Introduction aux tailles fantaisies
Sommaire du chapitre : Introduction aux tailles fantaisies
- Introduction aux tailles fantaisies
- Taille en poire
- Taille en marquise ou navette
- Taille en baguette
- Taille en émeraude
- Taille en rose
- Taille en coeur
- La taille ovale
Taille en poire
La poire tient la seconde place après celle du brillant, tant au point de vue de la taille que du négoce. C’est une forme intermédiaire entre celle du brillant et celle de la marquise. Elle rappelle celle d’une goutte d’eau.
On commence sa taille par la couronne en facettant d’abord la table, ensuite, la première facette de la mise en croix sur le côté le plus épais de la pierre. On dispose après les deux autres facettes de part et d’autre de la première. Les deux dernières facettes, les plus longues, touchent la pointe de la pierre. Leur longueur peut beaucoup varier suivant la forme allongée ou non de la pierre, mais l’angle d’inclinaison de chaque facette doit être constant. Étant donné qu’on taille le rondiste pour augmenter les effets lumineux sortant de la pierre, l’angle des facettes de couronne n’est que de 36°, parfois un peu moins.
Pour la culasse, on taille en premier les deux facettes du côté le plus épais en les plaçant en dessous de celles de la couronne. Pour éviter une trop grande perte de réflexion au niveau de la colette, on ne taille plus sur la culasse que 8 facettes et c’est sur leurs arêtes qu’on dispose le nombre habituel de demi-haléfis à leur emplacement respectif. L’inclinaison des facettes est de 41°, mais, suivant la longueur de la pierre, elle peut être de 38, 39 ou 40°. La colette de la poire ne forme pas une pointe mais une arête rectiligne. Il faut ajouter que la pierre est, le plus souvent, taillée en croix, provisoirement, afin d’avoir un aperçu de la forme future avant de reprendre définitivement la taille en 8⁄8 et de poursuivre le brillantage.
Taille en marquise ou navette
La marquise, de forme allongée et elliptique, possède le même facettage que le brillant et sa taille en navette se justifie par la demande qui en est faite et par la forme de la pierre brute. Il serait impensable, en effet, de tailler en marquise une pierre brute ronde imposant une taille en brillant.
Identique à celle du brillant, la taille en marquise est, cependant, plus difficile. Elle requiert des ouvriers plus expérimentés, d’une part parce que la construction des facettes demande une grande expérience, d’autre part, parce que la pierre est plus fragile en raison de ses pointes aiguës. Elle ne permet pas l’emploi des pinces semi-automatiques du fait que chaque pierre a des proportions différentes. Dans un lot de brut pour marquise, on peut trouver des pierres plus allongées ou plus épaisses que d’autres. En dehors de leur différence de forme, la marquise et le brillant diffèrent dans leur éclat. Ceci provient de ce que l’angle de 41° des facettes de culasse de la marquise ne se trouve que dans la partie la plus large de la pierre et non pas dans toute sa longueur. Il en résulte que seul le centre de la pierre possède un bel éclat et non pas les extrémités qui ont des angles plus grands.
Pour la taille en croix, on commence d’abord par tailler la culasse afin de mieux apprécier les proportions et pour faciliter la localisation des défauts internes. En général, on taille en premier sur la largeur, puis ensuite les facettes sur la longueur. Il est très important de respecter les proportions des facettes. L’emploi du marqueur à rondiste pour tracer le rondiste s’avère très utile. La table doit être choisie suivant la pureté des pierres, bien qu’en général, les pierres fantaisie soient de bonne couleur. Elle sera toujours taillée un peu plus petite que prévu pour laisser la possibilité de faire des rectifications ultérieures.
Pour la taille des facettes, qu’on soit en présence d’un 4 pointes, d’un 2 pointes ou d’un 3 pointes, les directions de la taille, ou positions de la pince, seront les mêmes que pour la taille en brillant.
Taille en baguette
Comme son nom l’indique, la baguette est de forme allongée, ce qui impose de la tailler à partir d’une pierre brute ayant déjà cette forme. Il doit être de bonne couleur (au-dessus de la classification) et il ne doit pas contenir trop de piqués noirs.
On taille la baguette directement, sans passer par le débrutage. Il en résulte, après finition, des formes très différentes les unes des autres, certaines étant très minces et allongées, d’autres très compactes, presque carrées. Cette diversité ne permet pas, en bijouterie, de faire les estimations en carats, mais seulement en millimètres.
Les proportions des facettes de couronne et de culasse sont les mêmes que pour le brillant. Vue du dessus, la table, bien centrée, est rectangulaire et encadrée par une fine bande qui donne l’éclat à la pierre. La culasse forme un angle de 40 à 42° et ses facettes ne sont pas rectilignes comme dans le brillant, mais brisées en trois sections de longueur inégale. Les pierres ayant du corps, c’est-à-dire plus épaisses, ont des sections nettement plus brisées que celles des pierres plates et forment entre elles des angles plus aigus. Toutes les facettes doivent être parallèles et à angle droit. Le rondiste est taillé et la colette doit être fermée. Pour la taille des baguettes, on utilise des dops spécialement conçus à cette fin.
La taille en baguette est très influencée par la situation du marché, plus encore que toutes les autres tailles. Elle est parfois très demandée, parfois complètement oubliée.
Taille en émeraude
La taille émeraude est assez similaire à celle de la baguette mais elle s’applique à des pierres de plus grande valeur, soit plus grandes, soit de plus belle qualité. On l’adopte pour les diamants de plus de 3 grains et il est évident qu’avec une pierre de 4 ou 5 carats, on préférera faire une taille en émeraude plutôt qu’en baguette. Cette taille peut se comparer à celle du 8⁄8 ou du brillant. Elle se différencie de la taille en baguette en ce que la table est encadrée par trois facettes, au lieu de deux, et que les coins sont facettés et ne sont pas disposés à angle droit.
Taille en rose
Elle concerne les pierres plates pour lesquelles il n’est pas possible de tailler une culasse. Elles sont alors plus ou moins facettées suivant leur grandeur et leur qualité.
Certaines roses n’ont que deux ou trois facettes, ce qui est surtout vrai pour les petits éclats qu’on désire récupérer. Par contre, les diamants de plus de 20 pierres par carat jusqu’au carat sont facettés de
manière beaucoup plus complète. Dans les petits calibrages, les pierres utilisées pour la taille en rose ne sont pas, ou très rarement, débrutées.
En bijouterie, la rose appartient à la catégorie la plus basse en raison du moindre prix du brut et de la main-d’œuvre dont la qualification ne nécessite pas une spécialisation aussi grande que pour la taille en brillant. La marchandise la moins chère en bijouterie, constituée des éclats des pierres non taillées ou des déchets de clivage, est dite « senale ».
En général, elle est sertie dans les bijoux fantaisie en argent ou en vermeil. Les pays d’Afrique du Nord en sont très amateurs pour leur bijouterie artisanale. Les tailles en rose se trouvent souvent dans les bijoux anciens.
Taille en coeur
La taille en coeur se rapproche beaucoup de celle de la pendeloque, à cette différence près que la pierre brute doit être plus large. Les bezels seront aussi plus larges et la facette du milieu sera brisée en deux facettes par suite de la partie rentrante de la forme en cœur. Cette partie se taille avec des disques de sciage spéciaux. Leur tranchant est formé de deux bords inclinés formant entre eux un angle pouvant varier de 40 à 150° suivant la forme qu’on désire donner à l’entaille centrale.
La taille ovale
© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager