Le marché du diamant

Sommaire du chapitre : Le marché du diamant

Le secteur du diamant s’est développé en une gigantesque puissance économique avec une infrastructure solide. Au centre, se trouve le « diamantaire », terme général désignant toute personne qui a affaire directement au diamant.

Profits approximatifs de la mine au détaillant
Profits approximatifs de la mine au détaillant
Tel Aviv a connu son essor après la 2e guerre mondiale mais doit aussi combattre la concurrence des pays à bas salaires
Tel Aviv a connu son essor après la 2e guerre mondiale mais doit aussi combattre la concurrence des pays à bas salaires

De la mine au détaillant en milliards de dollars, d’après Chaïm Even­Zohar
De la mine au détaillant en milliards de dollars, d’après Chaïm Even­Zohar

Le diamant est d’abord pris en main par l’ouvrier diamantaire, pour le clivage, le sciage, la coupe et la taille. Le tailleur suit d’abord six années de formation dans une école technique où il se familiarise avec les techniques de base. Ensuite, il est confronté à la pratique de la taille. Au fil des ans, les tailleurs d’Anvers se sont forgé une excellente réputation mondiale comme « allround cutter ».

Israël a réactualisé le métier de tailleur en spécialisant chaque tailleur dans un aspect particulier de la taille. De cette façon, le travail à la chaîne a fait son entrée dans le secteur du diamant après la Seconde Guerre mondiale. Ce système est appliqué aujourd’hui dans différents pays à bas salaires. L’entrepreneur est souvent un ouvrier diamantaire qui s’est établi à son propre compte et qui dispose d’un atelier propre avec des moulins de taille et du personnel. Il s’approvisionne en diamant brut auprès des fabricants au centre des diamants et il endosse la responsabilité de la taille.

Il se charge de tous les frais : les impôts et les taxes, les cotisations sociales du personnel, etc. Dans les années soixante, certains entrepreneurs belges employaient de 200 à 300 personnes. Le négociant diamantaire est, comme son nom l’indique, la personne qui achète et qui vend le diamant. Il achète les diamants bruts dans les pays producteurs et les revend sur le marché du diamant ou dans de grands centres comme New York, Anvers, Dubaï ou Tel-Aviv. Le fabricant de diamants n’est pas la personne qui « fabrique » le diamant. Il dispose de son propre atelier de taille, il achète des diamants bruts et les fait traiter dans son atelier. Le fabricant doit disposer d’énormes réserves financières car le brut qu’il achète ne sera revendu qu’au bout de trois ou de quatre mois dans le meilleur des cas. En plus, il doit acheter au moins quatre lots de diamants : il achète le premier lot, prépare le second, fait traiter le troisième en atelier, alors que le quatrième est proposé à la vente.

Il y a deux types de fabricants de diamants : d’une part ceux qui ont la « vue » de la Diamond Trading Company (D.T.C.), et d’autre part ceux qui achètent des outside goods sur le marché du brut à Anvers.

Souvent, le marchand de diamants bruts est appelé super­dealer pour son rôle d’intermédiaire entre la De Beers et le petit fabricant. Le marchand de diamant a accès à la D.T.C. à Londres ou encore, via des comptoirs d’achat, il dispose de contrats avec divers pays producteurs.

Le courtier en diamant constitue un maillon irremplaçable dans le commerce du diamant brut et taillé. Chaque diamantaire travaille avec des courtiers. Leur champ d’action ne couvre que quelques centaines de mètres carrés, car on ne les retrouve que dans les environs des quatre bourses (Hoveniersstraat — Schupstraat — Pelikaanstraat) d’Anvers. De nombreux courtiers sont des juifs orthodoxes.

À la fin des années soixante-dix, les marchands se basaient sur différentes listes de prix pour connaître le prix du diamant. Les prix variaient quotidiennement et le besoin se fit ressentir de disposer d’une liste de prix correcte. Mais les marchands s’y opposèrent car ils avaient tout intérêt à ce que leurs tarifs, et surtout leurs marges bénéficiaires, demeurent secrets.

Actuellement de nouveaux producteurs sont apparus, Rio Tinto, BHP Billiton, Argyl, Alrosa, qui offrent, tout comme la D.T.C., des « vues » à leurs clients. Tous ces nouveaux grands producteurs ont leurs bureaux de vente à Anvers.

De nombreuses firmes se sont mises à imprimer des listes de prix en dollars ou en francs belges ou reprenant des indices établis par le H.R.D., Nydex, Cendex, Tubero, Gem Price Report et autres ; même le journal financier belge, L’Écho de la Bourse, donna au début des années quatrevingt les cours mensuellement. Finalement il ne reste plus que The Guide et Palmieri’s Market Monitor au États-Unis et surtout la liste de Martin Rapaport, le Rapaport Diamond Report, utilisé par toute la chaîne, du fabricant au bijoutier.

Un index de prix Rappaport pour les diamants tailles poire
Un index de prix Rappaport pour les diamants tailles poire
Un index de prix Rappaport pour les diamants ronds
Un index de prix Rappaport pour les diamants ronds

Une nouvelle liste, anversoise, est sortie il y a quelques années, l’A.D.L., (Antwerp Diamond List) qui reflète très fidèlement les fluctuations des valeurs sur le marché diamantaire.

Liste de prix A.D.L.
Liste de prix A.D.L.

Les prix des :

  • Marquises sont à – 4 %
  • Émeraudes sont à – 7 %
  • Princesses sont à – 3 %

Depuis les années soixante-dix les laboratoires d’expertises poussèrent comme des champignons, certains étaient valables, d’autres étaient moins scrupuleux dans leurs expertises.

Après un certain temps, quelques bureaux de certificats fiables purent survivre, comme les G.I.A., H.R.D., C.C.I.P. (pour la France), I.G.I. et E.G.L. USA et S.S.E.F. (Suisse). Depuis de nouveaux laboratoires sont apparus, tel que A.G.S. et dernièrement l’International Diamond Labo­ ratories (I.D.L.) de Dubaï.

Le début des années quatre-vingt fut une période noire pour les marchands de diamant. Les prix furent en chute libre, semaine après semaine, et Martin Rapaport fut stigmatisé. Tous les fabricants prononcèrent un boycott et il fut radié de la bourse de New York pour un an.

De nos jours toutefois, les acheteurs ne se reconnaissent pas seulement à leur loupe et à leur pincette, mais aussi au Rapaport et à leur calculatrice. Le Rapaport est devenu la norme. Un exemple: « J’offre 20 % sous le Rapaport. » Réponse : « Pas question, je veux 15 %. » Le juste milieu se situe en général aux alentours de 18 % sous Rapaport. Parfois, lors de pénuries, les prix dépassent la liste.

Chaque vendredi, Martin Rapaport publie une nouvelle liste, distribuée dans le monde entier. Une fois par mois, il publie une liste des tailles de fantaisie. Martin Rapaport a même à un réseau d’informations international, que tous les marchands de diamants peuvent consulter par ordinateur via Internet, où tous les vendredis les listes sont mises à jour.

Marché du diamant brut

La théorie de Cecil J. Rhodes était que pour assurer la stabilité du prix du diamant, il fallait en contrôler la production pour l’adapter à la demande, mais aussi la vente pour éviter les trop grandes fluctuations des cours. C’est ainsi qu’a été créée la Diamond Producers Association qui décide des quotas des mines sous le contrôle du groupe De Beers et de celles qui lui sont liées par des accords. Quant à la vente, elle s’effectue par la Cen­ tral Selling Organization (C.S.O.) qui est un groupement de compagnies spécialisées dans la vente du diamant de joaillerie ou industriel. Dans ce cadre, les diamants de joaillerie sont négociés par la Diamond Trading

Company (D.T.C.) et les diamants industriels par la De Beers Industrial Diamond Division Ltd. De plus, par l’intermédiaire de ses sociétés satellites, comme Diatrada, Diamdel, Belsort, la C.S.O. mettait en vente le taillé et le semi-travaillé sur le marché. Sur la base d’une telle organisation, le groupe De Beers était ainsi en mesure de contrôler 80 % de la production mondiale de brut et d’assurer 85 % des ventes mondiales de brut.

Depuis l’aube du xxie siècle, la donne a fortement changé ; d’une part la parution de nouveaux producteurs et d’autre part la nouvelle politique de supplier of choice, S.O.C. ou encore la problématique du « diamant du sang » et l’instauration du document Kimberley.

Siège de la De Beers
Siège de la De Beers

SUPPLIER OF CHOICE OU LE FOURNISSEUR DE CHOIX

Une initiative de la De Beers qui bien que constructive a fait couler beaucoup d’encre et provoqua des nuits blanches à plusieurs clients du groupe sud-africain.

Cette initiative est constructive pour une raison principale : elle aura non seulement une influence positive sur les clients de la D.T.C. (Diamond Trading Company) mais aussi sur tout le secteur diamantaire. Le point le plus important dans cette charte est en fait un code d’éthique. Les diamantaires, clients du « Syndicat » de Londres, s’engagent entre autres dans une déontologie stricte envers les fameux « diamants de conflit ».

BACK TO THE ROOTS (LE RETOUR À L’ORIGINE).

Le diamantaire a toujours eu une éthique propre au métier de la pierre précieuse, qui se passait de père en fils. Malheureusement suite à la

mondialisation du négoce, le secteur a été confronté à une infiltration, bien que restreinte, de négociants peu scrupuleux.

Le diamant provenant souvent de pays à régime instable représentait pour certain l’occasion de rentrer dans le secteur diamantaire à qui l’on reprochait d’être trop fermé.

Ajoutons que les sightholders sont déjà triés sur le volet depuis le départ car il n’est pas donné à tout le monde de devenir client de « Londres ». Une enquête est faite par le biais des courtiers de la D.T.C. (Diamond Trading), filiale de la De Beers, sur l’honorabilité, la situation financière et la spécialisation du client.

La nouvelle politique a été un tournant important dans cette société plus que centenaire. Le fait d’appartenir au cercle restreint des sighthol­ ders est déjà en soit une image de marque qui crée la différence entre les diamantaires.

Le diamantaire sightholders (il y en a une petite centaine de par le monde) n’a pas seulement des avantages, car il s’engage envers son fournisseur à participer à la promotion du diamant et à se rapprocher du consommateur. Pour la D.T.C., l’image de cartel disparaît avec cette politique de collaboration de commercialisation.

Mais revenons au reproche de cartel ; trust, empire, dynastie, tant de surnoms qui ont été donnés à cette société qui reflète l’image même de la plus grande réussite financière du xxe siècle.

Grâce à sa situation de monopole, elle a, au courant du xxe siècle, contrôlé de 70 à 80 % du marché diamantaire, lui permettant de stabiliser un marché qui était en pleine débâcle à la fin du xixe siècle. Depuis le mineur au tailleur, en passant par les négociants et bijoutiers, tous ont souffert de cette période où les cours du diamant plongeaient et se redressaient selon les situations économiques et politiques.

Anvers principalement, mais aussi Amsterdam ont connu les pénibles périodes de disettes où les tailleurs ne connaissant pas le chômage, devaient travailler dans les meilleurs des cas comme débardeurs au port d’Anvers ou retournaient aux champs, suivis de périodes de faste et d’abondance mais de courte durée.

Comme nous l’avons vu, la politique de De Beers était pourtant simple : en période de récession, elle gardait en stock le diamant brut pour que le cours reste stable, en période « chaude », de forte demande, elle vendait de plus grandes quantités pour ne pas faire « flamber » les prix.

Cette politique, dans laquelle tout le monde trouvait son compte, du producteur au consommateur, a eu comme effet qu’au courant du xxe siècle, le diamant n’a pas trop souffert des différentes crises économiques.

La De Beers a toujours pris en charge la promotion du diamant, dans lequel elle a investi annuellement des millions de dollars depuis des décennies. La demande à sa clientèle de participer à cet effort est donc fort logique, vu que sa position de monopole, tellement critiquée, n’est plus.

Certains diamantaires reprochent à la De Beers son système de vente où elle attribue d’office la marchandise à ses clients, ce dernier n’osant pas refuser doit prendre… ou laisser. Ces déclarations ne sont pourtant pas toujours fondées.

Comme nous l’avons déjà expliqué, une enquête est faite par le courtier de la D.T.C., sur le type de fabrication du client ; la D.T.C. n’a par exemple aucun intérêt de vendre des petites pierres à des fabricants anversois qui se sont spécialisés dans les pierres de haut de gamme. En plus la De Beers n’est pas un « fabricant » (dans le sens de créateur) de diamant, mais un producteur qui creuse dans les entrailles de la terre à la recherche des cristaux précieux et notre mère la terre ne donne que ce qu’elle veut.

Lorsque plusieurs clients demandent le même produit, que faire ? Devant cette situation, la D.T.C. devra choisir le client qui recevra la marchandise convoitée. La question suivante est celle des critères de cette sélection.

Les critères de choix des sightholders sont bien définis, ils doivent prouver une solidité financière, avoir une stratégie professionnelle de marketing et une excellence technique dans leurs métiers de tailleurs, ce qui revient à une clientèle sélectionnée.

Tous les deux ans, une remise à jour sera faite auprès de la clientèle, qui fera état de ses efforts promotionnels, son originalité, les résultats de sa fabrication. Un bilan sera fait et que meilleur gagne.

C’est le client lui-même qui définira le palmarès de ses résultats obtenus. Il dresse la liste des desiderata pour l’avenir. Cette liste sera mise en comparaison avec les desiderata de ses confrères.

Une autre initiative que la D.T.C. encourage est l’élargissement et la diversification du client. La tâche du fabricant diamantaire ne s’arrêtera plus à la sortie d’usine mais on l’encourage à poursuivre la chaîne vers la fabrication du bijou, la vente directe au consommateur, la création de bijoux originaux, la vente par le biais des grandes chaînes de bijouterie et pourquoi pas la vente sur Internet.

Les trois critères principaux sont défendables, la solidité financière est indispensable dans un secteur où des sommes importantes sont investies dans le brut, les tailleries et le stock, ce dernier point est le plus important car un diamantaire qui n’a pas de réserve serait enclin à « brader » son stock en période plus calme, ce qui est négatif pour tout le secteur ainsi que pour le consommateur qui a investi dans le diamant.

Les banques ont toujours joué un rôle important dans le secteur diamantaire. Trois banques importantes se sont même réunies pour créer une banque typique pour les diamantaires ; ainsi fut créée la Banque diamantaire anversoise. D’autres banques sont venues se joindre au secteur, si bien qu’actuellement le diamantaire a le choix parmi trois banques spécialisées, la B.D.A., l’ABN-Amro et la Bank of India. Les banquiers s’alignent sur la politique de De Beers car une trop forte dette auprès des banques est malsaine pour le secteur.

Le nombre de clients diminuera, mais l’approvisionnement en diamants brut sera mieux sélectionné et la quantité sera en augmentation si le client le désire, dans la mesure du possible.

Toute cette campagne entraîne un renouveau du secteur, et permet de redynamiser la mentalité un peu vieillotte et dépassée du diamantaire classique ; celui-ci devra se réveiller et observer les autres secteurs de consommation dynamique en pleine expansion. C’est finalement le consommateur qui en sortira gagnant.

La D.T.C. offre en prime à sa clientèle de choix la possibilité d’utilisation de son nom, l’image de marque D.T.C. Sightholder, garantissant ainsi au consommateur une origine « propre », Anvers offrant en plus la garantie d’une pierre « taillée dans les meilleures conditions sociales ».

Les Canadiens ont été les premiers à utiliser une marque d’origine ou branding en employant un petit ours polaire (ils n’ont pas osé employer un bébé phoque, vu le massacre de 975 000 bêtes prévu pour les trois prochaines années).

La Russie quant à elle, devrait renouveler son contrat avec la De Beers, la société Alrosa préférant un partenaire fiable.

Comme nous le voyons, l’aube du xxie siècle s’annonce riche en renouveau ; des mines s’épuisent comme l’Australie, d’autres sont découvertes et rentrent en production, le Canada pour le citer, qui deviendra le plus grand producteur de diamant.

La production « paternelle » de la De Beers a dû faire place à de nouveaux acteurs : BHP-Billiton, Rio Tinto, Alrosa, Aber Diamond Corporation, Ashton Mining, et bien d’autres.

LES DIAMANTS DU « SANG »

Depuis plusieurs années déjà, le secteur diamantaire était à la une des médias avec la question des diamants provenant de conflits, les dia­ mants du sang.

Le tout commença lors de l’indépendance de l’Angola qui vira à gauche avec un régime soviétique pur et dur. Des soldats cubains furent envoyés en renfort pour maintenir le régime. Le résistant contre-révolutionnaire Savimbi était le héros des pays démocratiques soutenu par la CIA. Malheureusement, lorsque le régime s’écroula avec la chute de l’empire soviétique, Savimbi resta dans son maquis et devint ainsi l’ennemi n° 1 qui profitait de certaines ressources de mines diamantaires pour se fournir en armes et munitions.

Lors de sa mort sur le champ de bataille, la paix s’installa après des décennies de guerres civiles. En 2007 sortit un film sur la situation désastreuse qu’avait connu la Sierra Leone une dizaine d’années auparavant, ce qui a provoqué beaucoup d’émotions dans le secteur.

D’autres pays africains ont été malheureusement aussi le théâtre de guerres civiles. L’origine en était l’erreur fondamentale commise lors de la colonisation par les pays européens. Ils ont partagé le « gâteau » selon leurs influences politiques, sans tenir compte des royaumes, des groupes ethniques et des religions.

Le résultat est que lors de l’indépendance, les anciennes colonies se sont trouvées devant une mosaïque de groupes ennemis. Des guerres fratricides à la machette (ou, pour ceux qui en avaient les moyens, à l’arme automatique) en furent le résultat.

Les armes automatiques et les munitions s’achètent « rubis sur l’ongle » avec des matières premières, principalement l’or, le coltan, l’uranium, le cuivre et malheureusement aussi le diamant.

Les Nations Unies ont pris Anvers comme exemple et ont exigé des autres centres diamantaires de suivre l’exemple.

La raison est évidente : Anvers négocie plus de 80 % de la production mondiale du diamant brut et plus de 60 % du diamant taillé.

Les autres centres tels que Tel-Aviv, Dubaï et Mumbay ont été aussi obligés d’instaurer des contrôles sur base du fameux document « Kimberley », d’après le nom de la ville où le protocole international fut signé.

La production mondiale représentait en cette période près de 7 milliards de dollars. Tous les pays belligérants réunis ne représentaient même pas 2 % de la production mondiale, actuellement c’est même moins d’un pour cent, ce qui était encore trop pour les diamantaires.

La Sierra Leone a retrouvé la paix et le pays profite à nouveaux de ses ressources diamantaires pour reconstruire ses infrastructures ; il en est de même pour le Libéria et l’Angola. La production diamantaire y est actuellement contrôlée par le processus Kimberley, et les revenus sont investis directement dans la reconstruction et le bien-être du peuple.

Malheureusement, il faut bien avouer que ce sont des paix fragiles, une étincelle pouvant mettre le feu aux poudres aussi bien au Congo qu’en Côte d’Ivoire, sans parler des autres pays africains.

Avec le document « Kimberley », le secteur diamantaire a instauré un système efficace adopté par tous les centres diamantaires : il est impossible d’importer du diamant brut sans le fameux document émis par le pays d’origine.

Des diamants de provenance illicite ne trouvent donc plus d’acheteurs. Selon les sources officielles, la part des « diamants sales » est passée de 2 % à moins de 0,7 % et le but est la tolérance 0.

Origine

Anvers a toujours eu un contrôle strict sur les importations et exportations du diamant brut et taillé par le biais du Diamond Office (D.O.), département de l’H.R.D. actuellement nommé l’A.W.D.C. Il s’agit là d’un régime qui existait déjà bien avant les résolutions des Nations Unies. L’H.R.D. avait instauré un département spécifique, l’International Af­ fairs, sous la direction de Marc Van Bokstael, travaillant en collaboration avec les gouvernements africains pour régulariser les transactions entre Anvers et le pays d’origine.

Même les banques diamantaires anversoises ont averti leur clientèle que leurs comptes seront clôturés si le diamantaire ose importer du diamant brut sans le document d’origine « Kimberley ».

Les bijoutiers américains ont instauré un Code of Practices, les bourses diamantaires anversoises un code de déontologie. Le secteur devient presque hermétique au négoce illicite.

En juin 2004 à Paris, lors de la Conférence européenne des pierres précieuses, la Guilde du diamant et des pierres précieuses a proposé un système de contrôle de la source au consommateur : le 5e C (de confiance).

Grâce au diamant

N’oublions pas les millions de dollars qui ont été investis grâce aux productions diamantaires, dans des écoles, des hôpitaux, le combat contre le sida, des logements sociaux, des barrages etc. dans des pays comme le Lesotho, la Namibie, le Botswana et en Angola, au Libéria et en Sierra Leone où la paix est revenue.

Au Botswana, 30 % du P.N.B. et 80 % des devises étrangères proviennent des exportations du diamant. Au départ un des pays les plus pauvres de la planète, le Botswana s’est haussé parmi les 3 pays africains les plus riches avec 9 % d’expansion économique par an, ce qui le place au premier rang mondial.

En Afrique australe, les revenus générés par le diamant permettent à 5 millions de personnes l’accès aux services de santé. Plus de 10 millions de personnes vivent directement ou indirectement du secteur du diamant.

LE PROCESSUS KIMBERLEY

Les gouvernements, l’industrie diamantaire I.D.M.A., les bourses diamantaires W.F.D.B., les associations de bijoutiers et les O.N.G. ont en l’an 2000 uni leurs efforts pour garantir que les diamants provenant des pays producteurs ne servent plus au financement des mouvements rebelles. Cette initiative fut soutenue par l’Assemblée générale des Nations Unies et a reçu le nom de Processus de Kimberley. C’était aussi la première fois qu’une industrie à l’échelle mondiale coopérait avec l’ONU, pour résoudre un important problème humanitaire. Le 5 novembre 2002, 52 gouvernements ont ratifié et adopté le Processus de Kimberley, une initiative visant à exclure les diamants vendus illégalement pour financer des conflits. Aujourd’hui, 68 gouvernements, associés aux O.N.G. et à l’industrie du diamant, se sont engagés et légalement liés au processus mandaté par l’ONU.

Selon les termes du processus de Kimberley, tout transport de diamants bruts traversant une frontière internationale doit se faire dans un conteneur scellé, accompagné du certificat du Processus de Kimberley validé par le gouvernement du pays d’origine garantissant qu’ils ne servent pas à financer un conflit armé. Chaque certificat est inviolable, possède un numéro de série unique et inclut des informations décrivant le contenu du conteneur. Le chargement ne peut être exporté que vers un autre pays signataire du processus de Kimberley. Aucun conteneur non certifié ne passe la frontière d’un pays participant. Le Processus de Kimberley exige des pays signataires qu’ils instituent des systèmes de contrôle internes afin de protéger les diamants lorsqu’ils sont envoyés vers le premier point d’exportation. Bien que le système ait malgré toutes les précautions des failles, c’est une garantie sérieuse de contrôle des diamants illicites. Si le même processus était organisé pour le coltan, l’or, le cuivre, d’autres ressources et surtout le négoce des armes, la paix serait garantie.

En 2000, l’industrie diamantaire a clairement annoncé sa politique de tolérance zéro à l’égard des diamants de la guerre, s’engageant à ne pas traiter avec des entreprises ne respectant pas le Processus de Kimberley. Dans le courant de cette même année, le W.D.C. (World Diamond Council) dont la tâche consiste à s’attaquer au problème au nom de l’industrie diamantaire globale, a vu le jour.

Le W.D.C. et ses membres ont adopté un système qui garantit à tous les acheteurs (le commerce de bijoux en détail inclus) que les diamants vendus ne servent pas à financer des conflits armés. Ledit système de garanties implique que toutes les factures contiennent une déclaration prouvant que les diamants en question proviennent de régions exemptes de conflits.

À combien se chiffre la quantité de diamants contrôlés par le Processus de Kimberley ?

Aujourd’hui, plus de 99 % de la production totale de diamant est contrôlée par le Processus de Kimberley. Cela signifie que plus de 99 % des diamants bruts sont certifiés et n’ont par conséquent pas servi à financer des conflits armés.

Combien de pays ont­ils adapté leur législation afin de rendre les diamants de la guerre illicites ?

Pour qu’un pays puisse souscrire au Processus de Kimberley, la condition minimale est bien entendu qu’il introduise le Processus de Kimberley dans sa législation. Depuis janvier 2007, 71 pays ont approuvé l’éradication du commerce en diamants de la guerre au niveau national. Les sanctions diffèrent, mais quiconque commercialise des diamants bruts non certifiés par le Processus de Kimberley, commet un délit.

2007 : Actuellement, seul un pays producteur de diamant est défini par les Nations Unies comme étant un pays en état de guerre: la Côte-d’Ivoire. Le gouvernement de la Côte-d’Ivoire, un pays qui produit une quantité peu importante de diamants, a suspendu toute exportation officielle de diamant brut jusqu’à ce qu’il retrouve sa stabilité sociale.

Ainsi, la République du Congo (également connue sous le nom de Congo Brazzaville) a été temporairement suspendue parce qu’elle ne pouvait pas démontrer de manière satisfaisante son observation du Processus de Kimberley. En outre, le Libéria, jadis un pays en guerre, ne l’est plus aujourd’hui mais il ne participe pas au Processus de Kimberley.

Liste de participants au Processus de Kimberley (d’application depuis le 1er janvier 2007)
Liste de participants au Processus de Kimberley (d’application depuis le 1er janvier 2007)
EXEMPLE DU TRIAGE DES DIAMANTS BRUTS À LA C.S.O.
EXEMPLE DU TRIAGE DES DIAMANTS BRUTS À LA C.S.O.

La Central Selling Organization et les « vues »

LA CENTRAL SELLING ORGANIZATION ET LES « VUES » Outre son approvisionnement en diamants bruts via la Diamond Produ­ cers Association, la C.S.O. possède des bureaux d’achat dans différents pays dont elle assure l’achat de la production : République Centrafricaine, Sierra Leone, Libéria, Venezuela, Brésil etc.

À Londres, comme à Johannesburg, elle effectue le tri des diamants en près de 3 000 catégories différentes. Ce tri, assez complexe, classe les pierres en plusieurs catégories de grosseur dont chacune d’elles sera encore triée par des spécialistes expérimentés, selon la forme des cristaux, leur pureté, leur couleur. Ce tri permet l’évaluation de chacune des catégories de brut et de constituer les « vues », plus connues sous le nom anglais de sights.

Une « vue » est un approvisionnement en diamants bruts dont la valeur peut varier entre 500 000 et 2 000 000 de dollars. Il est offert selon la

demande du marché, la capacité de l’acheteur évaluée en fonction de sa spécialité (clivage, sciage, débrutage, taille), de l’effectif de son personnel et de son envergure financière. L’attribution en est limitée à un très petit nombre d’élus diamantaires, les plus solides. Ils sont invités à venir voir à Londres la marchandise qui leur est offerte (d’où son nom de « vue ») mais de toute manière, ils savent à l’avance qu’ils doivent l’accepter car en principe si une « vue » est refusée, il n’en sera plus offert d’autre, ce qui signifie qu’il faut avoir de bonnes réserves de capital afin de continuer à recevoir du brut, même en période d’accalmie sur le marché du taillé.

La « vue » peut aussi être offerte à des grossistes en brut qui revendent à des fabricants non agréés par la D.T.C.

Marché du diamant brut « Hors D.T.C. »

Le diamantaire qui désire se procurer du brut a toujours la possibilité de se fournir auprès des quelques rares privilégiés des vues. Ces derniers reçoivent en effet, dans les « boîtes » qui leur sont attribuées, des pierres dont ils n’ont pas toujours l’usage et dont ils peuvent se dessaisir.

Il peut également s’approvisionner sur le marché des marchandises

« hors D.T.C. » appelé aussi outside, c’est-à-dire provenant de la production mondiale non contrôlée par la De Beers ; ajoutons les nouveaux producteurs, Rio Tinto, BHP Billiton et autres, chez lesquels le diamantaire trouve aussi un approvisionnement et qui viennent principalement du Venezuela, du Brésil, de l’Angola, du Ghana, du Congo, etc. En cas de récession, il est arrivé de trouver du brut sur le marché anversois à des cours inférieurs à ceux de Londres. Comme la De Beers, Moscou propose aussi des vues qui sont réservées à quelques diamantaires solidement installés, à cette différence près que si la De Beers pratique le take it or leave it, (à prendre ou à laisser), les Russes laissent toujours la possibilité d’une petite discussion.

RIO TINTO ET LE DIAMANT

Lors de la 8e Conférence européenne des pierres précieuses tenue à Paris, Peter Topen, directeur commercial de Rio Tinto Diamonds, donna un exposé sur la production diamantifère, et spécifiquement sur les investissements énormes qui accompagnent la prospection et l’exploitation mais aussi la promotion du diamant qui absorbe de lourds budgets.

La présentation de la firme Rio Tinto est superflue même pour celui qui ne s’intéresse pas à l’économie. Pourtant ce producteur multinational s’est engagé depuis 1979 dans une nouvelle voie : la prospection et l’exploitation de mines de diamants, et depuis 1996 dans leur commercialisation.

Principalement active dans l’exploitation des minerais ferrugineux, le cuivre, l’aluminium, le charbon et l’or, la firme s’est intéressée depuis 1979 à l’exploitation diamantifère.

La mine d'argyle en Australie
La mine d’argyle en Australie
L’exploitation souterraine de Rio Tinto au Canada

AUSTRALIE

Les premières découvertes de mines de diamants dans des sites lamproïtiques datent des années soixante-dix : l’exploitation commença avec la mine d’Argyle en 1985. Déjà plus de 600 millions de carats (100 tonnes) de diamants ont été produits par la mine d’Argyle, dans l’ouest australien. C’est la plus grande mine du monde en volume.

La moitié de la valeur de la mine d’Argyle provient des diamants bruns et également de « quelques » diamants roses de grande valeur. L’idée de lancer des collections de bijoux contenant des diamants « Champagne » et « Cognac » était géniale. La combinaison des diamants naturellement colorés et de l’or connaît un joli succès.

Jusqu’à présent l’exploitation était à ciel ouvert, mais la décision a été prise fin 2005 de prolonger l’exploitation de la mine de 2008 à 2018 par la construction d’une mine souterraine, moyennant un investissement de près de 900 millions de dollars.

Mais Rio Tinto a continué la prospection dans le Grand Nord Canadien, les Territoires du Nord-Ouest, dans la région du Lac de Gras, Yellowknife. Des pipes kimberlitiques (contenant du diamant) s’y trouvent même sous le lac. L’ensemble du projet d’exploitation représente un budget de pas moins de 1,3 milliard de dollars canadiens, et la commercialisation des diamants de la mine de Diavik a commencé en 2002. Rio Tinto partage la production avec Aber, par ailleurs propriétaire du bijoutier de luxe Harry Winston, à hauteur de 60 % pour RT et 40 % pour Aber.

Les mines sont entrées dans la phase de pleine production, dans le respect de l’environnement et avec des conditions de travail exemplaires pour le personnel.

La production de la mine principale Diavik est déjà mise en vente sur le marché anversois, où la firme Rio Tinto dispose de prestigieux bureaux de triage et de vente.

Au Zimbabwe (ancienne Rhodésie), Rio Tinto a investi 10 millions de dollars dans le projet d’exploitation Murowa, où l’on s’attend à une production de 200 000 tonnes de minerais diamantifères. Mais de nouveaux projets de prospections sont déjà en cours au Botswana, au Canada et en Inde, le berceau du diamant. Les premiers diamants nous sont en effet parvenus des Indes par la fameuse « route de la soie », depuis la région fabuleuse de Golconde d’où proviennent les diamants historiques qui ont couronné les rois et empereurs d’Extrême-Orient et d’Europe.

La firme Rio Tinto dévoue 17 % de son budget total de prospection à la recherche des diamants, ce qui montre leur confiance dans le secteur.

Sur le plan international, Rio Tinto représente 21 % de la production mondiale en caratage contre 40 % pour la De Beers et 8 % pour Alrosa (Russie). En valeur, la De Beers reste la plus productive avec 47 %, Alrosa 12 % et Rio Tinto 7 %. La valeur totale est encore fortement influencée par la grande production australienne, essentiellement représentée par les diamants near gems ou d’une qualité à la limite de la joaillerie et de l’industrie. Cette situation pourrait changer suite aux nouvelles prospections et exploitations au Canada et en Afrique où les diamants sont de qualité supérieure.

Les bourses du diamant

Les bourses sont le lieu d’élection où diamantaires, courtiers, fabricants se réunissent pour acheter ou vendre du diamant brut ou taillé. Il en existe dans les principaux centres diamantaires du monde, à Anvers, Londres, New York, Tel Aviv, Bombay, etc.

Il est remarquable de noter que sur les 29 bourses diamantaires réparties dans le monde, quatre sont situées à Anvers et que sur la centaine d’acheteurs privilégiés auprès de la De Beers à Londres, la plupart sont implantés en région anversoise. Ce fait, à lui seul, permettrait de justifier qu’Anvers soit considéré comme le centre mondial du commerce et de l’industrie diamantaire, tout particulièrement depuis qu’Amsterdam, il y a cinquante années, a perdu sa suprématie de premier centre mondial de l’industrie diamantaire. D’après les statistiques du Antwerp World Diamond Center (A.W.D.C.) anciennement Conseil supérieur du diamant (H.R.D.), l’importation et l’exportation de diamants et de pierres précieuses ont plus que triplé en Belgique au cours des dix dernières années, l’importation consistant pour les deux tiers en pierres brutes et l’exportation pour plus de 50 % en pierres taillées.

Bourse du brut Diamantkring
Bourse du brut Diamantkring
Bourse du diamant d’Anvers
Bourse du diamant d’Anvers

Mieux que tous les discours, les statistiques publiées par divers organismes et revues spécialisées permettent de détruire quelques idées toutes faites sur l’importance qu’on accorde à certains marchés diamantaires. On constate que seul Londres aligne des résultats supérieurs à ceux d’Anvers, mais est-il nécessaire de rappeler que Londres est le siège de la De Beers, qu’Amsterdam, encore auréolée de sa splendeur passée, n’occupe que l’avant-dernière place et que Paris, actif avant la guerre de 1914-1918, n’a malheureusement plus qu’une importance négligeable dans le commerce du diamant taillé, même si cette ville demeure encore, pour l’instant, un lieu privilégié pour la création de haute joaillerie. Le quartier diamantaire d’Anvers, proche de la gare centrale, entre Pelikaansstraat, mondialement connue comme la rue du diamant, Vestingstraat, Hovenierstraat, Rijfstraat et Schupstraat, toutes sous surveillance étroite de la police locale et de polices privées, est le siège de différentes organisations propres au diamant et plus particulièrement de la Bourse du diamant, du Diamant Club, de la Vrijediamanthandel et du Diamant Kring ainsi que la Fédération mondiale des bourses diamantaires.

Ces établissements sont plus ou moins spécialisés ; ainsi le Kring s’occupe surtout du brut et la Bourse principalement du taillé, le Diamant Club et la Vrijediamanthandel traitent du brut et du taillé. Les conditions requises pour devenir membre d’un de ces marchés sont extrêmement strictes.

Chaque établissement a son organisation propre au sein de la Fédération des bourses diamantaires belges, y compris sa commission d’arbitrage

qui arbitre en privé des différends survenant entre membres. Un fait grave peut entraîner l’exclusion d’un membre de l’établissement auquel il appartient, mais également peut l’exclure de toutes les bourses, donc de la profession dans le monde entier.

Diamantclub d'Anvers
Diamantclub d’Anvers
Bourse du diamant d'Anvers
Bourse du diamant d’Anvers

La défense et la protection des intérêts du commerce et de l’industrie diamantaires belges sont assurés par un organisme central : la fondation A.W.D.C., qui regroupe dans son conseil d’administration des bourses diamantaires d’Anvers, des syndicats, des négociants et des fabricants. Elle assume trois missions essentielles :

  • Par le Diamond Office, elle agit comme bureau d’importation et d’exportation en douane en effectuant toutes les formalités administratives nécessaires au commerce international du diamant, et cela en liaison étroite avec les autorités douanières et le ministère des affaires économiques,
  • Par le « Centre scientifique et technologique du diamant », elle étudie toutes les solutions et améliorations pouvant être apportées au travail du diamant et à son utilisation dans les techniques les plus avancées.
  • Par le Gem Defense Initiative qui fait de la recherche fondamentale pour défendre les intérêts du secteur diamantaire.

En outre, en qualité de représentant officiel de l’industrie et du commerce diamantaires belges, la fondation A.W.D.C. joue le rôle de relations publiques non seulement à l’intérieur du pays, mais surtout avec les autorités et milieux professionnels des autres nations et assure des campagnes de promotion hors des frontières belges.

Le Hoge Raad voor Diamant (H.R.D.) ou Conseil supérieur du diamant est une S.A. qui expertise les pierres qui lui sont confiées dans son département « Certificats », le H.R.D. Diamond Lab, sur la base des normes internationales. Les certificats qu’il délivre ont acquis une réputation internationale en raison de l’extrême rigueur avec laquelle ils sont établis.

L’institut de gemmologie, H.R.D. Education, que j’ai créé au début des années quatre-vingt, organise des cours de diamants et de gemmologie en collaboration avec l’université d’Anvers, ainsi que des colloques pour professionnels en plusieurs langues à Anvers et sur les quatre continents.

La Vrije Diamanthandel Bourse à Anvers dans les années 1950
La Vrije Diamanthandel Bourse à Anvers dans les années 1950

Le H.R.D. Precious Stones Lab qui émet des certificats d’authenticité pour les autres pierres précieuses.

Le H.R.D. Equipment offre aux diamantaires toute une gamme d’équipements et d’outils sortant principalement du centre de recherche W.T.O.C.D.

Anvers ne monopolise pas, cependant, les activités diamantaires de la Belgique ; Bruxelles est en effet le siège de la Sibeka, branche de la Société Générale de Belgique qui était une des plus importantes compagnies d’exploitation minière diamantifère dont les principales mines étaient au Congo Belge. Elle a des exploitations en cours en Australie, au Brésil dans l’état de Minas Gérais, au Venezuela, au Congo avec la mine de Miba, essentiellement productrice de diamants industriels, en Angola avec la firme Diamang qui produit 96 % de diamants de joaillerie. De plus, elle conduit des prospections dans toutes les régions diamantifères du globe. La Sibeka a des contacts avec la De Beers pour la vente de diamants bruts depuis des dizaines d’années et possédait sa propre usine de fabrication d’outils diamantés, la Diamant Boart, une des firmes les plus importantes dans ce domaine, vendue à Nilfisk. Parallèlement, sa présence dans le secteur du diamant synthétique avec le groupe Ul­ tra­High Pressure Units confirme son « mordant » dans toute l’activité diamantaire, y compris dans les nouveaux produits comme le nitrure de bore, les polycristallins, etc.

Calculatrice de poche de ADIRsoft. Elle permet le calcul du brut et du taillé et différents rapports
Calculatrice de poche de ADIRsoft. Elle permet le calcul du brut et du taillé et différents rapports

Conseils pour l’achat du brut hors D.T.C.

À l’inverse de l’achat du diamant taillé dont l’évaluation se fait dans un éventail de prix relativement limité, l’achat du brut est une opération aléatoire et pleine d’incertitude qui exige une longue formation, une grande expérience, beaucoup de pratique et un peu de théorie. Une solide connaissance des différentes étapes de la taille du diamant est, naturellement, nécessaire et il faut savoir, par exemple, si une pierre est sciable ou non, quels sont les pourcentages de perte résultant de la taille, etc., et tenir compte des facteurs propres aux pierres du lot, c’est-à-dire leur grandeur, forme, couleur et pureté.

Le cachet

Dans le cadre des transactions diamantaires, le courtier joue un rôle de premier plan.

C’est lui qui offre une pierre ou un lot à un client éventuel sur la base du prix proposé par le vendeur, prix qui tient compte d’une certaine souplesse dans la négociation. Si le client trouve le prix trop élevé, il peut offrir ce qui s’appelle un « cachet ouvert », ce qui signifie que le vendeur est libre de refuser la vente et de reprendre sa marchandise. Si, par contre, le client met le lot ou la pierre « sous cachet » c’est-à-dire les enferme dans une enveloppe sur laquelle il appose sa signature, ni le fournisseur, ni le courtier ne peuvent « briser le cachet ». Dans ce cas, si le fournisseur refuse la vente, il doit retourner le pli, par l’intermédiaire du courtier, au client qui, seul, a le pouvoir de briser le cachet.

Billet de commission
Billet de commission

En cas d’accord, la date de paiement ayant été préalablement fixée, la vente est conclue par le fameux mazel, terme yiddish signifiant que cette vente vous porte chance. Le mot mazel peut aussi être employé à l’occasion d’une offre pour une pierre ou un lot, sans qu’il soit nécessaire de mettre sous cachet. Le fait pour le client d’avoir dit mazel, l’oblige à prendre le lot ou la pierre, même si pendant le temps de la transaction, il s’est rendu compte que l’affaire était mauvaise ou la revente devenue impossible. Dans certains cas, une transaction peut durer un ou plusieurs jours, voire quelques semaines. Parfois aussi, les discussions n’aboutissent pas pour des questions de courtage. Au maximum, un courtier peut prendre 1 % de commission ou moins à l’occasion de ventes importantes. Il vend au prix net quand la commission est payée par le fournisseur. En aucun cas, un courtier ne peut prendre une commission à la fois chez le vendeur et chez l’acheteur. Sans l’autorisation des deux parties, il risque alors de sérieux ennuis pouvant aller jusqu’à l’exclusion de la profession.

LE DOCUMENT DE COMMISSION

Un courtier reçoit des marchandises en commission, confié ou en « mémo » ce qui veut dire qu’il emporte les marchandises afin de les montrer à des clients potentiels. À cette fin il signe un document qui comporte le nombres de pierres (parfois), le poids et le prix de demande. Il est obligé de redonner immédiatement la marchandise à la première demande du propriétaire. Certains courtiers sont indépendants et ont leurs propres assurances ; d’autres sont liés à un bureau qui couvre les risques de perte ou de vol. Le courtier doit jouir d’une réputation exemplaire car les diamantaires lui confient des valeurs souvent énormes.

Marché du diamant taillé

Trois facteurs principaux influencent le prix du diamant taillé : tout d’abord, la mode, surtout en bijouterie. À cet égard, on peut vérifier à quel point les tailles fantaisie en sont tributaires. Il suffit que soit lancée une nouvelle ligne pour qu’en quelques semaines les prix changent, aussi bien dans le brut que dans le taillé. Le second facteur dépend de la situation économique.

Durant certaines périodes difficiles, le public ne demande que des pierres de qualité inférieure en raison de leur moindre prix et on constate alors que la différence de prix entre les pierres pures et les pierres piquées devient anormalement petite. Le troisième facteur est lié à la création des certificats qui ont permis au diamant, jusqu’alors exclusivement destiné à la bijouterie, d’être considéré comme un investissement financier.

C’est ainsi que les pierres « gemmes », donc du haut de gamme, ont été très demandées au cours des dernières années, ce qui a entraîné une forte augmentation de leur prix. Il est probable que ce phénomène ne se ralentira pas dans l’avenir, sous réserve de spéculations possibles, comme il y en eut entre 1979 et 1981, et qui perturbent toujours le marché. Un des critères d’analyse de l’évolution des valeurs du diamant est l’Antwerp Diamond Index, indice qui se calcule à partir des prix en dollars et reflète l’évolution moyenne des prix sur le marché anversois depuis 1973 (voir p. 948).

Le Caroubier, un arbre qui donne des semences qui gardent leur poids même désséchées
Le Caroubier, un arbre qui donne des semences qui gardent leur poids même désséchées
Gousses de caroubier ayant servi d’unité de mesure pour les pierres précieuses dans l’antiquité
Gousses de caroubier ayant servi d’unité de mesure pour les pierres précieuses dans l’antiquité

Eléments d’évaluation : les 4C

Les critères qui permettent d’évaluer un diamant taillé reposent sur quatre de ses principales caractéristiques : son poids, sa couleur, sa pureté et le fini de la taille. On pourrait en ajouter un cinquième qui est sa « cote d’amour », élément tout à fait subjectif dont l’importance n’est pas négligeable.

Le Poids

L’unité de mesure employée pour peser le diamant brut ou taillé est le carat. En tant qu’unité de masse, le carat a été utilisé, il y a plusieurs siècles, en bijouterie et en orfèvrerie avant que son emploi se généralise pour peser le diamant. Selon certains, ce nom viendrait de la graine d’un arbre appelé « érythrina abyssinica » ou « corallodondron » que les autochtones appelaient « kuara ». La singularité de cet arbre est que ses graines, desséchées ou non, ont une masse particulièrement stable. Elles servaient, alors, de mesure pour la pesée de l’or et cette méthode, née en Afrique, est passée en Inde.

Selon d’autres sources, le nom de carat aurait une origine byzantine et viendrait de « claircions », unité de masse de la Grèce antique, d’où sont dérivés les mots de carat, karaat, carato, etc.

Jusqu’au XIXe siècle, le poids unitaire du carat a varié d’un pays à l’autre, ce qui créa nombre de confusions.

C’est à Paris, en 1870, qu’a été émis pour la première fois, par la Chambre nationale syndicale du diamant, de la perle fine et des pierres précieuses (le plus ancien organisme syndical professionnel mondial), le vœu d’adopter une norme commune fixant le poids du carat à 205 mg, mais la tentative n’eut pas de suite. Par décision du Congrès des Poids et Mesures, le carat fut rattaché au système métrique en 1906. La définition légale du carat est donnée par cet organisme international. Il est équivalent à 200 milligrammes ; 5 carats correspondent donc à 1 gramme. Le carat métrique a comme sous-multiple le centième de carat.

Cette norme fut adoptée deux ans plus tard par l’Espagne, suivie en 1909 par le Japon et la Suisse, puis en 1910 par l’Italie, la Hollande, la Norvège, le Danemark et la Bulgarie, en 1911 par le Portugal, la Roumanie et la Suède, en 1912 par la France, en 1913 par la Belgique et les États-Unis, en 1914 par l’Angleterre et l’Afrique du Sud, en 1922 par la Russie, le Mexique, l’Irlande et l’Autriche, en 1930 par la Pologne et la Tchécoslovaquie et en 1939 par le Maroc et l’Allemagne. Le carat ancien était divisé en « grains » (le grain étant le quart du carat) et subdivisé en 1/2, 1/8, 1⁄16 et 1⁄64. Bien qu’à Amsterdam, il ait été décidé de supprimer son usage et de remplacer le grain par le « point », équivalant à 1/100e de carat, le grain continue encore à être utilisé et on parle de diamants de 2, 3, 4 grains. Selon les normes employées par les laboratoires d’expertise délivrant des certificats, le poids des diamants est exprimé en carats jusqu’à trois décimales après la virgule. Si la 3e décimale est plus petite que 9, on arrondit vers le bas.

Voici, par exemple, quelle était la masse du carat dans différents pays avant qu’elle soit normalisée par la dernière standardisation de 1939 :

PaysPoids en mg
Alexandrie191,7
Amsterdam205,1
Anvers205,3
Arabie194,4
Austro-Hongrie206,1
Berlin205,5
Bologne188,5
Brésil192,2
Constantinople205,5
Espagne199,9
Indes196,9 et 205,5
Florence196,5
France205,0 et 205,5
Frankfort205,8
Hambourg205,8
Lisbonne205,8
Londres205,3 et 205,5
Madras205,5
Perse213,5
Russie205,1
Turin213,5
Venise207,0

POIDS EXOTIQUES – ANCIENS POIDS ET LEURS CORRESPONDANCES EN CARATS OU GRAMMES

Actuellement les pierres précieuses sont partout pesées en carats, il est pourtant intéressant de savoir que jadis les poids étaient exprimés de manière plus « exotique » ; les appellations ci-dessous sont encore sporadiquement utilisées dans certains pays.

Brésil

UnitéPoids en carats
1 Octavo17,5

Ceylan (Sri Lanka)

UnitéPoids en carats
1 Manchadi1,15
1 Kalanchu17,365
1 Chevvu, Chow ou Tank21,84

Chine

UnitéPoids en grammes
Le Kati Chinois604,788
Le Kati Malais640,400
Le Shu (Kiang-Sou)1,88
Le Shu (Shanghaï)1,50

Birmanie (Myanmar)

UnitéPoids en grammes
1 Pequenos0,127
1 Graude0,255
1 Baio anna1,020
1 Moo2,041
1 Rati0,91
1 Bali58,18
1 Tickal80
1 Viss880

Inde (Bombay-Mumbay)

UnitéPoids en grammes
1 Ruttée0,194
1 Vall0,289

Inde (Calcutta)

UnitéPoids en grammes
1 Ruttee (pour les perles)0,183
1 Tank ou Chow24 Ratis

Inde (Madras)

UnitéPoids en grammes
1 Carat0,2053 ou 2 073

Inde (Sindhy)

UnitéPoids en grammes
1 Ruttee1,036

Inde (Surat)

UnitéPoids en grammes
1 Ruttee0,184
1 Vall0,553
1 Pola17,702
10 Ruttee divisé par 111 carat

Iran

UnitéPoids en gramme
1 Abas de perles0,186 – 0,145
1 Muscal36,40
1 Dirhem2 muscals

Japon

UnitéPoids en gramme
1 Momme3,75 ou 1,750
1 Rin0,0375 ou 0,0175
1 Mo0,00375 ou 0,00175

Thaïlande

UnitéPoids en gramme
1 Klomm0,04
1 Klam0,08
1 Pai0,17
1 Fuang1,80
1 Salung3,
Évaluation du poids d’un diamant taillé en 8⁄8 ou en brillant suivant son diamètre.
Évaluation du poids d’un diamant taillé en 8⁄8 ou en brillant suivant son diamètre.
Evaluation du poids d'un diamant princesse en fonction de son diamètre
Evaluation du poids d’un diamant princesse en fonction de son diamètre

La Couleur

Lorsque les pierres possèdent un poids, une pureté et une finition identiques, l’examen de la couleur sera décisif pour l’estimation de la valeur de la pierre.

Différentes zones
Différentes zones
Évaluation de la couleur sous lumière « froide » avec pierres étalons à l’H.R.D.
Évaluation de la couleur sous lumière « froide » avec pierres étalons à l’H.R.D.

Definition subjective

Comme la couleur constitue un facteur important pour la définition de la valeur d’un diamant, le triage est une opération qui s’exécute en général à la main, sous une lumière de jour nordique ou sous un éclairage artificiel équivalent, de température de couleur D 65 (6500 K). Les plus petits diamants sont parfois triés automatiquement selon trois couleurs de base à l’aide d’un dispositif de triage de la couleur du diamant Gunson, à une vitesse de 20-30 diamants par seconde. Dans cet appareil, les couleurs sont comparées électroniquement par rapport à une couleur de fond déterminée : les diamants qui ne s’inscrivent pas dans la norme déterminée, sont écartés pneumatiquement.

Afin d’obtenir un triage des couleurs plus précis, on fera en général passer les diamants d’une couleur donnée à plusieurs reprises par l’appareil de triage des couleurs. En règle générale, la couleur du diamant varie du blanc « bleuté » au jaunâtre. Les autres couleurs sont appelées couleurs fantaisie (ou fancy co­ lours en anglais). On différentie le bleu, le vert, le jaune mais seulement quand il est jaune canari, et le brun quand il est intense. Les tons brun clair et champagne ont une moindre valeur et leur cote varie selon la demande. Le rose est très recherché. On le trouve habituellement de couleur pâle mais quand il est intense, sa valeur est égale, sinon supérieure, à celle du blanc D. Les diamants jaunâtres et bruns sont les moins cotés et, d’une manière générale, servent plutôt dans l’industrie où ils ont une valeur supérieure à celle qui serait offerte en bijouterie. Déterminer sans ambiguïté la couleur des diamants, en éliminant autant que possible la subjectivité d’une telle démarche, a toujours été nécessaire dans le commerce du diamant.

C’est ainsi que naquirent différentes normes variant selon les pays et utilisant soit des qualificatifs comme « wesselton », du nom d’une mine d’Afrique du Sud d’où étaient extraites des pierres d’une qualité supérieure à celles qui provenaient des mines voisines, soit des lettres, soit des chiffres ou bien encore des pourcentages comme en Extrême-Orient.

Différents colorimètres sont à la disposition du diamantaire pour l’évaluation rapide de la couleur, malgré que la comparaison avec la pierre étalon reste la plus fiable.

Le tableau ci-dessus résume ces normes et leur correspondance entre elles. Depuis l’accord de la Confédération internationale de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie (C.I.B.J.O), on constate que les normes du Gemmological Institute of America (G.I.A.), avec les normes I.D.C., tendent à se substituer à toutes les autres et à prendre ainsi un caractère international.

Dans la nomenclature du G.I.A., les lettres D, E, F, G et H désignent, en décroissant, les pierres les plus « blanches ». Au-dessous de H, l’échelle des normes s’adresse aux pierres dont la couleur va du blanc légèrement teinté aux couleurs virant au jaune brun. Ainsi, la classification I correspond à une teinte très légèrement blanc cassé à tendance jaune ou brune. On lui donne aussi le nom de « top crystal » ou « crystal ».

À des fins commerciales, le mot cristal, bien qu’il corresponde à la classification J-K, est davantage employé que celui de teinté car un client n’achète pas avec plaisir un diamant qualifié de jaunâtre.

À la limite, on peut observer qu’un diamant de couleur I ou J est aussi valable et peut avoir autant d’éclat qu’un diamant classé G ou H, tout en étant d’un prix plus accessible. Plus bas dans l’échelle, la classification K, L, M, N s’applique à des pierres franchement teintées dont la couleur est discernée sans difficulté même par un œil inexpérimenté. On les appelle aussi « cape » du nom du Cap de Bonne Espérance car les pierres qui provenaient de cette région d’Afrique du Sud avaient une coloration plus jaune que les diamants connus à cette époque et qui étaient principalement d’origine indienne ou brésilienne.

La classification la plus basse, celle qui correspond aux lettres O à X, désigne les pierres dont la couleur va du jaune au jaune foncé.

La détermination des couleurs est la même pour toutes les pierres, qu’il s’agisse de petits brillants, de 8⁄8 ou même de mêlées.

Différentes dénominations de couleurs ; celle d’Anvers n’est plus utilisée actuellement.
Différentes dénominations de couleurs ; celle d’Anvers n’est plus utilisée actuellement.
Echelle de couleur du GIA
Echelle de couleur du GIA
Modèle d’un certificat de pierres étalon : la pierre sera située à partir d’un E supérieur à gauche dans le casier. Toute pierre supérieure sera D. Dans les 5 dessins de bril­ lants, il est à conseiller de dessiner les petits défauts (VS ou SI) afin de reconnaître rapidement la pierre lors d’un mélange par inadvertance.
Modèle d’un certificat de pierres étalon : la pierre sera située à partir d’un E supérieur à gauche dans le casier. Toute pierre supérieure sera D. Dans les 5 dessins de bril­ lants, il est à conseiller de dessiner les petits défauts (VS ou SI) afin de reconnaître rapidement la pierre lors d’un mélange par inadvertance.

Un moyen fort simple pour avoir une première appréciation de la couleur d’un diamant consiste à le poser sur une feuille de bristol bien blanc, pliée au milieu, la colette de la pierre étant dirigée en haut car c’est dans cette partie que la couleur est la plus apparente. L’examen se fait en approchant la carte le plus près possible d’une source lumineuse de type lumière du jour, en éliminant toutes les autres influences lumineuses extérieures. Il peut aussi se faire à la lumière du jour, face au nord, par un temps dégagé ou pas trop couvert. Un procédé ancien consistait à embuer la pierre de son haleine car on avait constaté que les couleurs se décèlent plus facilement au fur et à mesure que la buée disparaît de la pierre.

Un des moyens les plus employés pour déterminer aisément et avec une certaine précision la couleur d’une pierre est le recours aux pierres de comparaison, étalons, souvent appelées master­stones. Ce sont des pierres présentées en coffret dont la couleur a été étalonnée par un laboratoire reconnu. L’utilisation en est fort simple : il suffit de placer la pierre dont on veut tester la couleur sur une carte de bristol blanc et de poser à côté d’elle une ou plusieurs pierres-étalons dont on estime que la couleur est la plus proche. L’examen se fait sous un éclairage adéquat.

Certains coffrets contiennent deux réglettes munies d’alvéoles. Dans la réglette supérieure sont mises les pierres-étalons et dans l’alvéole de la réglette inférieure la pierre à examiner. Il ne reste plus qu’à faire coïncider cette dernière avec la pierre servant d’étalon et ayant la couleur la plus rapprochée de la pierre en cours d’examen pour avoir une estimation de sa couleur.

Les pierres employées comme étalon doivent être au moins de 0,25 carat pour servir à l’examen des diamants de 0,50 à 1,50 carat. Pour les diamants plus importants, il faut utiliser des pierres étalonnées de 0,50 à 0,75 carat. Il ne faut pas perdre de vue que plus une pierre est grande et plus sa couleur paraît intense. Il serait insensé, par exemple, de tester des pierres de deux ou trois carats avec des étalons de 0,25 carat. De plus, les pierres de comparaison devront être choisies dans la catégorie correspondant aux six premières couleurs (lettres E à I de l’échelle de gradation G.I.A.) car c’est dans cette gamme que la valeur d’un diamant est la plus influencée par la couleur. La différence de teinte entre un D et un E étant de ± 56 % et entre un E et un F de ± 20 %, on comprend, dès lors, la valeur des pierres-étalon comme instrument de travail quand on sait que ces différences sont pratiquement imperceptibles sans leur aide.

Dans l’évaluation d’une couleur, il est important de bien préciser sa place sur l’échelle de classification car on peut avoir, par exemple, deux pierres de couleur F dont l’une est plus proche d’E et l’autre de G. On dit alors qu’il s’agit d’un F supérieur ou d’un F inférieur. La recherche d’une classification de plus en plus précise est la conséquence des hausses spectaculaires enregistrées au cours des toutes dernières années dans le commerce des brillants. En effet, une mauvaise classification peut entraîner une dévalorisation de 20 à 25 %, tout aussi bien qu’une forte revalorisation. La pureté des pierres de comparaison n’est pas absolument obligatoire et pourrait même, dans certains cas, être une gêne. En effet, au cours de leur emploi, elles peuvent se trouver mélangées, par inadvertance, avec la pierre à examiner et pour les reconnaître, en cas de doute, la présence d’une inclusion (mentionnée sur le certificat qui accompagne le jeu de pierres-étalon) permet de les identifier plus facilement.

Observation optimale de la couleur d'un diamant
Observation optimale de la couleur d’un diamant
Directions d’observation
Directions d’observation

Leurs inclusions peuvent varier entre VVS et VS mais surtout pas au-delà de SI car elles pourraient influencer la couleur. Il est logique de prohiber celles qui présentent des inclusions teintées. L’emploi de master­stones en CZ est intéressant lorsque l’on n’utilise le set que sporadiquement. Car sous l’influence de la lumière, après une longue utilisation, les pierres changent légèrement de teinte et ne sont donc plus fiables. Une période à l’ombre les rend à nouveau utilisables. Par ailleurs, elles ne doivent pas être fluorescentes, ou très peu. À la rigueur, on peut admettre celles qui le sont légèrement mais pas celles qui sont classées en fluorescence me­ dium ou strong. De plus, les pierres de comparaison doivent être bien taillées, avoir des proportions normales et un rondiste pas trop épais. Un certificat doit accompagner leur achat.

Il doit mentionner leurs mesures (largeur, épaisseur, poids) et donner un croquis de leurs inclusions. Il est toujours préférable qu’il provienne d’un laboratoire d’expertise ou d’un organisme sérieux comme le H.R.D., l’I.G.I. ou le G.I.A.

L’évaluation scientifique des couleurs s’est améliorée avec l’emploi des spectrophotomètres.

Le dernier paru sur le marché est un spectrophotomètre à éclairage optique par lumière intégrée, couplé à un ordinateur et basé sur la charte chromatographique internationale de 1931. Il est capable d’analyser plusieurs millions de couleurs et les résultats des premiers tests sont convaincants autant par leur exactitude que par la constance des données fournies. C’est une évolution technique très importante puisque l’appréciation de la couleur des diamants ne dépend plus de la seule observation humaine et de sa subjectivité.

Les progrès faits par la photonique, qui utilise la lumière aussi bien pour mesurer que pour enregistrer, transmettre ou transformer et dont l’étude se développe à travers le monde, révolutionne non seulement l’évaluation de la couleur du diamant, mais probablement aussi celle de sa pureté.

B. Définition subjective

Il est tout à fait clair que la graduation subjective de la couleur n’exclut pas certaines sources d’erreurs.

Une importante source d’erreurs de la méthode subjective se trouve dans le fait que la couleur d’un diamant taillé dépend de sa grandeur, car la distance parcourue dans le diamant, et par conséquent l’absorption de la lumière, augmente dans la mesure où les dimensions du diamant s’accroissent.

En principe, on connaît deux genres d’appareils permettant d’exécuter une gradation objective de la couleur :

  1. Les appareils tristimulateurs, qui mesurent l’intensité de la couleur rouge, verte et bleue que le diamant laisse passer ou qu’il reflète. Ci- tons comme exemple le photomètre pour diamants qui est utilisé pour graduer les diamants au teint jaune et les diamants de la série Cape.
  2. Les spectrophotomètres qui permettent de mesurer l’absorption en fonction de la longueur d’onde et grâce auxquels on obtient des résultats plus précis que par les appareils tristimulateurs.

Par l’utilisation des spectrophotomètres, les résultats obtenus sont plus reproductibles et, en plus, de meilleure qualité que ceux des observations subjectives. Malgré le caractère quantitatif prononcé de ces appareils, l’effet des dimensions du diamant taillé sur l’absorption demeure. Le but de l’expression quantitative de la graduation de la couleur est de définir objectivement et de manière indépendante l’un de l’autre, la couleur et le poids en carats, ce qui, bien évidemment, n’est pas une tâche aisée.

Pour fixer la couleur d’un diamant taillé dans le diagramme chromatique, on part du spectre de transmission, obtenu par un spectrophotomètre à deux voies lumineuses. Par l’intermédiaire d’un système informatique incorporé, les spectres sont analysés pour pouvoir calculer les coordonnées chromatiques traitées plus haut, le diamant pouvant ainsi être définitivement situé dans le diagramme de chromaticité. Pour la graduation de la couleur du diamant, un spectrophotomètre spécial à deux rayons avec sphère intégrale a été développé, que l’on connaît mieux sous le nom de Gemcolor-2.

Dans ce spectrophotomètre, le spectre de transmission est repris entre 360 et 700 nm, alors que le diamant à graduer est saisi dans un support au fond de la sphère à lumière intégrée. Afin d’exclure la métamérisme géométrique, on fera parcourir au diamant 900 révolutions par minute durant les mesures.

Comme il a été signalé plus haut, les dimensions du diamant ont une in- fluence importante sur la valeur de la couleur de la pierre. Sur le plan de la plus-value d’une pierre, il est parfois intéressant de retailler un diamant, la perte en poids étant alors moins importante que la plus-value réalisée à partir de la valeur de la couleur.

Système optique de Gemcolor­2 : spec­ trophotomètre avec sphère intégrée qui a été à la base du développement des colorimètres.
W : lampe halogène de wolfram, F : fil­ tre, IS : sphère intégrée, M: miroir, CM: miroir de chopper, L : lentille, S : fente, R : grille, FM: amplificateur.
Système optique de Gemcolor­2 : spec­ trophotomètre avec sphère intégrée qui a été à la base du développement des colorimètres.
W : lampe halogène de wolfram, F : fil­ tre, IS : sphère intégrée, M: miroir, CM: miroir de chopper, L : lentille, S : fente, R : grille, FM: amplificateur.

Il est inutile de préciser que, lors de la définition de la valeur de la couleur d’un diamant, l’examen de la couleur doit toujours se faire dans une même direction, afin qu’il soit possible de procéder à des comparaisons. La même condition s’impose lorsque l’on travaille avec un photospectromètre. Dans le cas d’une taille en brillant, les voies lumineuses sont environ égales pour un même sens de la lumière, comme l’indique le dessin de la page suivante, où l’équation suivante est de vigueur :

d = d1 + d2 + d3 = d’1 + d’2 + d’3

Pour un brillant idéal taillé de manière standard, il existe une proportion entre la voie lumineuse d et le diamètre D du rondiste :

Voies lumineuses à l’intérieur du diamant sous un même angle d’éclairage
Voies lumineuses à l’intérieur du diamant sous un même angle d’éclairage

Il existe également une proportion entre le poids en carats et le diamètre D du rondiste du brillant, comme indiqué par la figure ci-dessous. De ces considérations, il s’ensuit que d peut être dérivé approximativement du poids en carats du brillant. À partir de la valeur de d, on peut, par le biais du théorème de LambertBeer, calculer le coefficient d’absorption p du diamant.

Lien entre le poids en carat et le diamètre du rondiste d’un brillant
Lien entre le poids en carat et le diamètre du rondiste d’un brillant

Étant donné que les types de couleur jaunâtre du diamant sont définis par la concentration des atomes N du réseau du diamant, il va de soi que les normes de couleur D, E, F, G,… peuvent être mises en corrélation avec le coefficient d’absorption m.

Cette corrélation est d’autant plus valable lorsque N est défini à 570 nm, la longueur d’onde correspondant au diamant jaune.

Le rapport entre le coefficient d’absorption p et l’échelle de graduation de la couleur conventionnelle est donné par la figure page suivante.

L’échelle de graduation de la couleur conventionnelle a été transposée sur le diagramme de l’échelle chromatique. Ce dernier s’obtient en mesurant à 415,5 nm pour un grand nombre de diamants de référence d’un carat, ce qui permet de fixer les limites entre les différentes valeurs des couleurs. Lorsque les coordonnées chromatiques des diamants d’un carat sont connues, la norme des couleurs est dès lors définie de manière indiscutable. La position de la ligne D, E,… M, N dans le diagramme de l’échelle chromatique se définit, pour les diamants d’un carat, comme la ligne reliant le point blanc W et 570 nm sur le diagramme de chromaticité, ce qui est illustré ci-dessous.

Enfin, il faut encore extrapoler l’échelle pour les pierres d’un carat vers les pierres aux dimensions différentes.

Considérons deux diamants du même type de couleur, mais de dimensions différentes, on peut alors définir r1 et r2 dans le diagramme de l’échelle chromatique comme deux distances distinctes par rapport au point blanc W ayant les coordonnées sur l’échelle chromatique x = 0,3101 et y = 0,3161.

Entre la valeur de r1 et r2 et la transmission I, il existe un rapport quasi quantitatif, qui peut être exprimé ainsi :

r2 = I1

r1 = I2

Après application du théorème Lambert-Beer sur la relation, on obtient :

Comme d1 et d2 sont équivalents par rapport aux dimensions des diamants, la relation donne le rapport entre les positions de la couleur du diamant sur le diagramme sur l’échelle chromatique, le coefficient d’absorption et les dimensions du diamant.

La relation permet de calculer le facteur de calibrage r2/r1 par rapport à un diamant d’un carat pour les différents coefficients d’absorption. Comme norme, on utilisera des pierres d’un carat ayant un facteur de calibrage 1,0. La figure ci-dessus montre le rapport entre le facteur de calibrage r2/r1 par rapport à un diamant d’un carat et le coefficient d’absorption m pour différentes dimensions. La façon d’utiliser cette figure est illustrée par l’exemple suivant. Considérons une pierre de 8,0 carats, au coefficient d’absorption 5.10 – 1 nm – 1. Pour une pierre d’un carat, cette valeur correspond à la norme H. La figure p. 850 montre clairement que, pour une pierre de 8,0 carats, le facteur de calibrage est égal à 1,5. Cela signifie que, pour cette pierre, l’échelle de la graduation de la couleur doit être évaluée à l’échelle d’un carat étirée 1,5 fois.

Variation du facteur de calibrage en fonction du coefficient d’absorption et de l’échelle conventionnelle de graduation de couleur des différentes dimensions
Variation du facteur de calibrage en fonction du coefficient d’absorption et de l’échelle conventionnelle de graduation de couleur des différentes dimensions

Comme on peut le déduire de la figure ci-dessus, les différents facteurs de calibrage peuvent être déduits pour des pierres ayant un poids donné en carats mais dont les coefficients d’absorption sont différents. Si l’on n’appliquait pas ces considérations, l’observation subjective de cette pierre de 8 carats résulterait en une norme J, ce qui équivaut à une interprétation erronée.

Échelle de normalisation chromatique standard pour 1 carat (A) par rapport à l’échelle de normalisation tenant compte du facteur de calibrage 1,5
Échelle de normalisation chromatique standard pour 1 carat (A) par rapport à l’échelle de normalisation tenant compte du facteur de calibrage 1,5

L’échelle standard pour 1 carat est comparée ci-dessus à l’échelle étirée 1,5 fois.

Classification des couleurs fantaisie
Classification des couleurs fantaisie

Classification des couleurs fantaisie 2

Classification des couleurs fantaisie 2

Classification des couleurs fantaisie 3

Classification des couleurs fantaisie 3

LES DIAMANTS DE COULEUR

Les diamants de couleurs ont connu un regain d’intérêt les dernières années, les prix ont aussi connu une flambée. Pour cette raison, il est important de donner une graduation séparée aux diamants de couleurs.

Il existe deux systèmes bien séparés, celui du G.I.A. et celui de l’H.R.D.

LE G.I.A.

La graduation est la suivante :

  • Faint
  • Very Light
  • Light
  • Fancy Light
  • Fancy
  • Fancy Dark
  • Fancy Deep
  • Fancy Intense
  • Fancy Vivid

La graduation se fait vue par le haut sur la table, c’est la couleur moyenne qui est observée.

Un diamant avec beaucoup de vie n’est pas nécessairement supérieur car la vivacité n’influence pas la couleur.

Une couleur sombre n’est pas nécessairement une couleur intense.

Une couleur ne doit pas nécessairement être uniforme pour être meilleure. La couleur n’a rien à voir avec la qualité de la taille.

Collection arc en ciel de diamants de couleur
Collection arc en ciel de diamants de couleur

LE H.R.D.

La graduation est la suivante :

Faint (la couleur n’est pas visible du haut mais seulement visible par la culasse).

Light (perceptible par la couronne et visible par la culasse). La couleur telle quelle (bien visible du haut et du bas).

Intense (couleur saturée)

Dark (la couleur est très saturée et plus sombre)

Translucent (moins de transparence)

L’H.R.D. se base sur les normes du « Munsell Book of Color », (National Institute for Standards and Technology, N.I.S.T.) et de la C.I.E. (Commission Internationale d’Éclairage).

Classification en 3 groupes: tonalité jaune, brun/gris et autres couleurs.

Les préfixes de la tonalité sont basés sur les normes du National Bureau of Standards (NBS).

Graduation d’une couleur Jaune ­Orange selon G.I.A.
Graduation d’une couleur Jaune­ Orange selon G.I.A.
GIA colour reference chart
GIA colour reference chart

Graduation de la couleur fantaisie jaune au G.I.A.

Graduation de la couleur fantaisie jaune au G.I.A.
GIA colour reference chart
GIA colour reference chart
GIA Hue circle
GIA Hue circle

CHROMASCOPE

Graduation de la couleur fantaisie jaune au G.I.A.

Il s’agit d’un appareil qui vous prédit la couleur et la fluorescence d’un diamant brut. Il est devenu indispensable pour celui qui décide d’acheter des pierres brutes à la source ou sur le marché du taillé.

C’est un outil petit et facile à l’emploi à utiliser soit au bureau, soit dans la salle d’une bourse. Vu que la plus grande partie des diamants appartient à la série type Ia, l’appareil mesure la concentration d’azote. Ainsi les couleurs brunes du type II ne sont pas mesurables, ceci est aussi le cas de diamants fortement fluorescents.

Il mesure les pierres de D à K, ce qui couvre largement la gamme de couleur influençant la valeur des diamants. Après avoir allumé l’appareil, il est à conseiller de le calibrer sans diamant. Lorsque l’appareil est prêt, on place la pierre au milieu de la chambre de mesure. Afin d’avoir une bonne mesure, on dépose la plus grande surface sur la cellule d’analyse. Il est à conseiller de placer plus d’une face sur cette cellule. L’écran montre la couleur ainsi que sa position dans l’échelle de couleur ainsi que le degré de fluorescence. Il y a moyen d’observer la fluorescence à l’œil nu en ouvrant l’appareil bien qu’il est à déconseiller de garder la période d’observation trop longtemps, car les rayons UV peuvent nuire à l’œil. Pour une observation meilleure et plus rapide, il est conseillé de couvrir les rayons parasites avec les mains en formant une coquille.

Le ChromaScope donne aussi la fluorescence et les couleurs jaune fantaisie
Le ChromaScope donne aussi la fluorescence et les couleurs jaune fantaisie
Evaluation d'une couleur fantaisie au HRD
Evaluation d’une couleur fantaisie au HRD
Fancy Pink, diamant brut et taillé de la mine d'Argyle
Fancy Pink, diamant brut et taillé de la mine d’Argyle
Diamant intense Pink d'Argyle
Diamant intense Pink d’Argyle
Marquise Cognac de Rio Tinto
Marquise Cognac de Rio Tinto
Couleur Fancy Orange
Couleur Fancy Orange
Echelle de couleur des diamants champagne
Echelle de couleur des diamants champagne

OBTENIR DES DIAMANTS DE COULEUR ARTIFICIELLE

Comme nous l’avons vu, les diamants de couleur sont rares, une des raisons pour les colorer artificiellement est une réaction humaine ancestrale.

Actuellement nous avons 4 traitements employés :

  • Thermique
  • Irradiation
  • Irradiation et thermique
  • H.P.H.T.

Concernant les irradiations, Herman Brauner de l’I.G.I. explique que le diamant possède une propriété qui, en plus des autres qualités connues,

ajoute un élément de « noblesse » spécifique. Le diamant est un des 4 éléments dont le graphite, irradié, n’émet pas de radioactivité. Si on soumet par exemple une topaze, dans l’intention de modifier la couleur, à un « bombardement » d’électrons ou neutrons, la topaze deviendra dangereusement radioactive, alors que le diamant, testé avec un détecteur Geiger, ne montrera aucun signe de radioactivité.

Certains diamants noirs traités par irradiation, peuvent légèrement réagir radioactivement, mais ceci est dû à la présence dans les « glets » de résidus étrangers. Trempés dans des acides forts, ces résidus sont éliminés. Mais depuis un certain temps, il n’est plus procédé à l’irradiation pour obtenir la couleur noire, mais à la graphitisation, par laquelle apparaît une infime couche de graphite semi-conducteur provenant du même diamant, et obtenu thermiquement. Toutes les autres couleurs irradiées ne sont pas radioactives.

En revanche, toute radiation de quelque source que ce soit, laisse une trace qu’on peut déceler avec divers types de spectromètres, cette trace n’est absolument pas une indication de radioactivité.

Il se fait que l’on trouve beaucoup de diamants qui présentent une trace de radiation naturelle en Centrafrique, à Bangui, au Zimbabwe, au Venezuela, ou au Brésil, ou encore dans tout diamant de nuance verte. Cela peut présenter un problème d’identification en cas de couleur fantaisie. Les pierres blanches ou légèrement teintées ne peuvent théoriquement pas être le produit d’une irradiation artificielle. L’indication d’irradiation naturelle et artificielle est grosso modo la même, c’est pourquoi il faut, en cas de couleur fantaisie, avoir une bonne connaissance des tests sophistiqués et connaître l’origine des couleurs (pays d’extraction) pour distinguer les deux possibilités.

LES DIAMANTS VERTS

Les diamants les plus rares et les plus prestigieux sont les diamants rouges, en deuxième position se trouvent les diamants verts. Le plus connu des diamants verts est la pierre historique, le diamant vert de Dresde, de 40 carats catalogué couleur vert fantaisie, fancy green selon les normes du Gemological Assocition of America (G.I.A.). Cette pierre, en provenance des Indes, achetée en 1741 par l’Électeur de Saxe Frédéric-Auguste II, fut confisquée à la fin de la 2e guerre mondiale par les troupes soviétiques

et exposée au Kremlin jusqu’en 1958 où elle fut restituée à la République Démocratique Allemande. Actuellement on peut l’admirer dans la fameuse salle des Voûtes vertes à Dresde. Un gemmologue du G.I.A. le décrit pourtant comme « visually grayish » ce qui veut dire un effet grisâtre, la question qu’on pourrait se poser est de savoir s’il s’agit bien d’une couleur fantaisie selon les normes actuelles ?

Un autre diamant historique, Lal Qila (le fort rouge) était un diamant de 72,76 carats d’origine du Brésil acheté en 1949 par Harry colette, retaillé en taille brillant de 70,10 carats. La pierre, entre les mains du roi Farouk d’Égypte, disparut en 1952 pour réapparaître auprès d’un groupe financier. Lal Qila est donc actuellement le plus grand diamant vert au monde. La pierre a reçu l’attestation de couleur verte fancy colour du C.C.I.P. et est caractérisée comme natural fancy intense par l’I.G.I.

D’autres pierres moins importantes mais toutes aussi exceptionnelles furent vendues dans les salles de ventes spécialisées : Sotheby’s New York, le 21 octobre 1999, vend un diamant vert de 0,90 carat à 736 000 $ le carat ; en mai 2005 Sotheby’s Genève vend un diamant vert de 5,23 carats taille radiant à 248 979 $ le carat ; en mai 2001, Sotheby’s Genève vend un diamant vert taille coussin de 1,65 carat à 386189 $ le carat et Christie’s New York vend un diamant jaune-vert ancienne taille de 1,73 carat à 512 135 $ le carat.

La nature nous offre deux sortes de diamants verts, ceux qui ont une couche externe verte et ceux qui sont entièrement verts. Cette couleur exceptionnelle est souvent provoquée par un long voisinage (plusieurs millions d’années) de minerais radioactifs. Ce serait cette longue exposition à la radiation naturelle de rayons soit alpha, bêta ou gamma qui provoquerait une perturbation dans la maille élémentaire du cristal du diamant en profondeur. Les rayons gamma opéreraient à longue échéance une pénétration complète de la pierre, lui donnant cette couleur verte uniforme.

Certaines mines, entre autres d’Amérique du Sud, produisent une quantité importante de diamants verts, malheureusement ce n’est que la couche externe. Cette couche va malheureusement disparaître lors de la taille, laissant une pierre soit blanche soit, ce qui est moins agréable, une pierre jaunâtre. En imitant la nature, l’homme a recréé des diamants verts par irradiation rapide dans des centrales nucléaires. C’est à partir de diamants de couleurs moins agréables donc bon marché mais de bonne pureté que l’on peut obtenir des diamants de couleur verte.

Les diamants ainsi traités, bien qu’ils soient inoffensifs, car il n’y a plus aucune trace de la radiation, ont une valeur bien moindre. La valeur est dans ce cas plus ou moins celle d’une pierre jaunâtre. Il est donc important d’avoir un certificat d’authenticité d’un laboratoire de bonne réputation telle que celui du G.I.A., I.G.I., H.R.D., S.S.E.F. ou C.C.I.P. Car, pour détecter les manipulations, il faut avoir des appareils hautement sophistiqués, comme des spectrophotomètres infrarouges et Raman qui ne sont pas à la disposition de petits laboratoires.

Les diamants verts sont rares, selon les salles de vente seulement une bonne soixantaine de diamants verts naturels ont été vendus depuis les années cinquante et seulement une trentaine parmi eux étaient de couleur franchement verte. Au courant de cette même période près de 200 pierres bleues (le deuxième diamant le plus rare dans cette classification) furent vendues.

Les couleurs des diamants sont classées d’après des normes strictes prenant en compte la saturation, la tonalité, la teinte et la nuance. C’est la combinaison de ces différents critères qui va définir si la couleur peut recevoir le terme convoité de « couleur fantaisie » ou fancy colour, couleur qui sera encore subdivisée en faible ou intense.

La deuxième couleur est aussi un facteur important pour la détermination de la valeur, ainsi une couleur jaune-vert aura plus de valeur qu’une pierre vert-jaune. Mais dans les deux cas, les diamants verts sont des pierres rares pour amateurs avertis et surtout jouissant de « bonnes réserves financières ».

© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager