La Russie
Sommaire du chapitre : La Russie
C’est dans l’Oural que furent découverts les premiers diamants, à proximité de Krestovoz et de Dvichensk, mais ces gîtes n’offrirent qu’une production minime. Vers les années cinquante, au nord de la ville de Perm, on mit à jour de nouveaux gisements alluvionnaires aux environs de la rivière Vichera.
En 1953, des indices sérieux indiquèrent dans le bassin de la Viliouj (en Sibérie) la présence de nombreux champs diamantifères d’où proviennent de beaux cristaux octaédriques de 40 à 100 carats.
Partout, l’exploitation pose de nombreux problèmes : la température en hiver oscille entre – 30 et – 60 degrés et les moyens de communication y sont très difficiles. En outre, le sol reste gelé d’une façon permanente jusqu’à près de 400 mètres de profondeur; tout au plus dégèle-t-il en surface pendant l’été. L’été, la région devenue marécageuse est infestée par les moustiques. La Russie est un grand producteur de diamant derrière le Botswana et le second producteur de diamant de joaillerie après l’Afrique du Sud.
Principales mines : Dalnaiya, Dvichensk, Dolgodojdannaya, Krestovoz Lenin, Gradskaya Mir, Molodejnaya, Nevidimka, Ossennaya, Polamaya, Sossednaya, Udatchnaya, Vichera, Viliouj, Yakoutie, Zamitsa.
La Russie produit annuellement plus de 39 millions de carats, ce qui en fait une des principales productrices de diamants au monde. Bien que la valeur de la production fût difficile à estimer, elle approchait, selon les sources, les 1,6 milliard de dollars. Malgré une production décroissante (7,56 millions de carats exportés en 1992 contre 4,67 millions de carats en 1993), le gouvernement a investi dans de nouvelles mines en Yakoutie.
En Russie, le diamant est sorti de son isolement. De plus en plus, les Russes pratiquent une politique d’ouverture et organisent des conférences où sont invités les représentants de la De Beers, des bourses diamantaires ainsi que les instances officielles russes.
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Les conférences sont suivies d’une visite guidée des centres de taille et des sites diamantifères. Il y a même une visite à la ville de Mirny, dans la province de Sakha, ce qui était impensable il y a dix ans. Les participants peuvent y visiter les bureaux de triage de la firme Al Mazi-Rossi-Sakha qui contrôle la production et la vente des diamants bruts de la région de Yakoutie. Ils peuvent également avoir des contacts ouverts avec Komdragmet, l’agence de contrôle des réserves d’or et de diamant. Cette initiative fait partie d’un programme de promotion, car la Russie a souvent été accusée, ces dernières années, de vendre des produits bruts en dehors du contrat-cadre avec la firme De Beers. Les autorités russes seraient pourtant favorables à la reprise des pourparlers avec la Central Selling Organisation, afin de renouveler le contrat pour 5 ans.
En 1994, les mines russes ont produit la valeur de 2 milliards de dollars. Environ la moitié de la production est remise à la firme De Beers, alors que selon l’accord conclu en 1990, une part bien plus importante aurait dû être livrée à la compagnie.
Au début des années 1980, un gisement kimberlitique a été découvert dans la région d’Arkhangelsk. De nouveaux gisements ont été découverts dans la presqu’île de Rybatchi, au bord de la mer de Barents et des prospections intensives ont lieu dans la région de Mourmansk.
La mine Lomonosov, découverte en 1980, contiendrait un quart des réserves de Yakoutie. Les diamants de bonne qualité se trouvent dans des pipes kimberlitiques à une profondeur de 20 à 30 mètres qui pourrait descendre à 400 mètres.
La firme Alrosa qui contrôle actuellement la production vend 60 à 65 % de la production à la De Beers.
Dans la mine de Udachninsky un diamant de 301,55 carats a été trouvé au courant de l’été de 2003, de couleur jaune mais pure, selon les géologues le diamant a fait partie d’une plus grande pierre que l’on espère trouver. La mine produit pour une valeur annuelle de plus de 780 millions par an.
Les tailleries à Moscou, Smolensk et Kiev reçoivent le brut directement d’Alrosa.
La mine Aikhal, appartenant à Alrosa, produit pour une valeur de 310 millions de dollars par an tandis que la mine de Mir produit pour une valeur de 274 millions par an.
La firme Alrosa a son bureau à Anvers et possède un département de marketing.
La Russie, un géant du secteur diamant & joaillerie
Dans les années 1700, on racontait que des « pierres de feu » furent trouvées en Sibérie. Déjà en 1736, M.W. Loimonsov, un scientifique de SaintPetersbourg, prétendait que du diamant existait en Siberie (en Mongolien on dit « le pays qui dort ») et qu’il serait trouvé en quantité si on le cherchait avec assiduité.
Le premier diamant répertorié en Russie fut trouvé en juillet 1829, près de Krestovozdvizhensk dans les montagnes de l’Oural.
Entre 1829 et 1939, on trouva seulement une centaine de pierres. Plus tard on trouva des gisements alluvionnaires dans la rivière Vishera (1939), Le bassin Tungusska (1948), la rivière Vilyuy (août 1949), la rivière Markhi (1950-1951 Bear Expédition), la rivière Malaya Botuobiya (1935) et les rivières Shugra et Northern Kolchin (dans les années soixante-dix). Mais les géologues recherchaient une pipe kimberlitique ou un gisement primaire.
Dans la même période, en 1937, Vladimir Sobolev, professeur à l’Institut des Mines de Leningrad, lors du 17e Congrès International de Géologie à Moscou et après une étude avec une équipe de géologues, avait prévu que des gisements primaires seraient trouvés sur le plateau sibérien, entre le lac Baikhal et l’Océan Articque, à environ 1 600 km de Moscou et près du cercle Articque. À l’âge de trente ans il procède à une prospection systématique du plateau volcanique et basaltique de la Sibérie centrale. En 1941 Sobolev fit un rapport complet à Gosplan, l’organisation responsable pour les 5 années prévues au développement du pays. La deuxième guerre mondiale arrêta les recherches.
En 1948, une expédition trouva quelques gisements alluvionnaires dans le bassin de la rivière Tunguska et Villyuy, et le projet Sobolev redémarra.
Un an plus tard, le géologue Gregory Finstein lava 6 diamants le 12 août 1949, dans la rivière Vilyuy, longue de 2500 km, mais le dragage à l’échelle commerciale ne commença qu’en 1957.
Pendant le projet complet de développement, chaque année voyait une nouvelle expédition arriver pour la recherche de diamants, devenue d’une importance stratégique pour l’industrie russe. Pendant l’expédition Amaka (Bear) en 1950-1951, on trouva des gisements alluvionnaires dans l’affluent Markhi de la rivière Vilyuy. Deux femmes géologues, Natalya Sardatskikh et Larisa Popugayeva, faisaient des recherches, quand elles affirmèrent avec une grande excitation que des grenats pyropes avaient été trouvés lors de leurs prélèvements de minerais, un des minerais liés aux gisements primaires de diamants (1953). Selon une anecdote, l’une d’elles suivit un renard dont le ventre était anormalement taché de couleur bleuâtre. L’ayant suivi jusqu’à sa tanière, on découvrit que celle-ci était creusée dans la kimberlite qui s’avéra diamantifère. Bien que la pipe s’étendait sur plus de 20 hectares, elle ne fut pas rentable, malgré tout Larisa découvrit le premier gisement kimberlitique en Yakoutie qu’elle nomma Zarnitsa (éclair de la foudre en russe).
Le temps des pionniers héroïques
C’est dans ces conditions inhumaines qu’ont démarré les prospections et l’exploitation, le mercure descendant en dessous de 50 °C, le sol gelant à plus de 350 mètres de profondeur.
C’est dans l’Oural que furent découverts les premiers diamants, à proximité de Krestovoz et de Dvichensk, mais ces gîtes n’ofrirent qu’une production minime. Vers les années cinquante, au nord de la ville de Perm, on mit à jour de nouveaux gisements alluvionnaires aux environs de la rivière Vichera.
En 1953, des indices sérieux indiquèrent dans le bassin de la Viliouj (en Sibérie) la présence de nombreux champs diamantifères d’où proviennent de beaux cristaux octaédriques de 40 à 100 carats.
Pourtant la Russie est devenue le troisième producteur de diamant, derrière l’Australie et le Botswana et le second producteur de diamant de joaillerie après le Botswana. Les principales mines étant Udachnaya, Aikhal, Mirny et Anabar. Dans le nord-ouest, près de la frontière de la Finlande, une autre mine kimberlitique prometteuse est celle de Arkhangelsk, où
plusieurs sociétés minières, telles que BHP, Ashton et De Beers, sont engagées dans l’exploitation.
La firme Alrosa contrôle 7 pipes kimberlitiques : Udachny, Zarnitsa, Sytykan, Jubilee, Mir, Aikhal et International et 3 sites alluvionnaires : les rivières Irelyakh, Vodorazdelnye et Yraas.
La Russie produit annuellement plus de 20 millions de carats, ce qui en fait une des principales productrices de diamants au monde. La valeur de la production approcherait 1,8 milliard de dollars en ce début de millénaire, le but étant d’atteindre 2 milliards de dollars vers 2010. La part du lion est entre les mains de la firme Alrosa avec plus de 95 % de la production de la Russie. Un vaste programme d’intensification de la prospection géologique et de l’exploitation est prévu pour augmenter leurs réserves. De la mine à ciel ouvert (en forme d’entonnoir géant) qui est la première phase, il faut passer à la deuxième phase, l’exploitation souterraine. Des investissements énormes sont prévus pour la diversification (gaz et pétrole) tandis que des eforts sont faits pour augmenter la rentabilité et la réduction des frais généraux, pour assurer l’efficacité commerciale d’Alrosa. Les 9 premiers mois de 2003, la firme connut un bénéfice net de plus de 24 % ce qui résulte en un profit net de près de 300 millions de dollars. Un investissement de 2 milliards de dollars est indispensable pour soutenir les infrastructures d’exploitation au courant des 5 prochaines années. Les réserves de la région diamantifère de Yakoutie permettront de continuer l’extraction pendant les 40 prochaines années, selon le Premier ministre Kassianov.
La firme Alrosa vend le diamant brut à des clients étrangers mais aussi aux tailleries locales. Une partie des ventes, d’environ 130 millions est du diamant taillé. Mais le géant est aussi actif en dehors de ses frontières. Au mois de février, une équipe d’Alrosa entama des pourparlers avec les autorités de Sierra Leone concernant l’exploitation de sites kimberlitiques situés dans l’est du pays en joint-venture avec l’état de Sierra Leone. La firme prévoit aussi d’autres expansions, entre autres vers le Proche-Orient.
Les accords historiques concernant des plans quinquennaux avec le groupe sud-africain De Beers vont-ils se terminer? La De Beers a encore signé en décembre 2001 un accord pour cinq ans avec Alrosa, concernant l’achat annuel de diamants bruts pour une valeur de 800 millions
de dollars. Cet accord a été mis en question par la Commission européenne dans le cadre des directives concernant la position de monopole.
Le gouvernement russe autorise actuellement les entreprises diamantaires indépendantes russes à exporter non seulement du diamant taillé, mais aussi 15 % de la production nationale de diamants bruts, grâce à un décret sur la libéralisation du commerce du diamant. Une condition est pourtant imposée; les firmes doivent d’abord proposer la marchandise sur le marché intérieur. Cette nouvelle législation met un terme au monopole qu’Alrosa détenait sur la vente des diamants bruts.
Dans le cadre de cette libéralisation, la firme Alrosa devrait même à terme faire son entrée en bourse. La firme a reçu le diplôme de « Meilleure entreprise de Russie » pour son usage efficace des ressources naturelles, du
« Meilleur exportateur » ainsi que la seconde place du prix du « High Social Efficiency » pour l’amélioration des conditions de travail et la diminution des accidents de travail, parmi les 800 firmes russes participantes.
La Russie participe depuis l’année passée au système de certification des diamants bruts, aussi bien à l’importation qu’à l’exportation, dans le cadre du processus de « Kimberley » concernant les diamants de provenance de régions de conflits.
La Russie est un pays producteur qui non seulement taille une partie de sa production mais qui s’est aussi lancé dans la fabrication de bijoux. Sa production de bijoux est exportée vers les grands centres de consommations soit directement soit en partenariat avec des bijoutiers locaux.
© Dureté 10 – Eddy Vleeschdrager