Le Brésil
Sommaire du chapitre : Le Brésil
Les premières découvertes diamantifères du nouveau continent remontent à 1725, dans la rivière de Ribeiro Manso. Des chercheurs d’or de Villa Do Principe trouvèrent, en marchant vers le nord, une région traversée par plusieurs petites rivières dans lesquelles ils cherchèrent de l’or, de là ils remontèrent à San Gonzales et Milhoverde, au pied des montagnes et des torrents, dans la région de Tejuco, qui reçut ensuite le nom de Diamantina. Lors de l’exploitation aurifère, ils étaient loin d’imaginer que les rivières étaient plutôt diamantifères. Ils ramassèrent quelques « cailloux » brillants qu’ils offrirent au gouverneur de Villa Do Principe. Celui-ci s’en servit comme des jetons pour les jeux de cartes. Deux ans plus tard, Bernardino Lobo rapporta les premiers diamants de la province du Minas Gérais, une des régions les plus riches du monde en pierres précieuses et pierres fines.
Bien qu’on l’ait cru, au début, que les diamants provenaient malgré tout des Indes, la quantité en était si importante, que l’on dut se rendre à l’évidence.
Après avoir envoyé les premiers diamants découverts par des chercheurs d’or à la Cour Royale de Lisbonne en 1729, le souverain déclara immédiatement, par arrêté royal, la région minière « possession royale ».
Par contre les régions du Matto Grosso furent libres d’exploitation à condition de payer une taxe de 31 F par « nègre » engagé. La production des 10 premières années dépassa les 144000 carats, ce qui représenta un trésor fabuleux en cette période où le seul producteur était jusque-là les Indes.
La quantité paraissait inépuisable à tel point que la valeur du diamant baissa sur le marché européen de manière alarmante. Le gouvernement portugais décida en 1735 de partager les concessions pour une somme annuelle de 862000,00 F afin de renflouer la caisse de l’état qui était à ce moment « à sec ». Un des propriétaires paya même une surtaxe astronomique, pour l’époque, de 11 millions et qui ne fut malgré tout qu’une petite partie de sa fortune comparée au profit de ses mines.
L’initiative du ministre Pombal en 1771 visant à nationaliser les mines se termina, suite à une organisation défectueuse, par une catastrophe financière pour l’état.
L’importance de cette nouvelle source nous est racontée en 1767 par le capitaine Louis Antoine de Bougainville (1729-1811 ; il découvrit la plante appelée d’après son nom la bougainvillée) ; il fut le premier Français à faire le tour du monde et à en écrire le récit.
Sous la houlette des mines générales on retrouve celles de Rio des morts, de Sabara et de Cerofrio. Cette dernière, outre l’or qu’on en retire, produit encore tous les diamants qui proviennent du Brésil. Ils se trouvent dans le fond d’une rivière, qu’on a soin de détourner, pour séparer ensuite, d’avec les cailloux qu’elle roule dans son lit, les diamants, les topazes, les chrysolithes et autres pierres de qualité inférieure. Toutes ces pierres, excepté les diamants, ne sont pas de contrebande ; elles appartiennent aux entrepreneurs, lesquels sont obligés de donner un compte exact des diamants trouvés et de les remettre entre les mains de l’intendant préposé par le roi à cet effet. Cet intendant les dépose aussitôt dans une cassette cerclée de fer et fermée avec trois serrures.
Il a une des clefs, le vice-roi une autre, et le provador de l’Hazienda Réale la troisième. Cette cassette est renfermée dans une seconde, où sont posés les cachets des trois personnes mentionnées ci-dessus, et qui contient les trois clefs de la première. Le vice-roi n’a pas le pouvoir de visiter ce qu’elle renferme. Il consigne seulement le tout à un troisième coffre-fort qu’il envoie à Lisbonne, après avoir apposé son cachet sur la serrure. L’ouverture s’en fait en la présence du roi, qui choisit les diamants qu’il veut et en paie le prix aux entrepreneurs sur la base d’un tarif réglé par leur traité. Les entrepreneurs paient à Sa Majesté très fidèle la valeur d’une piastre d’Espagne, par jour, pour chaque esclave employé à la recherche des diamants; le nombre de ces esclaves peut monter à huit cents. De toutes les contrebandes, celle des diamants est la plus sévèrement punie. Si le contrebandier est pauvre, il lui en coûte la vie, s’il a des biens capables de satisfaire à ce qu’exige la loi, outre la confiscation des diamants, il est condamné à payer deux fois leur valeur, à un an de prison et il est exilé pour la vie à la côte d’Afrique. Malgré cette sévérité, il s’est développé une grande contrebande de diamants, même des plus beaux, tant leur peu de volume permet de facilement les cacher.
Après l’indépendance du Brésil, on retourna au système des concessions du Minas Gérais. Les régions de Serrotrio et de Diamantina, principalement des gisements alluvionnaires, ont comme villes principales Tejuca (fondé en 1730) et Rebat. Diamantina comptait en 1890 plus de 42000 habitants, principalement des négociants diamantaires et des tailleurs de diamants.
Les diamants sont surtout présents dans des couches boueuses typiques appelées Cascalho, de couleur jaune à blanche ou grise, contenant des morceaux de quartz, d’oligiste, de tourmaline, etc. que l’on retrouve encore dans des lots originaux provenant de cette région. Les débris de quartz ont été roulés dans les rivières et sont arrondis, translucides et parfois partiellement mats, ce qui induisait souvent les mineurs et négociants en erreur, puisqu’ils pensaient avoir affaire à des cristaux de diamants. Les diamantaires les ont baptisés Jong Diamant ou jeune diamant, mais ils n’ont rien à voir avec du diamant et sont sans valeur. Le mode d’exploitation était similaire à celui des Indes. On creuse un trou superficiellement et on lave dans un autre avec des systèmes de canalisation. Pourtant on trouve aussi des excavations que l’on nomme Caldeiroes; ce sont d’anciens trous creusés par des tourbillons dans la rivière et les minéraux lourds sont restés au fond avec les diamants. Ainsi, selon un rapport de la Société Minéralogique de France du 12 février 1880, on découvrit un caldeiroe contenant plus de 8000 carats de diamants.
Entre 1850 et 1870, la production brésilienne se situait aux environs de 170000 carats. On découvrit en 1853 « l’Étoile du Sud » dans la mine de Bagagem dans la province du Minas Gérais — cette pierre de teinte rosée pesait 254 ct et fut taillée en ovale de 125 carats. Actuellement, on exploite les sites alluvionnaires de manière plus industrielle avec des excavatrices à godets, des laveries, d’immenses usines flottantes, entre autres celles de la firme belge Sibeka. Mais la production reste principalement artisanale, via les « galimpieros », ce qui rend difficile son évaluation, car une partie est exportée illégalement. Bien que la production soit alluvionnaire, on cherche activement d’éventuelles mines aux pipes kimberlitiques.
Les autres régions diamantifères sont Roraima et Bahia. La qualité des pierres gemmes est en général de 35 % pour les pierres de moins de 10 points et 65 % au-dessus. Couleur de F à I 5 % ; pureté purâtre 35 % ; I à K 50 % VS à SI 25 %, K à bruns 45 % ; piqué 40 %.
Les gisements diamantifères y furent découverts par hasard. Ne dit-on pas qu’un homme aurait reconnu des diamants dans les pierres cristallines dont se servaient des joueurs en guise de jetons au cours de leurs parties de cartes. Après examen à Amsterdam, il s’avéra qu’il s’agissait bien de diamants, de très belle qualité. La même année, cet homme fonda la colonie de Tejuco qui allait devenir plus tard Diamantina.
Il faut noter que la recherche et l’exploitation du diamant au Brésil sont libres. Les engins mécaniques, il n’y a pas si longtemps, étaient cependant interdits. Actuellement, il n’y a qu’une seule exploitation industrielle ; elle est située près du fleuve Jequitinhonha. Les principaux gisements sont ceux de Minas Gérais et du Mato Grosso.
Gisements de Minas Gérais
Dans cette région, ce sont les affluents gauches du fleuve Paranaiba qui sont riches en alluvions minéralisées.
Certains champs diamantifères sont très anciens, notamment celui d’Abaete. Celui de Coromandel est plus récent. C’est dans ses parages que fut trouvé le fameux diamant « Président Vargas » de 726,60 carats. Plus à l’est, se trouve Diamantina dont la renommée a largement dépassé les frontières. Cette région produisait environ 100000 carats par an, les diamants étant plutôt petits, en dessous d’un carat, mais de belle qualité et de couleur bleu-blanc, jaune, et parfois rouge.
Au sud de Diamantina et à proximité de Santa Barbara, se trouvent les gisements de Cocoes qui furent découverts par un esclave noir.
En quittant Diamantina et en se dirigeant vers le nord, on atteint la vallée où coule le Jequitinhonha. C’est dans cette région que fonctionne la seule exploitation industrielle.
Gisements de Mato Grosso
La forme des cristaux qui y sont extraits est irrégulière, principalement allongée. Leur couleur est rarement blanche, mais plus souvent jaune, verte, brune, rarement rouge et même rouge grenat. Les pierres sont assez petites. On extrait aussi des agrégats polycristallins de diamant appelés carbonado ; cette matière, d’après les tailleurs, serait plus dur que le diamant. On l’emploie uniquement dans l’industrie. Son aspect est mat et graisseux à la surface, tandis qu’à l’intérieur, on discerne des nuances brunâtres ou rougeâtres. La forme est irrégulière. Le poids moyen est de 30 à 40 carats.
Rio (ou rivière)
Le nom Rio est également attribué dans le commerce du diamant à ce genre de diamant brésilien qui est mis à jour par le « lavage » du lit de la rivière. Les pierres sont particulièrement claires mais petites. Suite à la taille et au polissage, elles prennent un reflet foncé. Le carbonado cristallin trouve son utilisation dans l’industrie. Grâce à sa dureté exceptionnelle, il est irremplaçable pour le forage en roches dures. Ce sont plus particulièrement les ballas carbonado brésiliennes qui sont prisées pour cette utilisation. Les canavieiras sont des diamants industriels brésiliens d’une très grande dureté, trouvés dans les mines situées près de la ville portuaire du même nom. Les mines principales sont Abaete, Chapada, Diamantina, Jequitinhonha, Minas Gérais et Tejunco.
© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager