des glets
L'effet flash après le remplissage de fracture
L’effet flash après le remplissage de fracture

Certains diamants de provenance d’Israël ou des États-Unis peuvent avoir été traités. Les fabricants de ces pays remplissent souvent des diamants contenant des déchirures (glets) avec des produits vitreux. Ainsi un diamant contenant des déchirures importantes devient presque pur. On peut le détecter en le faisant lentement tourner entre les doigts, l’on observe à un certain moment un effet « flash » coloré (petit arc-en-ciel). Les diamants de provenance d’Anvers contiennent rarement de tels produits car les diamants y sont régulièrement nettoyés à l’acide.

Une grande quantité de pierres taillées contiennent des fissures (glets). Ces catégories de pierre sont considérées comme le bas de gamme et sont véritablement vilaines car les déchirures sont visibles à l’œil nu.

Le produit est introduit sous forte pression et résisterait, d’après le fabricant, à des températures de plus de 300 °C ainsi qu’à un nettoyage à l’ultrason. D’autre méthodes similaires sont connues, sous les noms de Yehuda et Koss d’Israël, Diascence, Genesis Enhanced et Goldman Oved de New York. Malgré tout, nous avons constaté que le produit n’est pas stable et qu’après quelques mois ou quelques années, suite aux rayons solaires, aux variations de température ou aux nettoyages agressifs, les déchirures réapparaissent. La valeur des diamants ainsi traités est de 1⁄10e de la valeur d’un non traité.

Une autre technique similaire est appelée oscillation et emploierait un système de vibration ou ultrason pour induire le produit. Le résultat est une fissure remplie d’un produit vitreux et clair, visible au microscope ou à la loupe 10 x.

On peut s’attendre à de nouvelles techniques d’amélioration de la pureté du diamant dans un proche avenir, car le diamant devenant toujours plus cher, on essaie d’améliorer ceux qui ont une moindre valeur, mais aussi les diamants qui lors de la taille ont subi un accident provenant des tensions internes, provoquant des déchirures. Ces accidents deviennent d’ailleurs de plus en plus fréquents dans les tailleries. Ce phénomène est souvent observé dans les diamants russes et australiens qui ont une genèse différente de ceux d’Afrique ou du Brésil.

Le traitement permet de les améliorer grâce à l’injection dans les fractures et les fissures dans le plan de clivage d’un produit vitreux remontant à la surface, d’un indice de réfraction d’environ 2,42, produit dérivant de la recherche dans l’industrie de la fibre optique.

Le matériau de remplissage est actuellement un verre à base de plomb et de bismuth ou bien de plomb et de brome. Suivant le fabriquant, différents produits sont utilisés.

Ainsi on obtient d’une pierre (morte) P3 une pierre SI ou même VS, pure à l’œil nu ou « eye clean » mais facilement détectable à la loupe ou au microscope. La pierre devient plus pure pratiquement sans changer de couleur. Il existe différentes méthodes mais celle qui donne les meilleurs résultats est celle de Koss qui donne moins d’effet arc-en-ciel ou « flash » (couleur jaune orange virant au bleu électrique) en « champ noir » sous le microscope, effet souvent obtenu par d’autres méthodes.

Les déchirures venant à la surface donnent les meilleurs résultats jusqu’à une ouverture de 0,25 micron.

À l’étude au microscope, on remarque une substance semblable au verre fondu dans les interstices, créant une structure anormale. On trouve parfois de minuscules bulles d’air emprisonnées dans le liquide, formant ainsi une empreinte digitale (fingerprint) ou parfois une structure craquelée. La meilleure méthode pour déceler la supercherie est de bouillir longtemps la pierre dans le vitriol. Car sous les rayons ultraviolets on ne remarque rien, de même que sous le polariscope.

Aux rayons X, nous observons facilement le remplissage. Le SEM (scanning electron-microscopy) montre nettement le remplissage, tout comme l’analyse à la fluorescence rayons X (EDXRF), et également la spectroscopie Raman. Mais ce sont des appareils hautement sophistiqués utilisés par les grands laboratoires et les universités.

Récapitulation

La méthode de détection pour le gemmologue est le contrôle sous le microscope ouvert au maximum de sa lumière et de son agrandissement, qui permet ainsi de contrôler les traces de fissure extérieure qui pénètrent et ne disparaissent pas dans la pierre.

  1. Le contrôle s’effectue dans les meilleures conditions mais vu à l’envers: par exemple une déchirure sur la table sera observée par le pavillon et sur le pavillon sera observée par la table. L’observation sera faite à l’aide du champ noir.
  2. On rencontre des petites bulles de gaz dans le produit de remplissage imitant les empreintes digitales (fingerprint) que l’on rencontre dans des saphirs.
  3. Certaines pierres ont des petites bulles à l’extérieur de la fissure comme si le produit avait débordé par la chaleur.
  4. Certaines fissures ont une texture craquelée.
  5. Le produit ne supporte pas le vitriol ni le deep boiling sous vide.
Vider le forage au moyen de décharges électriques
Vider le forage au moyen de décharges électriques
Enlever l’inclusion par deep boiling en utilisant des acides concentrés
Enlever l’inclusion par deep boiling en utilisant des acides concentrés

Pourtant il faudra faire attention, il y a des pierres qui ont des déchirures naturelles entourées d’un halo comme un arc-en-ciel qui sont dues à des tensions internes.

Si des pierres traitées sont exposées pendant plusieurs heures à l’ultrason, le produit devrait se détériorer selon le Northwest Gemmological Laboratory ; toujours selon le même laboratoire, une exposition à une forte source de rayon UV donne de l’érosion (pendant ± 40 heures) à la surface du procédé. Actuellement des rubis Birman sont aussi traités de la même manière.

Nom et interdiction d’interpellation – Synthèse et imitation

NomInterpellations fréquentes
Cubique Zirconia synthétiqueCZ
Diamond-Z *
Diamonaire *
Diamonique *
Djevalit
Phyanite
Gadolinium Gallium GrenatGGG
Galliant
Triple G
Saphir synthétiqueCrown Jewel
Diamondite *
Diamondflame *
Gemette
Walderite
Spinelle synthétiqueAlumag
Lestergem
Magalux
Strongite
Wesselton Simulated Diamond
Yittrium Aluminum Garnet YAGAmatite
Alexite
Dia-Bud
Diamite
Diamogem *
Diamonair *
Diamone *
Diamonique *
Diamonte *
Di-Yag
Linde Simulated Diamonds
Nier-Gem
Regalaire
Replique
Somerset
Triamond *
Strontium TitanateBal de Feu
Brilliante
Continental Jewels
Diagem *
Diamontina *
Dynagem
Fabulite
Kenneth Lane Jewel
Lustigem
Marvelite
Rossini Jewel
Sorella
Pauline Trigere
Wellington
Zenithite
Rutile synthétiqueAstryl
Diamothyst *
Gava Gem
Jarra Gem
Johannes Gem
Kenyagem
Kima Gem
Kimberlite Gem
Lusterlite
Miridis
Rainbow Diamond *
Rainbow Magic Diamond *
Rutile Synthétique
Saphirize titania
Star-Tania
L’astérisque * signifie l’interdiction d’interpellation

© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager